mercredi 28 janvier 2009

Nha Trang

Nha Trang est LA station balneaire du Vietnam. Ambiance plage, creme solaire et happy hour. Peu d'interet en soi, sauf que c'est un des rares endroits au Vietnam ou l'on peut plonger. Les centres abondent, et pour avoir discuter avec plusieurs francais, la competition ici est devenue une guerre fratricide sans merci qui en degoute beaucoup. Le guide (de 2008!) disait entre 40 et 70US$ les 2 plongees, avec tout l'equipement, 1 dive master pour 2, encas, dejeuner, entree du parc naturel, the et cafe, eau... Mais les prix ne cessent de baisser... 45USD est en fait le prix maxi que l'on trouve, 40 le prix standard, et 25 le prix casse assez frequent, pour plus ou moins la meme prestation a quelaues details prets. Certains grands centres font plonger a perte pour volontairement couler les plus petits. Resultat, tout le monde est perdant, les bons instructeurs s'en vont, alors qu'il pourrait y avoir du travail pour tout le monde, et que le touriste lamda est de toutes facons pret a mettre 40USD pour 2 plongees, qu'il paye en general 50 euros l'unite en Europe.
La visibilite, moyenne le premier jour (3 a 5m), passe a 8m le 2ieme jour. Rien d'extraordinaire niveau poissons (une belle murene tachetee quand meme) et crustaces mais de beaux coraux.
Incapable de resister aux langoustes et homards qui cuisent au barbecue sur le trottoir, je m'offre un petit festin (1kg de lobster!) avant d'aller rejoindre les types du club de plongee dans un bar tenu par un francais, tres nombreux ici (les bars comme les francais). Mojitos, billard, bref, ce sont les vacances au milieu des vacances. Je discute notamment avec un jeune quebecois qui est parti du vietnam en moto, pour ensuite faire le tour du Cambodge tout seul pendant 2 mois, a 15km/h heure de moyenne... Il me raconte l'epopee, nettement plus authentique que les "cafes francais' ou "ristorante italiano" de Nha Trang. Ca parait tentant!
Ce soir je prends un nouveau bus de nuit pour Hue, ancienne capitale et point milieu de la cote Vietnamienne qui s'etend du nord au sud sur plus de 1500km.
Dans le bus precedent, j'avais rencontre 3 jeunes australiens avec qui j'avais pu partager une chambre a Nha Trang : j'espere faire le meme type de rencontre ce soir, car c'est nettement plus interessant pour moi, surtout en periode de fetes.
Pour info, j'ai mis les photos en ligne, car j'ai reussi a trouver ici des chargeurs pour ma technologie...

lundi 26 janvier 2009

Mekong Delta - Saigon

Je fais donc ma promenade syndicale sur le Mekong. Malheureusement, c'est Tet, donc tout le monde est en conge, meme les maraichers! Du coup, je n'ai droit qu'a un mini marche flottant. La majorite des "boat operators" sont des femmes, et plus toutes jeunes... On s'enfonce dans les petits canaux formant le Delta, et ma bateliere s'arrete en meme temps pour faire ses courses de Tet : fleurs, legumes, fruits. J'en goute de toutes sortes : le Delta est repute pour ces fruits varies et sucres. Une fois sur la terre ferme, je continue mon voyage culinaire pendant cette matinee : je goute de petites galettes grillees, du tapioca en racine avec du sucre a la canelle, des mini brochettes de morceaux de legume entoures de feuilles, des especes de saucissons (de porc j'imagine) legerement sucre, avec un petit gout d'anis (???), et un genre de rouleaux de printemps vegetariens, mais la feuille de riz etant remplacee par une feuille verte. J'essaie le jus de sucre de canne directement presse devant moi, servi dans de la glace pilee. Et non, je ne tombe meme pas malade... Je rentre a l'hotel pour savoir quand est le prochain bus pour HCMC. "Vite, vite, si vous partez tout de suite, vous pouvez le prendre le prochain!" Je fais mes affaires en 4ieme vitesse (c'est comme ca que j'oublie mon chargeur de BlackBerry et celui de mon appareil photo, bien joue Nico), je saute sur une moto qui part avant meme qu'on ait fini de negocier, j'arrive a un guichet a la gare routiere, c'est le bordel comme il se doit, je paye (3 fois moins cher qu'a l'aller!), puis on m'enfourche pratiquement de force, sur une autre moto alors que je gueule que je veux au moins un ticket ou un recu, quelques centaines de metres plus loin la moto s'arrete devant un minibus qui s'apprete a quitter une station essence, et je monte dedans pratiquement dans le meme elan... Allez hop, a Saigon! C'est un van plus qu'un bus, climatise, et la majorite des passagers s'arretent a la moitie, donc je suis paisible. Il roule vite, donc j'arrive suffisament tot a Saigon pour aller voir le "Musee des Temoignages de guerre", anciennement appele "War Crimes Museum".


25/01
Le guide m'avait prevenu, le musee montre de facon plus qu'explicite les atrocites commises pendant la guerre d'Indochine puis celles du Vietnam. Il n'est pas tres grand mais tres bien fait je trouve. Tout d'abord une salle rappelant les evenements historiques depuis la fin de la 2ieme guerre mondiale, a travers photos, objets, citations, cartes, et graphiques sur les chiffres de la guerre (notamment les millions de tonnes de bombes deverses, avec les points d'impacts, qui occupent la moitie de la superficie!) Dans la cour, a l'exterieur, quelques chars, canons et autres equipements de l'armee americaine sont exhibes, notamment un Skyraider, un F-5 et le fameux helicoptere Huey. Dans la salle principale se trouvent les armes de l'infanterie, les types de bombes et autres armes chimiques, et leur consequence a court et long terme, en photo et en video. Le malaise est palpable, les regards des visiteurs sont sombres, on reste silencieux, on n'ose pas se regarder, car effectivement les images sont choquantes (blessures, brulures, et malformations des generations suivantes), notamment sur les consequences de l'agent orange, une des armes chimiques testees au Vietnam. La salle relate aussi tres crument les massacres perpetuees par les troupes US, et les infractions a la convention de Geneve (grenades a sous-munitions, balles dum-dum, armes chimiques). Beaucoup de photos, temoignages et documents sont de source americaine. Une autre partie de la salle presente les modeles de prison construites d'abord par les francais, ainsi que les tortures infligees aux opposants par le regime avant Ho Chi Minh. Bref, on en prend pour notre grade. La 3eme salle, un peu plus gaie si j'ose dire, presente un resume de toutes les manifestations anti-guerre, aux USA comme dans le reste du monde, a travers de coupure de presse de l'epoque. Enfin, la derniere salle contient une tres vaste collection de cliches de guerre, photographies par les 76 reporters de guerre morts pendant les 2 conflits. Les cliches sont saisissants, notamment ceux de Larry Burrows. Le musee ferme et je n'ai pas le temps de tout voir, mais je reviendrais demain, car les photos prises sur le vif m'interpellent - plus que les foetus de malformes.

26/01
Empaquetage d'affaire, check out de l'hotel (qui oublie d'ailleurs de me redonner mon passeport, j'y penserais en photographiant un des nombreux petits bureaux du Parti, presents dans tous les quartiers de Saigon), pho dans un petit restaurant de rue, ballade en ville, visite de la pagode de l'empereur de Jade enfumee par l'encens, et enfin retour au musee pour finir de regarder en details la collection de photos. Quasiment a l'entree de la salle, il y a ce grand cliche de l'appareil-photo d'un journaliste japonais, traverse par une balle. Et la liste des reporters decedes ayant contribue a cette collection. Apres le sentiment de rejet de la premiere visite, je trouve que ce musee est une reussite assez surprenante. Une exposition temporaire presente des peintures d'enfants sur le theme de la paix.
J'ai decide de partir le soir-meme pour Nha Trang, LA station balneaire du Vietnam. Ce n'est pas vraiment l'ambiance qui m'attire, mais le fait qu'il y a de belles plongees a faire dans le coin. J'ai en effet tres TRES envie d'une journee dans l'eau, car il regne ici une chaleur lourde et poisseuse.
J'ai droit a un bus de nuit, mais pas en sleeper, seulement en place assise (tous les autres bus sont pleins a cause de fetes du nouvel an). Une nouvelle nuit sur la route. Je viens de me rendre compte que j'ai change 14 fois d'hotel sur les 15 dernieres nuits! La mise en ligne des photos attendra Hanoi et l'achat d'un nouveau chargeur : je reserve ma batterie pour Nha Trang et Hue.

samedi 24 janvier 2009

Jour 48 : Saigon - Can Tho

22/01 : Apres une derniere dose d'hyper modernite a l'aeroport de Hong Kong (on peut faire le check in des bagages directement en ville a Kowloon Station, avant de prendre le train express pour l'aeroport : trop pratique!), j'entame mon periple au Vietnam par Ho Chi Minh City, aka Saigon. J'apprends en fait que j'arrive juste pour les preparatifs du Tet Festival, qui est a la fois le nouvel an, noel, paques, et les anniversaires de toute la famille! C'est la foire d'empoigne a l'aeroport, de nombreux hotels sont pleins, il y a des decorations partout, aux couleurs du drapeau national, jaune et rouge. On ne risque pas d'oublier que l'on est en pays communiste : l'etoile jaune est litteralement partout. Cela dit, la ville est tres moderne, le quartier ou se retrouve les touristes est hyper anime, avec des bars et restaurants aux neons flashy proposant un vaste choix d'alcool, des Australian Burgers et autres western specialities.
Il y a au Vietnam, 1 moto pour 8 habitants. La proportion doit grimper a 1 pour 3 dans les grandes villes... Et pas de discriminations dans les conducteurs, on trouve tous les ages. C'est assez edifiant de voir ces milliers de tetes casquees attendre au feu rouge. Il faut ABSOLUMENT que j'experimente la conduite ici... a 5 USD la location de moto a la journee, je ne vais pas me priver!
Je passe la premiere journee a flaner autour de Pham Ngu Lao, et a chercher une nouvelle chambre d'hotel (celle reservee depuis l'aeroport ne vaut pas les 17 USD que j'ai lache). Il y a quand meme beaucoup de toursites ici, et plus seulement les routards au long cours comme ceux rencontres en Inde ou au Nepal. Il y a tous les styles, les jeunes et blonds europeens du nord venus chercher un semblant d'aventure, mais surtout des plages et de l'alcool pas cher, de vieux obeses en quete de l'ame soeur asiatique (no comment), des couples en voyage de noce, etc. Il faut croire que je deviens difficile, car je suis un peu decu par cet etat de fait : je m'attendais a plus d'authenticite. Raison de plus pour s'eloigner de la ville...

23/01 :
Je loue une moto pour aller a Cu Chi, haut lieu de la guerre du Vietnam. Les Viets y ont construit un reseau de tunnels pendant la guerre contre les Francais, puis l'ont amenage, agrandi et ameliore pour contrer les troupes US, qui stationnaient tout proche sans jamais reussir a decouvrir les entrees ni a contrer les attaques surprises des Viets. Et toute la zone a fini sous un tapis de bombes lachees depuis les B-52. Je mets pratiquement 2h pour y arriver, car je me perds, car le compteur kilometrique ne marche pas, et surtout il y a une bourde sur le plan du Lonely Planet. Les tunnels montres au public sont surtout des repliques, mais donnent une bonne idee des conditions a l'interieur. De plus, ils ont ete agrandi pour que l'on puisse marcher accroupi, mais a l'epoque, il fallait ramper. Dans le noir. Autant dire que le Vietnamien n'est pas claustrophobe. Les cuisines possedaient des cheminees a plusieurs centaines de metres de leur emplacement, les prises etaient cachees entre les racines. Les Vietnamiens ont fait preuve d'une imagination sans limite dans la conception de pieges et d'armes de recuperation, en recuperant notamment les morceaux de metal des bombes pour en faire des pointes pour les machoires de leur piege.
Le site en lui meme donne l'impression qu'ils sont extremement fiers de leur armee, de leur resistance, et de la defaite infligee aux troupes americaines. On peut meme tirer a la Kalashnikov, au M-16 et autres joujous de guerre, entre 1 et 2 EUR la balle reelle! Etrange facon d'amuser les touristes...
Sur le retour, je tombe en panne d'essence. En fait j'avais regarde le niveau du reservoir avant de partir, il me paraissait bien plein. C'etait pas faux. Mais un reservoir de 4L rempli a moitie, ca ne fera jamais que 2L. Et meme si ces petits moteurs de 100cc ont un appetit d'oiseau, j'ai toujours eu une conduite plutot virile. Et disons que dans le traffic soutenu de Saigon, je prefere que le danger vienne de devant... Bref, me voila a sec dans la cambrousse. Un petit moment de sollitude plus tard, je trouve une epicerie qui fait station essence. En fait il y a tellement de motos partout, que la plupart des petites boutiques de bord de route ont quelques jerrycans d'avance, ainsi qu'une petite pompe a main muni d'un reservoir gradue. Le litre y est a 14000 dong, contre 11 a 12000 dans les stations (1 EUR = 21000 dong), mais je ne suis pas vraiment en situation de force pour negocier...
Retour a HCMC, je change d'hotel car le 1er etait trop cher, je me fais une seance coiffeur a 2,5 EUR et je reserve le bus pour le lendemain.

24/01
Bien sur, j'ai bien choisi le jour des grands departs en conge du Nouvel An pour prendre le bus pour Can Tho, dans le delta du Mekong. Il y a foule dans la station de bus, toutes les familles rentrent dans leur home town pour les festivites. Pendant les 5 heures de trajet, au cours duquel on double environ 17 milliards de motos - certaines chevauchees par une famille entiere, avec les affaires pour 4 jours et les cadeaux pour les cousins - je discute un peu avec un couple de jeunes allemands sur la route du Cambodge.On fait une pause dejeuner a mi-chemin : imaginez-vous une aire de repos sur l'autoroute du soleil la veille du 15 aout. C'est ca, en version Vietnam. Au detail pres qu'on ne paie pas un sandwich insipide 15 EUR... Malgre l'effervescence de veille de festivite, on sent tout de suite que Can Tho et ses 300 000 habitants est un peu plus authentique que HCMC. Je me ballade sur les bords du Mekong, au milieu d'interminables marches de fruits, legumes, fleurs, et decorations en tout genre. Je reserve un bateau pour le lendemain. Il y a peu de rabatteurs car personne ne travaille demain et pour 4 jours de fete nationale qui suivent. Le truc ballot, c'est que je vais rater les fameux marches flottants du Mekong. La seule chance d'en voir un etant de partir a 6h du matin, je vais encore avoir une courte nuit...

jeudi 22 janvier 2009

Hong Kong Express

J'ai exactement 24h pour visiter Hong Kong. Ca sent la course effrenee...
A l'arrivee a l'aeroport, après 3h de mauvais sommeil dans l'avion, je reserve un hotel a 100 EUR la nuit. J'aurais pu vivre 1 mois au Nepal avec ca, mais bon, j'ai envie d'un peu de confort cette fois (et je suis servi : terrace avec vue sur le port au 40eme etage, fitness center, bar lounge, chambre avec ecran geant, ...).
Je passe a un autre extreme après le Nepal : ici tout est propre, neuf, moderne, capitaliste, climatisé, aseptisé, ordonné, automatisé, digitalisé. Le train express entre l'aeroport et HK Central me semble un palace. Les gens font la queue bien en rang, se rangent a droite dans les escalators, dans les couloirs du metro il y a une ligne continue mediane pour canaliser les pietons, on ne traverse pas la rue si le petit bonhomme est rouge, même s'il n'y a personne. Autre chose qui me frappe en arrivant, les Hong Kongais (?) n'ont pas vraiment le sourire, chacun a l'air de marcher seul, en regardant le trottoir, bien propre sur lui pour aller au bureau. Symptome des grandes villes modernes, ou l'individu, pris dans sa routine metro-boulot-dodo, a oublie qu'il avait un voisin? Ca change en tout cas du Nepal ou de l'Inde ou tout le monde papote avec tout le monde, le sourire aux levres.

Je loge a Kowloon, quartier touristique bouillonant du cote Nord de la baie de Hong Kong. Je commence par me remettre un peu des derniers jours bien routard : bain moussant, decontraction devant l'ecran LCD (et le discours d'investiture d'Obama), petit dejeuner tardif mais copieux chez Mc Do - j'avais oublie ce cocktail si particulier de frites synthetiques, viande reconstitue insipide, salade croquante et translucide, pseudo tomate inodore, sauce chimique - et double expresso chez Starbuck. Après cette ballade dans Kowloon au milieu des neons Sony, des tailleurs et des bijoutiers, je vais jusqu'a Central en metro, en utilisant la fameuse carte Octopuss, avec laquelle on peut payer tous les transports et les petits achats (merci Marie, il restait 37 dollars ;-)), puis les quartiers autour, Wan Chai (a moins que ce soit Chai Wan, les 2 existent...), Admiralty, les "pier" pour prendre les differents ferries, Mid Levels. Il est facile de se situer dans la ville mais difficile de marcher : il faut bien reperer les entrees des passerelles pietonnes. Aeriens ou souterrains, ces passages enjambent les grandes rues, s'enfoncent dans les immeubles, se recoupent dans les galeries commerciales. Niveau architecture urbaine, je trouve que ca donne des choses assez interessantes. Et si HK n'est pas vraiment fun pour le tourisme, je pense qu'il ne doit pas y etre desagreable d'y vivre. Je monte vers Soho par une serie d'innombrables escalators, quartier des restos et bars. Je chope le "Peak Tramway" a mi-chemin, pas facile de se deplacer et de s'asseoir dans un wagon incline a 30 ou 40 degres... Je monte donc au "peak", ou m'attend une vue panomarique de HK. Malheureusement, il fait un peu brumeux, mais on distingue tout de même que la cote est une succession ininterrompue d'immeubles qui doivent tous faire dans les 50 etages...
Je rentre a l'hotel, je passe chez DHL pour alleger mon paquetage, puis je resors de nuit. La "Sky Line" de Hong Kong by night justifie grandement cet arret eclair. De plus, il y a une espece de "son et lumieres" avec les eclairages des immeubles, neon, laser, spots, flash... Il y a eu du watt! Le diner avec pates aux noix de St Jacques, verre de bon vin, glace chocolat + banane / chantilly, me fait presque oublier que je suis lessive. Et demain, retour aux dures lois du routard a Ho Chi Minh City...

mercredi 21 janvier 2009

Kathmandou - suite et fin

Decidement, ce voyage au Nepal m'aura reconcilié avec les anglais - qui l'eut cru? En effet, on va se boire une derniere biere dans Thamel avec Alby, dans le même bar ou j'avais discute avec la tibetaine. Un autre live band joue des classiques du rock des 80s. Et dans le groupe a cote de nous, il y a une anglaise qui est sur le chemin du tibet, on taille donc le bout de gras avec elle jusqu'a la fermeture. Bon, elle est vraiment tres anglaise si j'ose direon, mais comme elle paie une autre tournee, je lui pardonne cette tare genetique.

Pour ce tout dernier jour au Nepal (20 janvier), nous avions prevu de louer 2 velos pour aller jusqu'a Bakthapur, a une 10aine de km de KTM. Mais le prix de 2 velos pour la journee correspond a celui d'une moto, alors pourquoi se priver? Je renfile casque et gants pour conduire la semi-epave qui nous sert de monture. Frein avant inexistant, passage de toutes les vitesses vers le bas : il y a un petit temps d'adaptation. Mais 1 mois de conduite indienne m'a aguerri... Donc a grands coups de klaxon, de depassements off road hasardeux, et de trajectoires parisiennes, on y est en quelques minutes.
Bakthapur a son "Durbar Square", en plus grand et plus authentique que celui de Patan ou KTM. La ville en elle-meme semble etre restee quelques 200 ans en arriere. Comme d'habitude, des enfants viennent nous demander des roupies et des bonbons, on prend des photos, etc. Un petit garcon d'une dizaine d'année a l'air moins quemandeur que les autres, mais nous pose de nombreuses questions, et fait le guide en nous precisant qu'il ne veut pas d'argent. Son regard petille d'intelligence donc on le laisse faire. Il reste avec nous pour le circuit standard, puis nous amene vers le quartier des potiers, nous montre le porche du Paon, sans pour autant etre insistant. Bref, on devient pote. Quand vient le moment de partir, je lui propose de lui donner tout de même quelques roupies pour partager avec sa famille. Il reflechit un moment, et me dit qu'il y a peut etre un autre moyen de l'aider, car il pense l'argent donné directement par les touristes n'est pas une bonne chose. Il m'emmene donc dans un magasin de livre et sort un dictionnaire Nepali-anglais flambant neuf. Le reste de sa famille ne parle pas anglais, et lui aimerait s'ameliorer... Du coup, après qqs tergiversations et negociations, je lui achete le dico pour 4,50 euros... Il a l'air plus que rejoui, me dit que ca a ete une excellente journee, il est tout excite de rentrer chez lui.
On renfourche la moto pour se rendre a Bodnath, le plus grand stupa du Nepal, autour duquel tournent des centaines de tibetains et de touristes. Puis retour a l'hotel, je fais mes affaires fissa, je dis au revoir a Alby sur fond de reconciliation franco-anglaise (mais je le reverrais peut etre en Thailande, il bossera dans un club de plongee a Koh Tao en fevrier) et direction l'aeroport.
A l'instar de la ville, l'aeroport de Kathmandou est tout pourri, on peut y fumer partout, et la securite est aleatoire : je passe une premiere fois mon sac de cabine avec briquet, couteau suisse, allumettes, bouteille d'eau d'1 litre, puis je retourne au comptoir car je dois enregistrer mon casque, et je repasse donc une 2eme fois sans aucun contrôle. Les 3 vols avant nous ont plus de 2h de retard, mais le notre est en avance...

lundi 19 janvier 2009

Petite randonnee au pied de l'Himalaya

(je viens de poster 3 articles d'un seul coup, donc descendez un peu dans les archives pour le debut du periple nepalais)
Un peu vaseux, j'arrive a l'agence de trecking. Mon guide est un jeune, vif, et plutot reserve, ca me va bien, car on sera tous les 2 pendant 3 jours.
Apres s'etre eloignes de KTM en taxi puis en bus, nous entamons la premiere journee de marche, une douzaine de km. Les paysages sont surtout les rizieres en terrace, la piste serpente le long de la montagne en pente douce. Nous papotons un peu politique : la situation semble s'etre stabilisee depuis quelques mois, il a l'airs serein. Le plus embetant sont les coupures d'electricite a repetition. Certains jours, il n'y a que 2h d'electricite, alors que nous sommes en hiver...
En arrivant a Nagarkot, on distingue enfin la chaine de l'Himalaya au nord est. Le coucher de soleil est un peu brumeux, mais c'est deja splendide. On me donne 2 grosses couettes, car l'isolation de la chambre est inexistante, et la temperature tombe en dessous de 0 la nuit!
Debout 6h30. Effectivement le lever de soleil est magique, le sommet des montagnes se teinte petit a petit en rose puis en orange. La pointe de l'Everest est bien visible mais elle reste ombree. On devrait se rapprocher pendant la journee. Petit dejeuner energetique : porridge, pancake a la banane, massala chai (the aux epices) et c'est parti.
Cette fois nous avons tout le long du chemin le veritable mur himalayien sur notre droite. C'est magnifique. Cultures en terrace, forets, montagnes enneigees au loin, je ne pensais pas avoir droit a un tel spectacle si pret de Kathmandou. Notre randonnee est sans commune mesure avec les trecks de plusieurs semaines a 6000m...
Nous faisons 30km dans la journee. Nous parlons moins, mais j'ai quand meme droit au refrain sur le cricket, aussi populaire qu'en Inde. Du coup, il m'apprend les regles, que je pense avoir assimile maintenant (c'est dire si nous marchons longtemps...}
Notre point de chute est un petit village se trouve au nord de la reserve de Shivapuri. Le panorama est extraordinaire, et ma chambre a la vue la plus imprenable. L'Everest, au nord est, est beaucoup plus proche, plus reel, plus imposant. Et au nord ouest, c'est la chaine des Annapurnas...
Le soir, je dine (tot, car je suis quand meme bien fourbu) avec 2 hongrois qui reviennent du Tibet, ou ils ont surtout eu froid, l'eau gelant dans la chambre. Dans la salle a manger, il y a egalement un groupe de d'hommes nepalais, qui sont venus la pour se saouler tranquillement, loin de l'agitation de KTM. On a donc droit a de nombreux chants nepalais (qu'on imagine chansons paillardes, vu les rires sonores des convives). Sur l'avis eclaire d'une quebecoise aguerrie par l'hiver rude, je dors avec mon bonnet (oui, 80% de la chaleur du corps humain s'evacue par la tete, et il fait plutot frais dans l'Himalaya). Et aussi mes gants et mon pantalon. Mais la vision au reveil vaut bien une petite nuit dans le froid : je vous laisse juge...

La derniere journee se fait vers le sud, pour traverser le parc naturel de Shivapuri et redescendre ainsi sur KTM, 14km dans un environnement plutot jungle. L'interet de cette derniere marche se trouve surtout dans les villages traverses. J'ai envie de prendre les beaux nepalais en photo mais je suis plutot pudique lorsqu'il s'agit de personnes. Nous rentrons vers 14h a KTM, je suis ravi de cette petite ballade car je ne m'attendais pas a voir l'Himalaya de si pres.
Tout cela fait regretter le fait de partir demain pour Hong Kong... Il faudra revenir pour un treck plus long, a la belle saison.
Bon, j'ai rendez vous avec Alby pour une derniere biere, a plus tard!

Jour 40 : Kathmandou

Je loue un velo pour parcourir Kathmandou, qui parait tout petit compare aux cites tentaculaires indiennes. Tout d'abord le temple - ou stuppa - de Swayabunath, a l'ouest, appele aussi monkey temple. Cylindres et drapeaux a priere multicolores, fleurs et encens, statues de Budha... et une magnifique vue sur Katmandu.
Direction le Sud, vers Patan, qui etait auparavant une ville a part entiere, mais l'urbanisation l'a maintenant collee a KTM. Le site a voir est le Durbar Square, ensemble de stuppas au milieu de la vieille ville - voir mes photos Facebook.
Je finis par le Durbar Square de Katmandou, je me ballade dans Thamel, le quartier touristique ou s'enchainent magasin de materiel de trecking, restaurants et agences de voyages de toutes sortes. Je reserve finalement un treck de 3 jours pour le lendemain.
Le soir, nous nous retrouvons, francais, americains et anglais, pour une Friday Night Party, qui commence par une Jam session a l'hotel... Direction ensuite Thamel, ou l'on trouve un petit bar sympa dans lequel on trouve une 3eme guitare et des percussions, donc le boeuf ne se fait pas attendre!
Sur la photo : Nico-FR, Alby-GB, Ryan-US, Gary-US, et Ewan-GB.
Plusieurs bieres locales (appelees Everest, pourquoi faire complique...) et un shooter d'un alcool inconnu (offert par la maison) plus tard, on se rentre legerement emeche a l'hotel. En s'arretant devant un mini stand de bouffe, un des ricains veut absolument gouter une monstrueuse brochette de... moineaux? Le gars nous vend ca come du poulet, mais vu la taille, on se dit que c'est peut etre de la souris. Il rechauffe ca dans une huile absolument ignoble, mais bon, avec ce qu'a bu Gary ce soir, ca ne devrait pas faire beaucoup de difference! Bon, il est 2h du matin, j'ai un treck de 3 jours a 8h, et je n'ai rien prepare...

Varanasi - Kathmandu

Je n'avais pas encore experimente le bus, voila qui est chose faite. C'est un "tourist bus", donc il n'y a que des ocidentaux, et quelques japonais. Les 10h de trajet chaotique passent relativement vite. En general, les touristes qui choisissent la route pour aller au Nepal sont ceux qui ont le temps, il s'agitdonc surtout de voyageurs au long court comme moi. L'arrive a Sunali, de nuit, est assez irrelle. Aucune idee de l'environnement autour de la route, qui est borde de petites echoppes, de camions, et du bordel indien habituel. On debarque les sacs, on marche une centaine de metres : une pancarte peinte a la main indique "Indian Immigration Office". Un bureau miteux, eclaire par une seule et unique ampoule, des douaniers en civil je-m'en-foutistes et desagreables, une armoire defoncee avec les formulaires officiels : bienvenu au poste frontiere de Sunali! Une fois le tampon de sortie du territoire indien sur le passeport, on continue a marcher sur la route, on traverse la frontiere elle-meme, qui n'est qu'une simple barriere levee. Des gardes somnolents observent passivement le va-et-viens incessant sans rien controler.
Cote nepalais, on retrouve le meme bureau delabre, avec un accueil un peu plus souriant. 25$ et une photo plus tard, le visa est sur mon passeport...
La nuit d'hotel ayant ete reserve avec le ticket de bus, on nous oriente alors vers la Nepal Guest House. Ils ont reussi a caser 6 lits dans 15m2, la peinture s'ecaile de partout, il fait humide et froid, les draps ont des trous de brulure (mais semblent propres, a la faible lueur de l'ampoule poussiereuse), pas de chasse d'eau dans les toilettes a la turque, et personne n'osera utiliser le placard a balais servant, parait-il, de salle de bain. Romantique a souhait. Il semble que le lit se negocie normalement a 30 roupies (0.5 EUR) la nuit.
Mais la solidarite dans la galere va rechauffer l'atmosphere. J'ai en effet en collocataire un jeune suedois, 2 americains Ryan et Gary, chacun avec leur guitare (et qui se sont empresses d'acheter du hash 50m apres la frontiere...), et enfin Alby, un anglais la trentaine bien tassee, voyageur au long court a l'humour assez excellent (je vous reparlerais de lui). Bref, la bonne ambiance aidant, on s'endort tard dans la nuit, avec le sourire...
Debout 6h15 le lendemain. Le bus qui nous attend est plus "local" que le precedent. Touristes occidentaux et asiatiques, nepalais, indiens, tibetains (dont quelques moines) s'entassent dans le bus, certains dans le couloir central, d'autres sur toit avec les sacs.
Durant ce trajet de 8h jusqu'a Kathmandou, je discute donc un peu plus avec Alby : instructeur de plongee, il en est a son 5eme grand voyage, dont 3 en camion, de l'Alaska a la pointe sud du Chili, de Londres a Cape Town, et la de Londres a Lhassa, Tibet. Il a du renvoyer son camion a Bombay pour expiration de permis, et finit donc avec les moyens locaux. Allez voir son site : www.reelearth.co.uk. Un autre couple d'anglais a egalement prevu de se rendre au Tibet. On echange donc photos, projets, et conseils.
L'arrive a Kathmandou, ville emblematique de la generation hippie, se fait sans encombre, on decide avec Alby de partager la meme chambre, dans l'hotel Hilton. Non, rien a voir avec le vrai, ici les chambres double sont a 400 roupies (4 euros). Mais c'est tres propre, eau chaude abondante, draps, couvertures supplementaires, serviettes, on s'y croirait presque.
Parti seul a la quete de devis pour les locations de velos, les trecks, l'escalade, etc, je finis par aller diner au Shisha, attire par le son du groupe de rock qui y joue. J'ai alors une discussion tres interessante avec une jeune Tibetaine. Elle vient de passer 2 mois a Kathmandou pour tenter d'obtenir un visa pour l'Angleterre. Elle a depense plus de 3000 euros en differents intermediaires et autres demarches, pour que son passeport arrive sur le bon bureau, mais elle vient d'essuyer son 3eme refus. Elle repartira le lendemain... Au dela de son visage avenant, qui semble respirer la joie de vivre, je suis frappe par son regard plein de revolte, et la determination teintee de desespoir de sa voix. Les blogs tibetains parlant de la situation sont systematiquement supprimes, les sites internet filtres. Si vous insistez, les autorites chinoises viendront frapper a votre porte pour un petit sejour a l'hotel. Mises en prison injustifiees, souvent violentes, censure, impossibilite pour les Tibetains d'obtenir des visas... Bref, la situation, dont j'avais entendu parler sans forcement m'y interesser plus que ca, m'apparait concretement et prend un visage humain. Les revendications de nos petites manifestations a la francaise me paraissent bien anodines...

jeudi 15 janvier 2009

Mes instants indiens

L'Inde est le pays ou les sentiments les plus extremes se succedent le plus rapidement. La repulsion peut etre suivie par l'emerveillement au coin d'une rue. La fascination augmente au fur et a mesure que l'on se sent a l'aise dans le pays et que l'on passe outre les rabatteurs agressifs, la pollution, le bruit, la salete, la pauvrete. Il y a eu quelques moments difficiles, de doute tout d'abord, puis de tristesse a certains moments, mais je retiendrais surtout les moments de bonheur unique. Il y en a eu des solitaires, et d'autres en societe, avec des voyageurs ou des locaux, tous differents. J'aurais aime finalement avoir 2 mois de plus pour faire le nord, et le Gujarat, et le Punjab, et aussi aller a Calcutta, etc...

Ces instants indiens me resteront longtemps en memoire :

- ressentir un pur instant de liberte au guidon d'une moto. En repartant de Jalsaimer, poser ses roues dans le desert du Thar au milieu des dunes, des chameaux et des saris... Connaitre le plaisir d'etre sur la route.

- se perdre dans les ruines du fort de Bundi, y admirer la ville au detour d'une salle de garde, et fourrer son nez dans les lieux intimes du royaume des singes, en se replongeant dans les souvenirs du "livre de la jungle", ecrit ici même.

- capter la magie du Taj Mahal au lever du soleil et laisser la splendeur du lieu cculter le tourisme de masse.

- prendre tous les gamins du voisinage en photo, posant sur les balcons ou autour de la moto, après s'etre volontairement perdu dans la vieille ville de Chittor.

- descendre de Mount Abu en Bullet par un matin frais et ensoleillé, en enroulant tranquillement au son petaradant du monocylindre... Et aller chercher les limites de la garde au sol...

- passer Noel en invité special de la plus chaleureuse des guest house a Jodhpur, faire le sapin avec les jeunes indiens curieux et desireux d'echanger en anglais, et refaire avec eux les dernieres choregraphies de Bollywood

- mettre des petites bougies sur le Gange sacré en hommage aux etres chers disparus recemment, a Varanasi, ville emblematique a partir de laquelle les ames hindous peuvent enfin monter au nirvana en arretant le cycle des reincarnations.

- ecouter "the extasy of Gold" de Morricone depuis la colline surplombant la plaine de Pushkar, eclairee par le coucher du soleil.

- s'endormir dans le train en ecoutant Air et en voyant defiler le paysage de plaines brumeuses de l'Uttar Pradesh eclairees par la pleine lune

- s'arreter prendre le cap au milieu de nulle part, voir se reunir en quelques secondes une 20 aine d'ecoliers tout sourire, ceder a leur demande de les prendre en photo et les voir poser fierement, puis regretter de ne pas avoir plus de temps... et donc s'imaginer le prochain voyage en Inde!

- etre heureux d'avoir laisser la place au hasard et a l'improvisation, de s'etre senti au bon endroit au bon moment pour vivre certaines choses... et se dire a la fin du periple que finalement rien n'arrive par hasard...

mardi 13 janvier 2009

Varanasi

Bon, aujourd'hui, mission cerf-volant. Je trouve un vrai magasin de cerfs-volants, j'en achete 4, avec une bobine de fil et du scotch de reparation et hop, direction la "plage" en face les ghats. Bien sur, des mon arrivee, j'ai un comite de soutien important, peut-etre une douzaine de jeunes hommes entre 10 et 20ans, qui se relaiye pour me montrer le coup de poignet. Et cette fois, c'est un succes! Il n'y a pas beaucoup de vent, mais finalement ca m'aide a comprendre le maniement de l'engin. En fait il n'y a qu'un fil donc on peut se dire que c'est simple, mais il faut une grande dexterite, pour a la fois tirer au moment ou le losange pointe son nez vers le haut, et lacher du fil pour le faire monter... J'aimerais rester demain pour le festival, qui est en fait un "kite fight" dans toute la ville, car je me sens pret, mais le temps du depart pour le Nepal est arrive. Lors de la derniere ballade sur les ghats, je passe devant les colonnes de mendiants, difficile de soutenir les regards. Les rabatteurs sont infatigables et j'en arrive presque a perdre mon sourire devant ceux, qui apres le traditionnel "what's your name? Which country?, refusent de me lacher la main pour commencer un massage a 10 roupies... Sans compter les bateliers, les vendeurs de hash, de soie, de tampons au henne, etc... Il faut avoir les nerfs solides et une grande patience. Malgre tout cela, cette ville a un charme particulier et hypnotisant : je ne regrette pas cette etape.

lundi 12 janvier 2009

D-37 : Varanasi

Effectivement, le fait de conduire la moto m'avait jusqu'ici prive de l'experience du voyage en train a l'indienne. 18 heures de voyage prevues pour 800km et 300 roupies. Nous avons opte pour la classe sleeper, c'est a dire couchette. La classe "de base" est bondee, car les places ne sont pas numerotees (au contraire de la notre), c'est donc la cohue complete et ils s'installent comme ils peuvent... En sleeper, chacun a sa planche (rehaussee d'une mousse de 2cm d'epaisseur), mais pendant la journee, celle du milieu est rabattue pour pouvoir permettre a plus de monde de s'assoir.Du coup, c'est aussi un peu le bordel jusau'a 22h , mais c'est vivable. Le train est bien sale et delabre, mais apres 1 mois et demi en Inde, on se dit que ca pourrait etre pire. Depart prevu a 13h30, reel a 14h, pas si pire. Vitesse moyenne 40km/h. On tue le temps en jouant aux cartes (je voyage toujours avec Fanny et Manon rencontrees a Bundi), cartes que mon voisin desire par ailleurs acheter. Etant un "groupe" mixte, les indiens sont moins enclins a nous aborder, en comparaison des moments ou j'etais seul, ou bien quand elles etaient 2 filles seules. Mais le temps que j'aille fumer un clope a la porte du train (restee ouverte pour pouvoir plus facilement descendre et monter en marche), et l'abordage indien reprend.
On s'arrete dans de nombreuses gares, aux voies infestees de rats, quelquefois seulement qqs secondes, des fois 1 heure. Enveloppe dans une couverture achetee plus tot dans Paraganjh et berce par les secousses du train, je finis par m'endormir dans une ambiance irreelle, aux sons meles des gares, des vendeurs de chai, de cris, et de mon I-Pod, la musique de Air tentant de couvrir le tout...
On arrive vers varanasi vers 8h du matin, donc pas si en retard que ca. Apres qqs essais infructueux, on se decide pour la Santhaka Guest House, dans la vieille ville. Les ruelles sont si etroites que les rickshaws ne s'y aventurent pas. Et nous sommes tout proches... des ghats de cremation! Moi qui redoutait un peu de voir les buchers mortuaires, on est en plein dans le quartier. A peine sortis de l'hotel, om croise une procession qui emmene un corps, somptueusement voile et pare, vers les buchers, aux sonx des chants et des percussions.
Les cremations durent 24h sur 24, il ya d'enormes stocks de bois partout dans le quartier, qui arrivent par bateau, par charette, a dos de vaches ou d'hommes. Les corps arrivent aussi sans arret, plus d'une centaine par jour. ils sont immerges3 fois dans le fleuve sacre avant d'etre brules. Il y a une agitation perpetuelle, la vision des buchers est assez hypnotisante, surtout quand on commence a distinguer une forme humaine dans les flammes, mais malgre cela je n'arrive pas a trouver cela morbide. Le malaise aue je craignais ne vient pas, au contraire, on dirait un lieu de vie plutot que de mort. Des indiens filtrent les abords du Gange, esperant ainsi recuperer bijoux et metaux precieux non brules, dans les cendres rejetees dans le fleuve apres la cremation.
Apres ces instants assez fortsm on se promene sur les ghats, je trempe les pieds dans le Gange au milieu des familles qui se lavent ou font leur lessive. Certains endroits sont assez "propre", le terme etant a prendre a l'indienne...
L'autre spectacle que je trouve fascinant ici est la perpetuelle danse des cerfs-volants dans le ciel, surtout en fin d'apres midi. Par centaines, par milliers, les jeunes ou moins jeunes font voler de tres simples losanges de papier leger renforces par de fines tiges en bois. J'en achete un pour 5 roupies dans un petit shop (voir les photos sur facebook), et l'on prend un bateau pour traverser le fleuve et aller sur la plage, en face des ghats. Bizarrement, Varanasi ne s'etend qu'a l'ouest du gange, a l'est il n'y a pratiquement rien. Mes essais de cerf volant sont une catastrophe, un groupe de jeunes vient m'aider mais finalement on detruit le truc en mois de deux. je suis un peu decu mais j'y reviendrais!
Aujourd'hui, nous avons ete jusqu'a Sarnath, ou le Buddah fit son premier sermon. Les ruines des stuppas sont assez ininteressantes, mais il se trouve que demain, le Dalai Lama en personne vient precher! Des milliers de tibetains, essentiellement des moines, ont donc investi la vile. On hesite pour y retourner mais personnellement, je ne cours pas apres les bains de foule, donc mon programme sera plutot la preparation du voyage au Nepal, qui ne va durer qu'une semaine car j'ai un peu traine dans cette "incredible India".

dimanche 11 janvier 2009

Varanasi

Avant hier:
Je passe la derniere soiree a Delhi chez les amis (4 jeunes en colloc) qui hebergent Fanny et Manon, rencontrees plus tot dans le voyage, et on finit tous dans un lieu super branchouille qui sert des cocktails 3 fois plus chers que ma nuit d'hotel habituelle, avec de la musique forte qui fait tremoussee la jeunesse doree de Delhi. Bref, pas vraiment ce que je suis venu chercher, mais un petit changement de cadre, avec du beau linge et du fun version VIP, ne fait pas de mal.

Hier:
Encore merci a Pascal et Virginie qui m'ont heberger presque 1 semaine complete a Delhi, c'est a dire plus que prevu... C'est avec emotion que je rends ma Bullet, fidele compagne pendant 3568km de route a travers l'Inde du Nord ouest. Elle a ete bien pratique a Delhi et m'a evite des heures de negociation avec les chauffeurs de rickshaw. Mais maintenant, a moi l'experience des 18h de train pour aller a Varanasi...

Oops, l'internet cafe ferme, a+ les amis!!! Varanasi sera pour demain...

jeudi 8 janvier 2009

Jour 34 : Bollywood Day


Ghajini est le dernier Blockbuster de Bollywood.
Je vous invite a aller voir la galerie de photos du lien ci-dessous, ca donne le ton...
GHAJINI
Donc le principe du thriller bollywoodien, c'est que les mechants sont vraiments ultra mechants, le heros bon, intelligent, muscle, sensible, drole, attentionne, l'heroine belle, genereuse, vertueuse tout en etant un poil sexy mais pas trop (en l'occurence, l'heroine est a la fois actrice, modele et en charge d'un orphelinat ou un truc comme ca), il faut une histoire d'amour ultra romantique mais tragique entre les 2, de la danse, des chants, de la baston, le tout avec une ambiance sonore tonitruante, et tous les effets possibles de realisation : noir et blanc, ralenti, accelere, flash back, voix off, flou, vision imaginaire, toutes les possibilites de cadrage dans tous les sens, enchaine sans aucune coherence et avec des raccords bien foireux. Le budget a du etre quand meme assez consequent, avec des scenes tournees au Cap, en Namibie, a Dubai... alors que d'autres sont ultra cheap!
Ca dure 3h. Si la premiere heure et demi etait assez divertissante tellement on est ebahi par cette debauche de couleurs, de sons, de cliche perpetuel (dans le style mauvaise pub pour le shampoing) et de jeu d'acteurs surjoué, la 2ieme partie - apres l'entracte - etait un peu de trop... Et il semble que le budget du film a diminue au fur et a mesure. Bon, je comptais vous narrer le scenario, mais je m'apercois que j'aurais un peu de mal, tant le scenario est a la fois tres pauvre (le gentil veut venger la mort de son amoureuse en tuant le mechant) et tres riche, car ca fait des tours et des detours avant d'arriver a la conclusion completement previsible.

"Sanjay Singhania (Aamir Khan) is a rich tycoon suffering from short term memory loss due to being hit by a metal pole when trying to intervene on his girlfriend's murder. Because of the severe injury on his head, his memory can only last for fifteen minutes and he doesn't remember events or incidents that have happened before in his life. He can now only live a comprehendible life by tattooing notes on himself and taking pictures of things with a Polaroid camera to remind himself of the incidents that have happened. His story in unraveled by a police officer (Riyaz Khan) who is hunting him due to several murders he has committed while trying to find his girlfriend's murderer through his diary. His story has also piqued the interest of a medical college student, Chitra (Jiah Khan) who is searching for a patient with an "interesting" record for her college project. Chitra comes to know about Sanjay's love with Kalpana (Asin Thottumkal) a model cum activist. When her activist work for children comes in the way of child racketeers, she is killed by Ghajini when she intervened with his plan of kidnapping 25 young girls to Goa. So, with the help of Chitra, Sanjay sets out on a revenge spree, searching for the murderer of the one love of his life..."

Je suis sur que vous etes trop impatient! En tout cas, on a presque tout compris le scenario sans comprendre un seul mot : ben oui, c'etait tout en hindi...

mardi 6 janvier 2009

Delhi

Rien de bien excitant a Delhi comparé a la traversée du Rajasthan. Je refais le plein de bons petits repas a l'occidentale et de papotage intensif avec Virginie et Pascal et c'est appreciable.
En journee, je me ballade dans Delhi a moto pour aller voir les differents quartiers : achats de bouquins francais d'occasion a Paraganjh (dans le Main Bazaar, le quartier des backpackers, ultrabusy mais sans vraiment de charme), farniente dans le tres propre Lodi Garden, shoping dans le Sarojini Market (vetements, chaussures, etc, ignoré des touristes en général mais connu des expats car on trouve de tres bonnes copies), énervement dans Chanakyapuri (le quartier des ambassades ou j'essaie de me faire faire un visa vietnamien), déjeuner et renseignement sur les seances de ciné a Connaught Place. Pour vivre l'experience indienne jusqu'au bout, il faut que je me fasse un film de Bollywood!
Je commence a m'approprier la ville et a maitriser sa geometrie : plus besoin de sortir carte et boussole a chaque coin de rue. Et je commence a conduire comme un vrai habitant de Delhi, c'est a dire agressif comme a la parisienne mais avec le klaxon en plus! Je pense partir pour Varanasi le 9 ou le 8 au soir, faire 2 jours la bas, puis enchainer sur le Nepal. Le sejour y sera court car mon vol de depart de Katmandou est en fait le 20 janvier. Mais il risque aussi d'y faire vraiment froid, donc pas de regret...
J'ai enregistré le son du moteur de la Bullet, mais ca ne passe pas tres bien sur la video...
http://in.youtube.com/watch?v=XrbGlgaquC4&feature=channel_page

lundi 5 janvier 2009

3 janvier
Bon, cette idée de safari était un flop, je n'ai pas vu la queue d'une rayure. Le parc fait environ 60km sur 30, mais les tigres ne vont que tres rarement au dela de leur territoire, qui ne fait que qqs centaines de metres de cote. Connaissant ces territoires, le parc est divise en 5 zones, attribuees a l'entree a chaque vehicule (maxi 3 jeeps et 3 canters par zone, soit 30 vehicules dans tout le parc). Mais connaître les emplacements ne suffit pas pour les voir, de plus vegetation et relief ne facilitent pas l'observation! Une chose est sure, les tigres ont de quoi bouffer. Ca pullule litteralement de daims, de biches et de cerfs... Et franchement, après 1 mois sans viande, je trouve les cuissots galbés de ces sveltes cervidés tres tres appetissants...
Pas de tigre le matin, pas de tigre l'après midi, fair enough, je decide de rentrer le lendemain sur Delhi. Le boy de l'hotel a finalement lave ma moto, le bougre. Je lache 50 roupies a contre coeur. En plus il est plutot collant, a venir me voir dans la chambre, me demander de jouer au cricket, de prendre des photos de lui, et d'avoir mon numero de telephone. Je lui en donne un mauvais, mais il veut l'essayer immediatement et du coup appelle un pauvre gars en France... Je lui dis que c'est un pb de reseau (on parle un anglais surtout par geste), et il est catastrophé car en qqs secondes, il a vidé son forfait. Je relache 50 roupies...

04 janvier
8h du matin. Brouillard epais. Il doit faire 5 deg maxi. Pas de petit dej possible avant 9h donc je trace. En 10min, j'ai déjà froid, surtout aux mains malgré les gants en cuir et les sous-gants. Après 20km, je m'arrete pour reajuster l'écharpe, faire un point route et me rechauffer un peu, et voilà que la Bullet s'étouffe! Aaaaaaaaarrg. Je kicke, je frappe, je vocifere, alors que 15 indiens sont déjà autour de moi. Ce sera la seule fois du séjour ou je m'énerve, mais bon, il me reste 300km de route, j'ai faim et froid et pas vraiment l'humeur a la deconne. Un des types commence a vouloir enlever la bougie! Je gueule "no, no! Chalo, chalo!" (allez-y, go away). Tu parles, chalo, autant pisser dans un violon, ils comprennent tres bien mais ce n'est pas tous les jours qu'un touriste occidental tombe en panne dans leur bled, donc ils ne bougent pas d'un poil, toujours amusés. Je rekicke, ca hoquette, ca toussote... mais ca ne demarre pas, et taper sur le reservoir n'a jamais fait démarrer une moto, mais bon... Le même type me demande s'il peut essayer. Et bien sur, ca demarre du premier coup. Oh p*#!#. Je ne veux même pas imaginer ce qu'ils pensent, je repars en trombe.
Vers 10h, je m'arrete dans un bouiboui pour acheter 2 samossas servis avec une sauce tiede aux aromes indefinis, 2 chais bien chauds (chai = thé local épicé) et pour me rechauffer les mains apres de son foyer. 2 heures plus tard, un autre chai et 2 bananes, that's it that's all!

En route, je pense a cette grande boucle en moto. Mon periple confirme ces 2 vérités:
- quelle que soit la distance, la route passe plus vite quand on n'est pas pressé d'arriver
- en Inde comme en France comme ailleurs, la conduite d'une moto s'apprecie beaucoup plus sur les petites routes que sur les grands axes.

Et le corollaire de ces affirmations, c'est que si l'on est vraiment pressé (objectif : arrivee avant la nuit a Delhi) et qu'on n'a pas d'autres choix que les grands axes, et ben on a absolument aucune raison de glander en route. Je tartine donc allegrement a 80 quand le brouillard de leve, puis 85, voir 90 sur l'autoroute Jaipur Delhi. Cette route le permet : parfait etat, pas de travaux, pas d'animaux (a part les chameaux avec charette mais ils tiennent leur voie), peu de contresens. C'est un axe frequente et rapide. Après le rythme des 2 dernieres semaines, j'ai l'impression de conduire une fusee, le 3000ieme kilometre est parcouru a la vitesse d'une balle ;-)

Derniere anecdote a l'arrivee dans la peripherie de Delhi, vers 17h. Il y a un vrai peage, mais c'est gratuit pour les motos, il y a donc une by-pass lane avec speed bumps. Je me leve sur les cale-pieds pour passer ces dos d'ane. Un flic me repere, me fait signe de m'arreter. Je sens tout de suite quelle va etre la fin de l'histoire...
"What's this?"
Ben c'est mon sac a dos avec mes affaires, normal quoi.
"Paper please"
Je sors la totale, passeport, permis de conduire international et francais, assurance, contrôle technique et pollution, et l'equivalent de la carte grise. Je sais que tout est ok et fais comprendre que je le sais.
"Standing not allowed".
J'explique que c'est pour soulager mon dos que je me leve sur les cale-pieds, je fais le geste, blabla... Il a l'air de comprendre, alors il reflechit...
"Jumping not allowed. Jumping dangerous"
Quoi jumping?? Je lui montre que tout est bien arrimé au porte bagage, que rien ne saute, je lui montre les autres motos qui sautent forcement un peu sur les bumpers, mais c'est mort, il ne lache pas le morceau.
"Fine for jumping"
Je lui demande donc un "ticket" ou un "receipt".
"No ticket for jumping, only fine, 500 rupees". Je ne negocie pas le montant, car le soleil se couche et je ne veux plus perdre mon temps... Je lui donne ces 500 roupies discretement. Incredible India...
J'arrive vers 18h15 chez Virginie et Pascal, donc de nuit, après 10h de bécane. Et là, mes enfants, après une douche chaude salvatrice, m'attend un diner royal. Soupe de legumes (avec de la vraie crème et SANS epice de toute sorte), frites, salade verte et... Boeuf !!! O joie, ô viande succulente. Le tout accompagne d'un bon vin, pour ensuite finir avec des crepes Rhhaaa, le bonheur a la francaise, ca me manquait serieusement... On papotte jusqu'a 11h avant que j'aille m'affaler pour une bonne nuit reparatrice.

dimanche 4 janvier 2009

Jour 28 (02 Janvier), de Sawai Madhopur.

31 décembre
Bundi. Cette ville est l'Inde de nos rêves. Les magnifiques constructions - le fantastique palais accroché a la colline et le fort imposant, temoins de la grandeur passée des Rajputs -, les maisons colorees, le son des prieres, les petits temples a chaque coin de rue, l'effervescence du marche aux legumes, les odeurs des epices, la pauvrete materielle (relative) qui devient en fait une modeste simplicité, la richesse et la generosite des coeurs, la fierte des sourires, le juste compromis entre tourisme et authenticité, tout cela donne au lieu un charme plus irresistible que tout ce que j'ai vu auparavant.
Je visite d'abord le palais, puis monte jusqu'au fort (et cette fois je me coupe moi même un baton, pas question de "louer", même pour 0,05 euros !). Ce fort est constitué d'un rempart entourant le plateau au sommet de la colline dominant la ville - quelquechose comme 1,5km de peripherie - et de divers batiments : anciennes habitations, tours de garde, imposants bassins / reservoirs appeles baoris... Certaines parties sont en ruine, d'autres sont etonnamment preservees, on y trouve même des peintures murales aux couleurs encore vives. Je fais le tour du fort, puis me ballade de salle en salle, ca sent la crotte et l'urine animale (de singes donc), les arbres poussent au milieu des cours, les lianes montent les escaliers... Bref, la nature reprend ses droits. Des singes, il y en a des centaines. Les "culs rouges", plutot tranquilles et assez discrets avec leur couleur de terre brun clair, et les "gueules noires", plus grands, plus élancés, restant plutot en groupe mais plus actifs (voir plus agressifs... et les petits sont de terribles acrobates!). Ces gueules noires sont tout d'abord rassemblés aux extremites est et ouest du fort, mais a la tombee du jour, ils descendent vers le palais, puis jusque dans la ville pour chaparder tout ce qu'ils peuvent. Ne pas laisser ses chaussures ou chaussettes a l'exterieur devant sa porte de chambre...
En me promenant ainsi dans ces vieilles ruines, je m'attends presque a voir King Louis troner au milieu au milieu d'une salle, et m'offrir 2 bananes... "Serrons-nous la main, hey, cousin..."
Les ecureuils et les perruches vert fluo sont les autres habitants du fort : je ne croise pas plus de 20 visiteurs de tout l'après midi.
J'adore vraiment cet endroit, qui gagnerait finalement a ne pas etre trop connu.
Pour couronner le tout, je passe un reveillon bien festif, en compagnie de Pascal et Catherine, un couple francais voyageant également en Enfield (le modèle 500cc a demarreur electrique... tricheurs!), Nathalie et Christophe et leurs jeunes enfants Perle et Achile (6 ans, la mascotte de la Guest House!), 2 autres francaises Fanny et Manon, puis un couple de Suedois - fans de Harley Davidson, le mec etant également le createur du site web de la Guest House - et 3 etudiantes espagnoles de Valence, qui se feront prendre en photo le lendemain pour apparaître dans le journal local! Et bien sur, les chefs d'orchestre de cette soiree sont les tenanciers de la Guest House, les 2 freres Montu et Tumpi (28 et 26 ans), et leur petite soeur, la petillante Pinky (24 ans, parlant un tres bon francais). Avec leur mere, ils nous preparent un succulent thali de reveillon, puis c'est parti pour bonne bouffe, musique - il y a eu du Janski a Bundi ! - discussions animees (sur anecdotes de voyage, escalade, medecines alternatives, plongee, experience de la culture indienne, le tout alimente par qqs de bieres Kingfisher), feux d'artifice et enormes petards qui en reveilleraient King Louis.
Je pense après coup que j'ai d'autant plus apprecié ce lieu a part qu'est Bundi que la Shivam Guest House etait de loin la plus accueillante - les hotes ne sont pas avares en embrassade, en curisosite, en blabla et en conseils pratiques pertinents - et que j'etais en excellente compagnie.

Une fois la fête terminee, on decide avec les 2 francaises d'aller voir Bundi by night : il n'est que 1h, des fois qu'on puisse s'inviter dans une autre fiesta... Forcement, c'est un peu mort, mais on tombe quand même sur un cafe (en fait juste une terrasse de 5m carre maxi, au 2ieme etage d'un coin de rue), qui envoie de la musique indienne - et forte par consequent. Quelques indiens passablement emeches - voir completement HS - et excites (mais dans le bon sens du terme) essaient de motiver a danser qqs hollandais plutot calmes. On se plie au truc pendant 30 min, on boit une derniere biere - ben oui, on avait fini toutes celles de Shivam... sacrés francais! - puis tout le monde remballe. On tente une derniere chance dans le jardin d'une guest house, ou 2 americains apathiques devant un brasero nous souhaitent une timide bonne année avant d'aller se coucher. De retour a Shivam, je m'apercois que j'ai oublie mon telephone, avec lequel je devais appeler Montu pour qu'il nous ouvre la porte. Il est 2h. Hahaha. Certaines choses ne changent pas... Donc après 15 min de lançage de cailloux dans les fenetres, de cris, d'essayages de crochetage de fenetre, d'escaladages vains et de reveillage de voisins, le pauvre Montu se leve et nous permet de regagner nos chambres... Et sinon, bonne année...

01/01
Desireux d'aller voir les chutes d'eau naturelles a une 30aine de km de Bundi, Montu et moi prenons nos motos pour s'y rendre en tout debut d'après midi et emmenons du coup les 2 francaises en passager. Le site est tres chouette, il y a une cascade tombant dans un bassin : baignade (elle n'est pas vraiment froide, mais tres vivifiante quand meme...) et grimpe sur les rochers. Alors qu'il n'y avait que 3 locaux en train de se laver a cote du rocher ou l'on se pose en arrivant, ils sont bien une 30aine pour regarder, sans s'en cacher, les filles sortir de l'eau, et esperer apercevoir (en vain!) un bout d'epaule ou de mollet dénudé... Sacrés indiens!
Pour rentrer, il y a une session tout-terrain bien bien chaotique. Note pour plus tard : la garde au sol de la Bullet ne permet PAS de passer une voie ferrée. Le reste de la route du retour alterne collines desertiques et plaines verdoyantes, eclairees par cette lumiere particuliere du coucher du soleil. Que l'annee 2009 soit aussi belle que cette premiere journee!

02/01
Adieux dechirants a Montu, Tumpi, Pinky et leur mere. Et c'est reparti, on the road again to... Ranthambore National Park, pres de Sawai Madhopur. En effet, on dit que Sherkhan, le tigre! serait de retour dans la jungle. Baaaaaagheeeeeraaaaaaa !!! Donc je tente ma chance de voir le grand rayé dans ce parc reputé ou se trouveraient encore 30 a 40 felins. Et surtout, je ne suis pas motivé pour retourner dans l'enorme ville de Jaipur. Montu m'avait conseille le Dev Palace ici a Sawai, et je ne suis pas decu : la propreté de la salle de bain n'a d'égal que la douceur du prix de la nuit. Et miracle, je ne me perds pratiquement pas en arrivant a Sawai, en appliquant la technique statistique du "je demande mon chemin a chaque carrefour". J'arrive en debut d'après midi, ca me laisse le temps d'ecrire cette tartine. Donc demain, safari a 6h30, puis a 15h. Je prevois - peut-être - de retourner a Delhi d'une traite le surlendemain (320km, mais des grands axes en bon état).

Les 60 premiers de km de la route d'aujourd'hui, entre Bundi et Lakheri - sont vraiment defonces. Cette quasi-piste longe une colline escarpee tout du long et traverse des zones rurales reculees : peu de vehicules mais beaucoup d'hommes et d'animaux! Dans chaque village, on me salue, du coup j'anticipe et fais aussi signe a chaque fermier, marcheur ou cycliste que je croise : ils me repondent alors avec un sourire jusqu'aux oreilles. J'aurais aime avoir 1 semaine pour faire ces 60km, et m'arreter a chaque requete d'un villageois a la bouille rejouie, mais bon, a 30km/h de moyenne, je ne suis pas rendu... Et quand je m'arrete prendre 1 ou 2 cliches, en moins d'une minute c'est la ruee des gamins, bien propres dans leur chemise d'ecoliers. En traversant ainsi le Rajasthan profond, je me dis que le touriste pressé (que l'on est souvent par obligation) qui fera la boucle Delhi-Agra-Jaipur aura eu une vision bien limitee de l'Inde, voyant certes des splendeurs de pierre, mais la salete et la pollution des villes, et le mepris voir l'agressivite de la plupart des rabatteurs et autres conducteurs de rickshaws misereux et souvent aigris.

Pour finir cet article a rallonge, un petit mot sur la moto, qui marche au poil, et demarre même au premier coup de kick depuis 3 jours, quelle que soit la temperature du moteur. ô joie. Il faut croire qu'elle voulait me montrer que ce n'etait pas gagné d'avance et qu'elle se meritait, mais maintenant qu'on se connaît bien, on se supporte mutuellement et ca y va. Je ne la traite plus de gourdasse et elle ne me fait plus de flat spot a l'allumage. Après une session maintenance dans la cour de l'hotel, l'"employe a tout faire" me demande s'il peut la laver. Surtout pas, malheureux! Elle est bien dans son jus, elle suinte l'huile du bloc moteur, de la boite et de l'embrayage, elle a de la boue jusqu'aux clignotants, mais je me dis qu'elle est mieux comme ca, dans son état "indien"...

Bonne année a tous.