lundi 19 janvier 2009

Varanasi - Kathmandu

Je n'avais pas encore experimente le bus, voila qui est chose faite. C'est un "tourist bus", donc il n'y a que des ocidentaux, et quelques japonais. Les 10h de trajet chaotique passent relativement vite. En general, les touristes qui choisissent la route pour aller au Nepal sont ceux qui ont le temps, il s'agitdonc surtout de voyageurs au long court comme moi. L'arrive a Sunali, de nuit, est assez irrelle. Aucune idee de l'environnement autour de la route, qui est borde de petites echoppes, de camions, et du bordel indien habituel. On debarque les sacs, on marche une centaine de metres : une pancarte peinte a la main indique "Indian Immigration Office". Un bureau miteux, eclaire par une seule et unique ampoule, des douaniers en civil je-m'en-foutistes et desagreables, une armoire defoncee avec les formulaires officiels : bienvenu au poste frontiere de Sunali! Une fois le tampon de sortie du territoire indien sur le passeport, on continue a marcher sur la route, on traverse la frontiere elle-meme, qui n'est qu'une simple barriere levee. Des gardes somnolents observent passivement le va-et-viens incessant sans rien controler.
Cote nepalais, on retrouve le meme bureau delabre, avec un accueil un peu plus souriant. 25$ et une photo plus tard, le visa est sur mon passeport...
La nuit d'hotel ayant ete reserve avec le ticket de bus, on nous oriente alors vers la Nepal Guest House. Ils ont reussi a caser 6 lits dans 15m2, la peinture s'ecaile de partout, il fait humide et froid, les draps ont des trous de brulure (mais semblent propres, a la faible lueur de l'ampoule poussiereuse), pas de chasse d'eau dans les toilettes a la turque, et personne n'osera utiliser le placard a balais servant, parait-il, de salle de bain. Romantique a souhait. Il semble que le lit se negocie normalement a 30 roupies (0.5 EUR) la nuit.
Mais la solidarite dans la galere va rechauffer l'atmosphere. J'ai en effet en collocataire un jeune suedois, 2 americains Ryan et Gary, chacun avec leur guitare (et qui se sont empresses d'acheter du hash 50m apres la frontiere...), et enfin Alby, un anglais la trentaine bien tassee, voyageur au long court a l'humour assez excellent (je vous reparlerais de lui). Bref, la bonne ambiance aidant, on s'endort tard dans la nuit, avec le sourire...
Debout 6h15 le lendemain. Le bus qui nous attend est plus "local" que le precedent. Touristes occidentaux et asiatiques, nepalais, indiens, tibetains (dont quelques moines) s'entassent dans le bus, certains dans le couloir central, d'autres sur toit avec les sacs.
Durant ce trajet de 8h jusqu'a Kathmandou, je discute donc un peu plus avec Alby : instructeur de plongee, il en est a son 5eme grand voyage, dont 3 en camion, de l'Alaska a la pointe sud du Chili, de Londres a Cape Town, et la de Londres a Lhassa, Tibet. Il a du renvoyer son camion a Bombay pour expiration de permis, et finit donc avec les moyens locaux. Allez voir son site : www.reelearth.co.uk. Un autre couple d'anglais a egalement prevu de se rendre au Tibet. On echange donc photos, projets, et conseils.
L'arrive a Kathmandou, ville emblematique de la generation hippie, se fait sans encombre, on decide avec Alby de partager la meme chambre, dans l'hotel Hilton. Non, rien a voir avec le vrai, ici les chambres double sont a 400 roupies (4 euros). Mais c'est tres propre, eau chaude abondante, draps, couvertures supplementaires, serviettes, on s'y croirait presque.
Parti seul a la quete de devis pour les locations de velos, les trecks, l'escalade, etc, je finis par aller diner au Shisha, attire par le son du groupe de rock qui y joue. J'ai alors une discussion tres interessante avec une jeune Tibetaine. Elle vient de passer 2 mois a Kathmandou pour tenter d'obtenir un visa pour l'Angleterre. Elle a depense plus de 3000 euros en differents intermediaires et autres demarches, pour que son passeport arrive sur le bon bureau, mais elle vient d'essuyer son 3eme refus. Elle repartira le lendemain... Au dela de son visage avenant, qui semble respirer la joie de vivre, je suis frappe par son regard plein de revolte, et la determination teintee de desespoir de sa voix. Les blogs tibetains parlant de la situation sont systematiquement supprimes, les sites internet filtres. Si vous insistez, les autorites chinoises viendront frapper a votre porte pour un petit sejour a l'hotel. Mises en prison injustifiees, souvent violentes, censure, impossibilite pour les Tibetains d'obtenir des visas... Bref, la situation, dont j'avais entendu parler sans forcement m'y interesser plus que ca, m'apparait concretement et prend un visage humain. Les revendications de nos petites manifestations a la francaise me paraissent bien anodines...

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