mardi 30 décembre 2008

Bundi

Hier :
Route sans interet entre Udaipur et Chittorgarh, plaines seches la plupart du temps. Le fort de Chittor est un peu en ruine, il subsiste quelques tours mais a part la taille et la vue, il ne merite pas vraiment le detour. En revenant en moto par la vieille ville, je commence a discuter avec petit jeune homme parlant tres bien anglais, puis 5 de ses copains surgissent, et c'est parti pour les questions sur moi. Le petit m'invite meme chez lui pour admirer la vue de son toit, et prendre des photos de la vieille ville. Et bien sur, des photos de la bande sur la moto...
A Chittor, tout est ecrit en Hindi, tres peu de tourisme, je galere donc pour trouver une guesthouse. Finalement je vais dans un grande maison d'hotes (grand par la taille mais pas par le luxe), bruyante et sale, et avec toute une flanquee de momes tout aussi curieux, qui me demandent des choses qui viennent de France : je donnerais une boite de crayons de couleurs (j'en ai 2) qui fera le tour des petites mains. Et bien sur j'ai 6 paires d'yeux qui me regardent faire le niveau d'huile de la moto... Le resto est un peu miteux mais ils servent un thali (plat unique) a volonte pour 35 roupies : le gars me resert 3 fois la garniture et je me fais 8 chapatis quand meme...
Aujourd'hui :
Route sans interet non plus vers Bundi, je longe des kilometres de carrieres, dont certaines sont immenses, avec des ateliers de taille de pierre et des champs entiers de stockage. Et la, au detour d'un virage, apparait Bundi... Magnifique ville aux maisons bleues, plus petite que Jodhpur, elle est dominee par un immense palais a l'architecture assez extraordinaire, pose sur un flanc de collines. Il n'a pas ete renove et abrite plus de singes et de chauve-souris que d'oeuvres d'art, mais cela donne un cote mysterieux completement enchanteur. Un petit chemin monte le long de la colline, entre des ruines et des dizaines de singes (mais on peut LOUER un baton pour 3 roupies). La vue sur la ville est alors magique.
Le site dans sa globalite, avec le palais, les maisons et les ruines du Fort, le plus beau que j'ai vu. Kipling y a ecrit de nombreux romans, je comprends que l'endroit puisse inspirer.
Je rencontre pas mal de francais, la guest house est chouette et accueillante : je devrais donc passer un nouvel an assez sympa (sans champagne malheureusement).

dimanche 28 décembre 2008

Avant-hier (Mount Abu)
Apres la session Internet, je decide d'aller au Sunset Point, mais c'est pratiquement l'emeute pour y monter, et chaque cm carre de parapet ou de rocher est occupe. Il faut dire que c'est National Holiday en Inde, donc Mount Abu est surpeuple, et tout le monde veut voir le coucher de soleil. Des taxis font payer 10 roupies pour 400m, et sur la fin du parcours, pieton, on peut encore se faire amener en chameau, a cheval ou dans un minuscule chariot en fer, dans lesquels des familles d'indiens obeses se font pousser par de jeunes garcons tout secs... Quand on a de l'argent en Inde, il est de bon ton de le montrer. Bref, ca vaut quand meme le coup, ce Sunset.
Je dine avec Adam, le tres sprituel Israelien avec qui j'ai fait le treck, et un Australien d'un certain age qui a fait l'Inde dans tous les sens. Le type du resto (avec qui j'ai pas mal discuter moto car il a une bullet de 85) nous explique que Mount Abu a un tres fort taux de criminalite, le flux d'argent des touristes attirant certains individus des villages avoisinants qui n'hesitent pas a sauter devant les vehicules le soir venu pour mieux les detrousser. Au milieu des montagnes, la police est impuissante. Plusieurs agressions violentes se sont produites ces derniers mois, sur indiens et etrangers. Une loi specifique regit la vente d'alcool a Mount Abu : interdiction formelle de vendre de l'alcool a un groupe mixte - indiens + etrangers. Cela s'etend au fait que certains hotels, faisant aussi restaurant, refusent de servir des indiens non residents de l'hotel qui veulent se joindre aux touristes etrangers. Et Adam me dit qu'il a eu plusieurs mises en garde de locaux, qui conseillent de ne pas se ballader seul. Ca tombe bien, je pars demain...

Hier
Rhhhaaaaa, ces 22km de route de montagne dans le petit matin frais et ensoleille, pour descendre de Mount Abu, est une pure jouissance. Les cale-pieds de la Bullet frottent le bitume, sous le regard amuse des singes, toujours au rendez-vous. Je passe mon 2000ieme km avec un sourire beat sur le visage.
Une fois dans la plaine, je retrouve la poussiere, la ligne droite, les camions...
Apres 80km, une bifurcation a l'est m'indique Udaipur (en general, les directions principales sont aussi indiquees en anglais, ce qui aide...). Euh, OK... La route est minuscule, defoncee, quelquefois non bitumee, 2 voitures peuvent a peine se croiser et les troupeaux de moutons bouchonnent. Pourtant, c'etait une autoroute sur ma carte! Caramba... Bon finalement, la voila, cette autoroute a 4 voies. En fait certaines portions sont completement terminees, d'autres ne sont meme pas tracees ni creusees (voir photos Facebook). Je croise donc beaucoup de travailleurs, qui sont souvent des travailleuses. Cela dit, il y a tres peu de monde, donc peu de poussiere, la route serpente dtranquillement entre de hautes collines rocailleuses, et le temps est toujours tres clair, donc bonne visibilite. Le ciel bleu azur, les collines ocres, la verdure des rizieres dans les plaines, et les taches de couleur des saris, font de ce paysage le plus agreable traverse jusqu'ici. La bullet a l'air d'apprecier aussi, elle ronronne a 65km/h sans le moindre debut d'embryon de hoquet. (et depuis que je ferme correctement le robinet d'essence a chaque arret, plus d'essence dans l'huile, merci Greg...)
A Udaipur, en me perdant encore, je tombe sur le Pushkar Palace, recommande par des amis, pas cher et sympa, et bien sur le patron des lieux a AUSSI une Bullet, alors c'est reparti pour le blabla de motard...
Je subis plus que je ne visite le City Palace Museum : en effet c'est bourre de monde (vacances), je n'ai pas pris l'audio guide pour 200 roupies, et le musee est un peu desordonne (c'est le bordel quoi), donc je ne vais pas retenir grand chose, a part peut etre les nombreuses peintures sur la chasse aux tigres des Maharadjas du coin, qui revelent surtout des scenes de carnage de 10aine de tigres et des battues a dos de batailloin d'elephants! La vision du lac d'Udaipur et de ses 2 palais qui semblent y flotter, est assez magique, mais le vieux quartier et les ghats n'ont pas le charme des villes precedentes je trouve. Il faut dire que les boutiques de souvenirs et d'artisanat local s'enchainent non stop...


Aujourd'hui
Apres avoir papote avec le patron du guest house sur l'achat de Bullet, des tensions avec le Pakistan (ca se tend a priori), de la baisse du business suite aux attentats (tous les locaux me l'ont confirme) et de la petite derniere, je pars faire un tour en moto.
Tout d'abord je vais dans un petit village ou il y a une sorte de festival : de nombreux petits stands d'artisanat local, des ballades en chameaux, du tir a la carabine, des barbes a papa, des maneges, des musiciens, des petits spectacles... Bon, tout ca, c'est a l'indienne, donc il faut s'imaginer "la grande roue" comme un ensemble de tube soude a peu pres en rond, haute de 6 a 8m maxi, avec des nacelles au coefficient de securite pour le moins faiblard, et a energie humaine :-). Pareil pour les maneges, pas de moteur mais un type qui trime... Et le reste est a l'avenant...
Je roule ensuite jusqu'au Moonson Palace, sans interet en soi mais construit sur la plus haute colline proche d'Udaipur. La vue a 360 deg sur la ville et les montagnes est imprenable : je bouquine tranquille tout le reste de l'apres midi pour assister au coucher de soleil.
Demain, direction Chittor (ou Chittorgarh), non prevu au debut, mais il y a un des plus beaux forts du Rajasthan. Encore un fort me direz-vous. Oui, mais celui-ci , c'est le plus grand, 2 km du nord au sud ! Je ne peux pas manquer ca...

vendredi 26 décembre 2008

D-20 : Mount Abu

La route entre Jodhpur et Mount Abu est une torture : le "national Highway 14" est en fait une simple route a double sens, surchargee de camions. Ils se doublent n'importe comment, et plusieurs fois je suis oblige de sortir de la route pour les eviter, idem pour les bus. Je peste et j'enrage mais bon, c'est la loi du plus gros. Seule la fin de la route est excellente : Mount Abu est une station de vacances dans une petite chaine montagneuse, a 1200m d'altitude, et la route sinueuse qui y monte (interdite aux camions) est un regal. Je ne m'arrete pas top en route car il y a des singes tout le long, sur le parapet, qui attendent de chiper de la bouffe... Bon, je ne mets pas encore le genou par terre dans les virages mais on peut dire que je suis a l'attaque avec la Bullet, qui y met du sien, meme si c'est dur pour elle...
Mount Abu est une petite ville de vacances tres touristique, genre station balneaire, avec ses salles de jeux, ses boutiques de souvenirs, de glace, ses ballades en pedalo sur le lac Naki, ses dizaines d'hotels et restos. Il fait tres bon en journee et froid la nuit. En fait il y a tres peu de touristes etrangers, les touristes sont des indiens aises ou des Honey Mooners.
Aujourd'hui j'ai donc fait une journee de treck avec un israelien et notre guide indien. Il ya beaucoup d'ours dans les parages et il ne faut pas faire de randonnee seul : 2 indiens ont ete attaques mortellement il y a qqs jours.
On monte jusqu'a 1600m, et on profite du magnifique panorama et du temps clair. Un petit peu de nature et de calme fait le plus grand bien, apres le chaos des villes...
Prochaine etape : Udaipur.

Note : article precedent mise a jour...

mercredi 24 décembre 2008

Jodhpur - suite et fin

Ca m'a fait du bien cette petite pause. Depuis 2 jours, je me ballade dans la vieille ville, bouquine et vis -un peu- a l'indienne. Le midi, j'achete 2 samoussas au curry de legume, et 2 beignets de legumes, le tout pour 10 roupies, dans un petit stand de rue, qui n'est pas plus propre que les autres mais a l'air plus populaire. Je termine cela par 2 bananes pour 5 roupies, et voici mon repas pour 25 centimes d'Euros (et j'ai oublie la bouteille d'eau a 12 roupies...). Je marchande des lunettes de soleil, j'achete un adaptateur Memory Card - USB a 3 euros dans le quartier electronique, je tape sur le cul des vaches si elles sont trop dans le passage, je traverse la rue en mode kamikaze en faisant des grands signes pour faire comprendre que j'ai vraiment envie de traverser, et j'envoie ballader les chauffeurs de rickshaw qui veulent me faire payer plus de 20 roupies le trajet en ville parce que je suis un touriste (donc c'est pour ca que je finis a pied...).
La patronne de la Guest House, qui est aussi prof d'anglais, a invite ses eleves du cours du soir pour une Christmas Party. Donc on decore ensemble la cour interieur, on fait un Christmas Tree, on invite d'autres touristes de passage (venus acceder a internet), on mange du gateau et des chips (et des samoussas au curry bien sur), on danse sur la musique de Bollywood et on rigole en se prenant en photo, bref un joyeux Noel! Les hindous ne le fetent generalement pas mais c'est l'occasion pour les plus jeunes de faire une petite fete et de distribuer des bonbons.
A 19h, on remballe tout, mais j'ai un foie gras qui m'attend encore...

Pour finir, j'ai partage mon foie gras avec 3 quebecois et 4 hollandais, qui etaient tous ravis d'agrementer le delicieux thali (100% veg) de la guest house par une "delicassy" occidentale... Et l'adorable patronne a decide de m'inviter ce soir la! Et le lendemain j'ai eu droit a un cadeau de la mere, de l'apres rasage... Vraiment, si vous allez a Jodhpur, une seule adresse : Veggi Guest House!

lundi 22 décembre 2008

Back to Jodhpur

Hier :
Apres le session Internet Cafe, je rencontre, sur les toits de Jalsaimer (j'ai essaye de trouver un bon spot en hauteur pour le coucher de soleil) un francais en vadrouille et on papote plongee pendant un bon de temps : on sera peut etre ensemble en Thailande. Il fait vraiment froid a Jalsaimer, et on patauge un tout petit peu trop tout le temps dans la bouse de vache, donc je decide de rentrer a Jodhpur le lendemain... Et c'est reparti pour 6h de route dans l'autre sens!

Aujourd'hui :
Cette fois je me prepare au trajet, je protege contre le froid et me fais un copieux petit dejeuner indien a base de toast et galettes de pommes de terre (Aloo Patanra) avant de partir. Il fait grand beau temps, et le temps est tres clair. La route n'est alors plus du tout la meme... Je verifie sur la carte mais oui, c'est bien la meme que j'ai prise a l'aller! En fait je m'apercois qu'il y a des dunes pratiquement tout le long du trajet, et qu'il y a tres peu d'endroits vraiment deserts : on voit toujours une hutte, une habitation carree ou un bout de mur ou de sentier. La fatigue et le mauvais temps m'avaient bien cache le paysage! Les couleurs sont terribles, dunes dorees, collines de gres rouges, saris et turbans... L'herbe a chameau est plus verte, les chameaux plus bruns... Du coup je ralentis le rythme (deja pas bien rapide), je m'arrete prendre des photos et fais du hors piste avec la Bullet, qui semble du coup d'humeur joyeuse et demarre au moindre coup de kick. Je me fais quelques frayeurs avec les animaux, qui sont aussi plus nombreux sur la route. Bref, les 6h de galere du trajet aller se transforment en 6h de bonheur ensoleille au retour. Et quand je m'arrete prendre des photos, des gamins sortent de je-ne-sais-ou pour etre sur le cliche, preuve qu'un village n'est jamais trop loin.
A Jodhpur, je trouve une guest house vraiment pas chere, et tres familiale, a cote du 1er hotel ou j'avais dormi. Excellent diner aussi, je conseille le "Poha".
Sinon, pas de programme particulier pour les jours a venir, je suis un peu en avance sur le planning donc je vais certainement faire une petite pause jusqu'a Noel. Rien ne presse...
Cote mecanique :
Ce que je craignais se confirme : de l'essence passe dans l'huile moteur. Le niveau est monte alors que je n'ai pas fait le niveau depuis 1 semaine, et ca sent... J'ai achete de l'huile neuve et ferais donc une vidange complete demain : la grosse reparation attendra son retour a Delhi. La perte de puissance se sent mais ce n'est pas trop un probleme ici.
Plus grave, sur la fin de la route (en fait apres une session hors piste), mon klaxon ne marche plus ! Ce defaut, qui, dans nos contrees, serait anodin et n'entraverait pas le bon fonctionnement du vehicule, devient en Inde un tres lourd handicap dans la circulation. Le klaxon est en effet a la base du code de la route indien. Sans lui, point de salut sur la route... Je demonte pas mal de choses pour finalement m'apercevoir que le fil de masse de la batterie s'etait coupe. Je MacGyverise la chose et c'est reparti!

Donc Joyeux Noel a tous, dans 3 ou 4 jours ce devrait etre Udaipur.
Bises!

dimanche 21 décembre 2008

D15 : Jalsaimer

Hier soir, j'ai fini la journee en passant 4 heures dans un petit resto "italien" tarabiscote a l'interieur du fort (un melange de maison de hobbit et de chez Jacqueline : des demi pieces reliees par des demi escaliers a chaque demi etage, et des endroits pour se fracturer le crane partout). D'abord tout seul, en bouquinant les bouquins achetes apres le massage, puis avec un couple d'espagnols, puis avec un joyeux groupe compose d'un autrichien, une allemande, 2 ricains et un israelien : la soiree s'est donc prolongee...
Et aujourd'hui, c'est dimanche, je me leve tard. Le temps est revenu au beau.
Apres une ballade pedestre dominicale et un petit dejeuner bien indien (mon hotel ne fait pas resto, mais pour 200 roupies la nuit, avec salle de bain perso immaculee et eau chaude, c'est un tres bon deal), je prends la moto pour aller toujours plus a l'ouest, vers les dunes de Sam (c'est le nom du village).
Forcement, je n'echappe pas aux chameliers, c'est donc parti pour un petit Camel Ride au pied du desert de Thar, a une centaine de km de la frontiere pakistanaise.
Au moment de repartir, un atroupement se forme car la Bullet fait des siennes. Le plus age de la bande viendra reussir a me la redemarrer, avec un regard amuse qui semble dire : "Mais tu ne sais PAS kicker".
Elle petarede a mort, je vais bricoler la richesse car je me suis apercu que ca arrive quand je croise un camion et donc qu'il y a des turbulences d'air... Bon, la, il n'y avait plus de camion, peut etre ce sont les chameaux?

samedi 20 décembre 2008

D-14 : Jodhpur - Jalsaimer

Je pars tot le matin de Jodhpur pour cette grande etape. Tres vite, je commence a avoir froid, car le temps est couvert et venteux. Pourtant le paysage est plutot desertique, genre plaines faites de terre battue (par les vents), quelques dunes, des arbustes et de l'herbe a chameau. Je croise de moins en moins de monde. J'ai mis tout ce que j'avais comme couches de vetement chaud mais je n'arrive pas a me rechauffer, les doigts sont engourdis et le cou douloureux (pas a cause de la vitesse, hein, juste parce que je suis contracte a cause du froid). Je croise mes premiers villages de huttes, faite de terre et de toit en paille. La route est mortellement droite, c'est la plaine a des kilometres a la ronde. Je vois pas mal de chameaux sauvages, plus fonces et plus petits que ceux domestiques - ce doit etre une autre marque. Des troupeaux de chevre et de moutons, des chiens morts, et la route qui n'en finit pas, aussi loin que va le regard. Into the wild... Je n'ose pas m'arreter pour prendre des photos de peur que la moto ne redemarre pas - elle s'est deja etouffee une fois sur le ralenti et j'ai du kicker comme un sourd, au milieu du silence :-) et donc je ne m'arrete pas manger non plus. Tu y vas, Jack, tu y vas...
Les kilometres defilent, mais lentement, a peu pres 60 toutes les heures... A 90km de Jalsaimer, il se met a pleuvoir, pas beaucoup mais suffisament pour me demander dans quel m... j'ai ete me fourrer ! Finalement, apres 6h de route, j'arrive dans la cite surgie du passe. Une douche chaude a l'hotel, et une seance de massage, et un resto italien avec une "presque vraie" pizza, et me voila pret pour sillonner les rues de la vieille ville, a l'interieur du fort... demain.

J'ai fait 300 km et je n'ai pas eu a mettre sur la reserve (a 10 litres), la Bullet a donc un appetit d'oiseau. Et elle tient le coup bravement meme si de nouveaux bruits apparaissent petit a petit...

jeudi 18 décembre 2008

D-12 et 13 : Jodhpur

Hier
Finalement, il faut croire que le mecano du Pushkar avait mis le doigt sur le probleme, car je repars sans souci. Ca cliquette fort mais ca ratatouille pas, ou si peu. Je fais donc 240km en 6h, avec une pause dans un petit village, ou j'achete fruit et biscuits : je suis immediatement une attraction et me retrouve entoure de jeunes, curieux et envieux de mon equipement a la mode occidentale, gants et casque. Pis elle a de la gueule, cette Bullet quand meme ! En fait, souvent, ces jeunes ou moins jeunes veulent m'acheter des objets : mon Blackberry bien sur (il faut dire qu'avec un BlackBerry, t'es tout de suite un king), mon carnet de voyage, ma boussole, et mon couteau suisse, dont les encheres sont montees jusqu'a 10 dollars, non adjuge a un garcon de 10 ans qui a aussi inspecte ma trousse a outil, beaucoup trop locale a son gout (c'est a dire toute pourrie).
J'arrive donc a Jodhpur. Je me perds - comme a chaque fois - mais pas trop longtemps, grace aux indications des locaux, souriants. La guest house que j'ai choisie se trouve au milieu de la vieille ville. Le plan du Lonely est completement inutile, vu le labyrinthe de ruelles. En cherchant ainsi l'hotel, je tombe sous le charme de la ville. Charme des odeurs d'epices, d'encens, de fruits murs, charme des couleurs delavees des vieilles maisons bleues, vertes, roses, le charme du sourire des habitants, amuses de me voir klaxonner qund ca bouchonne un peu (2 rickshaws ont a peine la place de se croiser). Beaucoup de charettes a bras, de vaches, d'anes, et de 2-roues. C'est tres anime mais ce n'est pas etouffant, ca a l'air plus authentique, plus ancien aussi. Et un peu moins miserable aussi. L'hotel est ce qu'on appelle un haveli, sorte de vieille villa en gres rouge, a l'architecture biscornue, avec une cour interieur et un resto sur le toit. Les chambres ont du charme, c'est tres propre, et c'est encore 600 roupies (la peinture du plafond va me tomber dessus pendant la nuit mais c'est un detail...).
Je repars en moto me perdre dans la vieille ville. Bien sur, apres un arret photo, la Bullet ne veut plus redemarrer malgre mes 30 coups de kick hargneux. "Repars, gourdasse!". Forcement, les passants se marrent. Un jeune expert du coup de kick viendra me tirer d'affaire. Desormais, je laisserai le moteur tourner...
Le centre du bazar est marque par la "clock tower". En prenant en photo la moto et la tour, je deviens encore le centre d'attraction d'une famille de petits vendeurs. L'aine est tout fier de se faire prendre en photo au guidon, les plus jeunes touchent a tout et tournent la poignee de gaz tout sourire. Sachant que je n'ai pas envie d'acheter des bracelets ou autres, je marchande des amendes, cacahuetes et pois chiches grilles, avec une petite fille de 15 ans a peine qui a deja bien le sens des affaires. Je comprends que je dois imprimer la photo de l'aine pour leur envoyer, mais ils ne savent pas ecrire l'anglais. Qu'a cela ne tienne, il faudra que je l'envoie a Vinod, Tower Clock Bazar, Jodhpur, India, il parait que ca arrivera... J'adore ces petits moments la!
Le soir, je discute avec un couple (lui Irlandais, elle Suisse) qui fait aussi le tour en du Rajasthan en moto. Ils se sont fait les derniers 40km en premiere, levier de vitesse casse, avant de trouver un gars pour ressouder... Et je bois ma premiere biere depuis plus de 2 semaines... forcement, avec un Irlandais!

Aujourd'hui
Tout d'abord visite de l'impressionant fort de Meherangarh, forteresse des Maharadjas successifs du Rajasthan, qui surplombe la ville bleue. La vue des remparts est superbe. Un audio-guide tres bien fait vous replonge dans l'univers de guerre et de luxure extravagante des princes rajputs. Ensuite visite du Jaswant Thadar, memorial dedie au Maharadja du meme nom, tout en marbre fin. Ballade en moto jusqu'a la demeure de l'actuel Maharadja, egalement musee et hotel de luxe, puis errance a pied dans les rues commercantes de la vielle ville. Je goute diverses patisseries locales (wahoo, c'est riche en huile et en sucre!) dans de petites echopes : les commercants sont alors tout fiers de poser devant mon appareil. Il ya en effet peu de touristes dans cette partie la plus ancienne de la ville. Entre 2 boutiques, 4 vieux sont assis, l'un d'eux m'interpelle pour que je me joigne a eux. En fait, ils s'interrogent sur le pourquoi nous appelons l'Inde INDIA. En hindi, c'est Bharat. Bonne question. Je dis que ca vient peut etre du fleuve Indus, qui traverse l'actuel Pakistan, en le montrant sur une carte. Ah oui, mais l'Indus, en hindi, ca ne s'appelle pas non plus Indus. Foulala, c'est pas gagne. Il m'a donne un numero de telephone : de retour en Europe, je dois trouver un historien et lui dire pourquoi les Europeens ont appele l'Inde Inde... Et on continue de papoter en mauvais anglais pendant 45min. Ils m'offrent le Chai, the au lait sucre typiquement indien. Je partage le reste de mes patisseries (il faut dire que c'est un peu lourd). J'apprends qu'un des vieux est le patron de plusieurs boutiques d'or et d'argent. Les autres lui parlent d'ailleurs avec une pointe de respect supplementaire, et disent que c'est un grand homme. Ce sont des brahmanes (caste superieure), ils ont des tetes terribles pour faire des portraits mais je n'ose les prendre en photo. Le "boss" sort un enorme bijou de sa chemise, tout en or, en me demandant de l'estimer. C'est incruste de pierres, je ne sais pas si elles sont vraies, mais c'est un truc magnifiquement enorme. 600 000 roupies? 150 000 seulement. Un autre gars nous rejoint, me demande si je veux boire un miniscule verre d'une boisson verdatre peu engageante. Je comprends que c'est quelquechose pour "se rapprocher de Dieu", entre drogue et alcool, et je comprends le mot Opium. Le gars s'enfile le truc cul sec. Le plus silencieux des 4 - le plus sage? - me fait comprendre discretement, par signes, que ca risque surtout de me filer mal de crane... Donc je refuse. Peut etre que si je repasse a Jodhpur... En fait les drogues a base d'opium font partie de la culture rajput, et, dans le cadre "familial", ce sont souvent l;es personnes les plus ages qui en font usage.

Bon, voila pour la tartine. Demain je fais ma plus longue etape, 320km, pour atteindre le point le plus a l'ouest du periple, Jalsaimer, au bord du desert du Thar. J'ai fait mon 1000ieme kilometre en allant faire le plein tout a l'heure.
..

PS : bonne nouvelle, les emails persos sur le blackberry ont l'air de fonctionner.

mercredi 17 décembre 2008

D-11 : Pushkar toujours

J'aurais du suivre mon instinct... Car j'ai finalement amene la Bullet chez le mecano du coin. Et la journee s'est alors resumee a ces 2 photos...
Bref, on passe 5h a mecaniquer, changer des pieces et faire des essais, on appelle meme Lalli qui les guide, mais ils n'ont pas beaucoup de pieces ici. Vers 3h je retourne a mon hotel pour reprendre une chambre, je reviens et la ils n'arrivent meme plus a la demarrer... Finalement ils me font payer 550 roupies pour la piece changee dans l'embrayage, + 550 roupies de main d'oeuvre, ce qui est une fortune. Je me fais donc entuber. Certes, ils y ont passe du temps, le mecano et le patron, mais je ne suis pas sur que le probleme soit completement regle. Au dernier essai, c'etait OK, mais vu que c'etait intermittent... Bref, du coup, rien de nouveau, je vais mettre a jour les autres articles avec qqs photos.
Je reve d'une cote de boeuf bien saignante. C'est dingue qu'il y ait autant de vache sans que l'on ne puisse pas manger un bon steak!

mardi 16 décembre 2008

D-10 bis : mise en ligne des photos!

J'ai trouve a Pushkar un big internet cafe, avec adaptateur de carte SD en USB, et une bonne connexion, et des ordis qui marchent! Je me disais, une petite ville avec autant de hippies, ils devaient forcement y avoir un internet cafe dignes de ce nom... Donc see you on Facebook.

D-10 : Pushkar

Hier :
Bonne nouvelle, la Bullet fonctionne a merveille. Je devais vraiment avoir recupere de l'essence merdique car ce matin, je kicke bien 20 fois avant que ca parte, je vais faire le plein, elle ratatouilletoujours en 4eme pendant les 20 premiers kilometres, puis plus rien. Sur un filet de gaz, le moteur ronronne aussi tranquillement que les chats de Kathleen. C'est plutot rassurant car les paysages commencent a etre plus secs, et nettement moins peuples. Du coup, je vais a Pushkar pratiquement d'une traite (160 km). C'est l'autoroute 2x3 voies jusqu'a Ajmer, puis une petite route vallonee ensuite jusqu'a Pushkar. Bonheur total et sentiment de liberte pure.


Pushkar est une petite ville (15000 habitants) mais il y a beaucoup moins de misere. Les gens ont le sourire, ils travaillent dans les champs, sur les routes ou dans des commerces, les jeunes vont a l'ecole en costume et s'amusent a interpeller les touristes sans agressivite. Des touristes routards, il y en a, il faut dire que la ville respire la spiritualite, c'est un genre de paradis hippie. C'est l'endroit reve pour faire une petite pause, je decide de rester 2 jours. Le bazaar (c'est a dire la principale rue commercante) est surtout constitue de boutiques de vetements, textiles, souvenirs ou bijoux, d'epiceries, de restaurants et autres services aux touristes (internet, produits d'hygiene et agents de voyages); il y a peu de rabatteurs, c'est vraiment paisible. Mon hotel, tres propre (le White House porte bien son nom) se trouve dans une minuscule ruelle, encombree par plusieurs vaches qui ont l'air d'habiter ici au meme titre que les residents.
Entourant un petit lac, la ville possede de nombreux ghats. Apres une marche autour du lac, je monte sur une colline au sud est de la ville. S'y trouve un petit temple a partir duquel on peut profiter de l'eclairage particulier de la ville pendant le soleil couchant. Effectivement, la vue est magnifique, les couleurs ressortent, c'est calme et tout a fait apaisant. On ne peut que se laisser envahir par la serenite du lieu. A noter que le temps est tres clair (et toujours ensoleille), il n'y a plus cette chape de poussiere et de gaz d'echappement comme a Delhi et a Agra, qui ternissait tout.
Le restaurant de l'hotel est excellent, je me fait une soupe de mais et... des spaghettis - et oui, je craque, histoire de laisser faire une pause a mon estomac. Je me couche au son des percussions (qui accompagnent les prieres a Ganesh), de la musique indienne et des cris des enfants... Cela change des klaxons!
J'ai commence a lire le livre "Shantaram". C'est excellent, il decrit notamment avec exactitude les sensations contradictoires que l'on peut avoir en arrivant en Inde, je m'y retrouve. A conseiller donc (en attendant le film, avec J.Depp, qui devrait sortir d'ici un an... mais qui sera forcement moins bien ;-)).

Aujourdhui
Sans programme particulier, je me leve tard, je bouquine et me ballade dans la ville, notamment sur le champ de foire qui accueille la celebre foire aux chameaux en novembre. Je prends ensuite la moto pour aller voir un temple de shiva a 8km de piste de la ville. Effectivement, la piste alterne terre battue, bitume defonce, graviers et... sable. 40km/h maxi, moyenne a 30. Une partie de la route est en train d'etre amenagee, et la plupart des travailleurs sont des femmes. La parite a l'indienne... Il fait tres chaud, je traverserais 2 villages et ne trouverais jamais les temples... Par contre, je fais un bout de route en bon etat, et la, la Bullet recommence a ratatouiller a haute vitesse sur un filet de gaz. Merdouille! Je rentre a l'hotel, avale un "dahl makhati" (une espece de soupe/puree de lentilles, avec pois chiche, mais et differentes epices, super bon) et me fait une session maintenance : chaine, niveaux, filtres, tout est OK, le ralenti est stable, pas de probleme de puissance mais toujours ces "flat spots" a vitesse soutenue. Je vais voir le mecano du coin mais il me fait payer 150 roupies pour le petit loquet de la serrure du capot de batterie que j'ai trouve casse (bon, ok , c'est le seul qui l'a, mais quand meme) : je decide de ne pas lui faire confiance et j'envoie un email a Lalli Singh avant de faire ouvrir le carbu demain.
En fait, en Inde, il faut toujours se poser la question de savoir si l'on va faire confiance a la personne qui vous offre un service (en promettant que ce sera le meilleur), sachant qu'on est le touriste et lui le local. C'est une histoire d'instinct, pour l'instant ca m'a reussi la plupart du temps, avec qqs petites erreurs qui m'ont coute une pincee d'euros inutile. Et je prefere faire confiance aux sikhs...
Pendant que je mecanique, des bambins viennent me voir, des tout jeunes qui jouent avec mes outils, en mes les ramenant respectueusement, puis des plus ages , qui veulent acheter mon couteau suisse, ma boussole ou mon carnet de voyage. Ca rigole en rentrant de l'ecole, ca regarde ce que je bricole, ca tourne autour. Une vache vient machouiller un de mes sacs plastique pendant que j'ai le dos tourne, et goute mon carnet de voyage par la meme occasion. En fait les vaches ici mangent ce que les gens laissent ou donnent, j'ai l'impression qu'il y en a autant que d'habitants!

J'abandonne l'espoir de trouver un adaptateur USB pour vider ma carte memoire, on fera ca de retour a Delhi!

dimanche 14 décembre 2008

D-8 : Agra - Bharatpur - Jaipur


Hier
Ca y est, je l'ai vu! La merveille, des merveilles, le Taj Mahal. Il est effectivement magnifique, d'autant plus que je suis arrive tot pour profiter de la lumiere particuliere (ouverture des portes a 7h). Avec d'un cote le lever de soleil, de l'autre, la riviere embrumee, la scene valait vraiment ce voyage a Agra.
Ceci etant fait, je decide de faire une plus petite etape, jusqu'a Bharatpur, a 70km seulement, en passant par Fathepur Sikri et ses ruines. Peu apres mon entree dans le Rajasthan, soit 50km apres le depart, la Bullet se met a ratatouiller et petarader, j'arrive a Bharatpur pratiquement sur mon elan. On verra quand elle sera froide...
A Bharatpur, j'a le temps d'aller visiter la petite mais renommee reserve ornithologique de Keoladeo. Excellente surprise que ce parc. J'y vais en rickshaw (designe ici le velo a 3 roues, non motorise) autorise dans la reserve, et j'ai de la chance car le guide est non seulement tres bon, mais en plus il a des yeux de rapace!
Grues, cigognes, cormorans, martins-pecheurs, marabouts, hiboux, pic-verts, perruches, ibis, et autres raretes a plume seront captures par mon appareil photo. Nous verrons egalement pythons, chacals, antilopes, tortues, mangoustes (c'est bizarre, la mangouste), iguanes.
Ce guide / chauffeur m'expliquera que le tourisme a baisse depuis les attentats de Bombay. La vie etait dure, elle est devenue tres dure. A Bharatpur, il y a seulement 150 rickshaws autorises a aller dans le parc. Il habite a 10km de la, et tous les matins, il vient a 6h participer a une "loterie", au cours de laquelle chaque chauffeur de rickshaw se voit attribuer un numero. Les 50 premiers forment le 1er groupe qui aura droit de prendre les 50 premiers touristes, cela pour eviter que tous se ruent sur chaque arrivant. Une fois les 50 dans le parc, on passe aux 50 suivants, etc. Mais meme en etant dans le 1er groupe, hier mon chauffeur n'a pas eu de touriste. Donc en 4 jours, il a gagne 400 roupies - c'est ce que je lui ai donne pour 4 heures - soit 1,80 EUR par jour. Il s'occupe avec cela de ses 3 enfants et de son pere, ancien guide de chasse de ce meme parc, et qui devient aveugle. Tout cela, il me le dira pudiquement apres quelques heures de visite, d'un air fataliste.
Mais il est content que je sois content. Ce que je vois en traversant ces petites villes ou grands villages bouleversent mes reperes plus que tout ce que j'ai vu auparavant, et assez violemment on peut dire. Ici on fait les choses par necessite, par survie, et on accepte le destin.
J'essaie de redemarrer la moto le soir, ca pete du premier coup, bonne nouvelle. On verra quand elle sera chaude, me dis-je en avalant mon plat de Aloo Palak (patates avec sauce aux epinards)...

Aujourd'hui
Direction Jaipur. La Bullet se met a petarader apres 30km, je change la bougie qui m'a l'air vieillote, ca repart pour 100 bornes. Puis avant Jaipur, ca re-petarade, puis ca repart nickel, et ainsi de suite... En attendant, j'ai le nez au vent, libre comme l'air, le soleil brille, la temperature est ideale. Les champs sont encore verdoyants, et les couleurs des femmes qui y travaillent chatoyantes. Je croise mes premiers chameaux. La route (autoroute 2x2) entre Agra et Jaipur est en excellent etat sur 80% du trajet (par contre, les 20% restants, c'est catastrophique), mais l'on rencontre toujours des troupeaux de chevres, sur la voie rapide, et qui, en plus, roulent a contresens ! Les bus sont toujours fous dangereux, alors que les chameaux ont l'air de rester dans leur voie.
Je finis par 1h de traffic intense dans Jaipur et la moto fonctionne a merveille. J'ai peut etre herite d'une mauvaise qualite d'essence, on verra demain.
A Jaipur, apres plusieurs essais, je trouve un hotel a tres bon rapport qualite / prix, 600 roupies (10 EUR), c'est plus qu'a mon habitude mais la chambre et surtout la salle de bain les valent bien. Ah, une douche chaude avec de la pression...
Je n'ai que peu de temps pour visiter Jaipur. Mon guide / chauffeur de rickshaw (qui m'avait indique l'hotel, rickshaw a moteur cette fois) l'a bien compris et on enchaine les classiques de la ville en zigzagant comme des furieux dans la vieille ville embouteillee, 2-3 photos merci au revoir. . Nous finirons par le monkey temple, petit temple hindou qui surplombe la ville, du haut d'une colline envahie de centaines de singes. J'imagine y trouver King Louis en haut, car le chemin qui y monte est borde de ruines... Prends 2 bananes ! C'est l'heure du coucher de soleil, je fais des photos terribles.
Apres discussion avec mon guide, nous allons manger dans un resto 100% indien (poulet au curry) et 100% de clientele indienne, je suis le seul touriste et pense etre le seul pendant un certain temps, vu la facon dont on me regarde d'un air amuse. On mange tous les 4, car un petit bonhomme de 10 ans au visage malicieux est venu se joindre a nous, curieux sur qui je suis, ce que je fais... Ah oui, car en fait j'ai oublie de dire que mon guide / chauffeur de rickshaw etait 2 : le principal et l'assistant. Car le chauffeur "principal" qui parle anglais a eu un accident de rickshaw il y a 2 jours, il s'est renverse sur un bumper. Je le voyais en effet boiter severement. Et il a aussi une blessure a la tete qu'il montre a un de ses collegues... Quand je lui demande pour sa jambe, il m'explique qu'il a mal tout le temps, et que c'est peut etre casse, mais c'est trop cher pour "reparer". "Bad luck" me dit-il avec le meme air fataliste. Ici, tout est question de bad luck ou good luck, bon ou mauvais karma. Bienvenu en Inde.

vendredi 12 décembre 2008

D-6 : Agra

Hier
Je pars de chez Pascal et Virginie (merci encore, on se voit dans un petit mois) vers 9h, mais malheureusement, je sors du periphe trop tot, tourne, retourne, fait demi tour, demande mon chemin et me retrouve empetre dans un quartier populaire de la banliue sud est de Delhi. Pas vraiment un bidon ville, mais pas vraiment le genre d'endroit ou on aimerait se perdre non plus. Plus j'essaie d'en sortir et plus je m'enfonce dans un dedale de rues et ruelles sales et boueuses, pas ou peu de voitures, des gens partout... Et quand je pense avoir trouve une voie "principale", elle se retrecit au point de ne plus pouvoir faire demi-tour en moto. Je connais ma position grosso modo, ainsi que la direction theorique, mais il faut sortir de la si je ne veux pas finir bloquer par une vache, pataugant dans la m... Finalement une jeune femme parlant bien anglais m'indiquera la sortie. Apres plus d'une heure de bataille, me voici enfin sur la route d'Agra.
L'autoroute est en bon etat, je croise tranquillement a 70km/h - avec une pointe a 80-85 qui viole un peu la Bullet. Le plus dangereux, ce sont les vaches, et les maneuvres dangereuses des camions pour les eviter. Sinon, la regle est simple: priorite au plus imposant. Les pires sont les bus, qui deboulent a toute allure dans les villes et villages, en klaxonnant tout du long. Pas de grosse frayeur pour moi, mais je mettrais encore 1h a trouver mon hotel dans Agra, au milieu des velos et charettes a bras.
Fatigue par les 6h de moto, legerement fievreux (il faisait bien froid au guidon), et avec un debut de rebellion intestinale, je me couche tres tot, en entendant encore les klaxons au fond de mon crane...

Aujourd'hui
Je me reveille en pleine forme apres... 12h de sommeil! Direction le Fort d'Agra, magnifique fort de gres rouge, construit en 1565 puis modifie et embelli ensuite pendant 3 siecles. Il abrite de merveilleuses mosquees en marbre, de grandes salles d'audience aux murs finement sculptes, d'anciens harems et hammams (vides, les 2)... Cote est, il offre une magnifique vue sur la riviere, illuminee par la silhouette majestueuse du Taj Mahal au loin. Magique...
Dans le fort, je me fais aborder par un indien (voyageant seul, ca m'arrive tres souvent, surtout par des etudiants, desirant me prendre en photo avec eux... 3 fois dans le fort!) qui, apres la classique discussion de base, me touche le bras, puis me caresse l'epaule... Oops, sans facon pour moi, please, NO. De retour du fort, je me fais ramener par un vieux conducteur de tuk tuk (68 ans me dira-t-il plus tard) qui peut a peine pedaler : je dois descendre dans les cotes. Mais il parle tres bien anglais, est ne a Agra qu'il connait comme sa poche, et est d'une honnetete rare. Il me demande si l'on peut passr a un "emporium d'etat", boutique de souvenir type or, argent, sculptures, bijoux et autres pierres precieuses. Il pourra ainsi toucher une commission de 20 roupies (0.4 EUR) meme si je n'achete rien. Il me conseille un restaurant, qui se trouve etre bien note dans le Lonely. On papote, on s'arrete a la boutique, dans laquelle la aussi, le gars semble reglo et ne pousse pas "trop" a la consommation. Et ses prix sont corrects! Mon chauffeur me dira que l'exces de tourisme a cree trop d'argent facile a Agra, et a pousse a la malhonnetete...

Demain est donc prevu la visite du Taj (ferme aujourd'hui) au lever du soleil. Desole, pas de photo, je n'ai pas pu vider ma carte memoire dans cet hotel.

mercredi 10 décembre 2008

D-4 : Gentlemen, start your engine!

Hier soir, Pascal etait invité a un mariage local, je l'ai donc accompagné. C'etait pour le moins... indien. Surabondance de nourriture de tout type (chinese, south and north indian, etc) mais uniquement végétarien, et sans alcool. On assiste a une parade accompagnee par de danses, de percussions endiablées et de feux d'artifice, puis c'est l'entrée dans le magnifique jardin. C'etait la cérémonie "officelle", la vraie fete se faisant plus tard dans la semaine.
donc on a droit a tout le protocole traditionnel.
La mariée etait notamment tatouee au henné mains, avant bras et pieds, et le marié avait, entre autres, un collier de billets de banque autour du cou! Je vous mets la photo en haute definition pour que vous puissiez apprécier le niveau de détail...

Ce matin, apres un cappucino au café "lounge" du coin, 2 bananes achetées a un vendeur de rue 5 roupies (=0,08 Eur), l'éternelle negociation avec le chauffeur de rickshaw et 20min de metro, j'arrive chez Lalli Singh, le calme, froid et meticuleux patron sikh d'Inder Motors. Au fait, tous les sikhs s'appellent Singh, comme ca, pas de méprise possible.Ils mériteraient un article a eux seuls... Par exemple, quand leurs cheveux commencent a etre trop long pour tenir sous le turban (ils ne doivent jamais se les couper) ils s'attachent le tout - cheveux, barbe, etc - sous le menton... le style sikh, c'est unikh! Et comme ils ne peuvent pas enlever le turban, ils ne mettent jamais de casque sur les motos, juste une visiere.
Donc, pour la faire court, voici les étapes :

1. On règle les histoires d'argent, je laisse une partie du deposit en US Dollars, je paie pour 4 semaines de loc, avec possibilité de qqs jours extras. Ils recompteront mon argent 4 fois.
2. "Test ride", l'ingenieur essai m'emmène sur une belle route de Delhi (sur LA belle route, pardon), je prends le guidon pour la prise en main. C'est un vrai vélo, en plus j'ai le modèle avec frein a disque (mais pas de démarreur électrique - inutile, donc je kicke...).
3. Retour a l'atelier pour 1h30 de mecanique de base. Ceci etant dit, on voudrait faire de la mécanique compliqué qu'on y arriverait pas, tellement tout est simplissime sur cette bécane (démontage de roues AVT et ARR et réservoir en 3 coups de clé). Maintenance préventive ET curative. En préventif, c'est en gros la meme chose que sur n'importe quelle moto, sauf qu'il faut le faire tous les jours :-)
4. Lunch time
5. On fait ensemble l'inventaire des pièces de rechange qu'ils me laissent. C'est du genre "No problem Sir, it's a long life time part, it lasts 5 or 10 000 km. But just in case..." Just in case Murphy se pointe, quoi! Et Murphy doit etre indien...
6. Paper work, on signe des tas de documents. J'ai notamment un document, pour moi seul, qui explique la location, la caution et tout. Et un document pour le reste du monde qui dit que je suis un tres bon ami a Lalli Singh et qu'il me prete cette moto a titre gratuit. Rapport aux assurances, il parait...
7. Petit exposé des règles de circulation indienne par Lalli en personne, et des dangers particuliers de certaines routes (par exemple, un contresens sur l'autoroute, ou un arret pour telephoner ou donner a manger a des pigeons - vu en vrai! - ne surprend personne). Ceci montre en tout cas le professionalisme de cette petite boutique, justement référencée dans certains guides et forums.
8. Je suis pret a partir, mais pas sans un "pooja", qui est une benediction hindou, pour me souhaiter un safe trip through rajasthan: collier de fleur autour de la bécane, on allume un encens et on emiette de la patisserie sur le tableau de bord en récitant qqs prières, pieds nus sur un papier journal. Welcome in India.
9. Ca y est! Premier coup de kick, premier oubli du robinet de reserve (resté sur OFF) apres 100m, le bonheur! C'est l'heure de pointe (16h), mais j'arrive a me sortir vivant du traffic abominable et apocalyptique de Delhi, je retrouve GK II, le quartier ou résident Virginie et Pascal, sans sortir ni carte ni boussole. Par contre, j'ai certainement perdu 5 ans d'esperance de vie vu les kilos de particules qu'ont récupéré mes poumons! Demain je sors le masque.
10. Une fois arrivé, je m'apercois que le controle JOURNALIER du niveau d'huile moteur n'est pas superflu...

Donc demain, direction Agra, son fort et son Taj Mahal.

lundi 8 décembre 2008

D-3, Delhi

Journée d'hier
Apres un long trajet en rickshaw (le traffic est atroce), je me rends sur Raj Path, longue et large avenue du centre de New Delhi ou se deroulent traditionnellement les défilés officiels.

A son extremité est, l'India Gate, a l'ouest, la demeure du president indien. Cette partie du centre de Delhi, propre et aérée, abrite de nombreux batiments administratifs et gouvernementaux.
Je prends ensuite le metro (inauguré en 2004, il est très moderne et très propre, ce qui est plutot rarissime ici) jusqu'a Chandni Chowk, en plein Old Delhi. Une foule grouillante et misèreuse s'agite ici, on vend et on achete tout, on transporte des tonnes de trucs, on empile sur un pauvre vélo... Je me ballade la dedans, en repoussant tant bien que mal les rabatteurs. Ayant deja visité le Fort Rouge en 2006 (en meme temps, il est fermé ce jour la, ca tombe bien), je ne fais que passer devant pour aller ensuite a la grande mosquée de Jama Masjid, en vélo pousse-pousse (j'ai finalement dit oui a l'un d'eux).
Il m'emmenera dans un petit mais somptueux temple Jain, tout en marbre interieur et exterieur, puis dans le temple Sikh "Sisganj Gurdwara". Je devrais y enlever chaussures, chaussettes, objets en cuir ou tout produit avec matieres d'origine animale. Bien sur il m'emmenera aussi chex un revendeur de bijoux or et argent, et un autre de soie, cela pour toucher une commission (j'ai fait un achat dans un des 2 mais c'est une surprise).
Je finirais par le memorial de Gandhi, assez decevant, puis retour en metro (9 roupies) et en rickshaw (100 roupies, aie, il est temps qu'ils le finissent, ce metro!)

Aujourd'hui
Je pars sur Connaught Place pour choper un plan GRATUIT de la ville, dans l'office de tourisme officiel gouvernemental. Puis re-metro jusqu'a Karol Bagh, quartier peu touristique mais tres animé. Bon, la rue de mon loueur d'Enfield n'est sur aucun plan, ca promet. Je rentre dans des boutiques diverses et variees pour trouver qqn qui parle anglais. J'apprends la lecon indienne num. 17 : toujours demander son chemin a au moins 5 personnes differentes, et ne suivre la direction indiquée que si au moins 3 reponses se recoupent. Je trouve le quartier des revendeurs de pieces de voiture - ca ne doit plus etre loin...

Inutile de dire que c'est le chaos total, on desosse les voitures a meme le trottoir (enfin, dans le caniveau), on soude, on presse, on monte des enjoliveurs flambant neufs sur des épaves roulantes, on monte des sonos et on verifie des clims. Il doit y avoir environ 150 petites echopes qui fabriquent des plaques d'immatriculation, et autant qui vendent des housses de siege. Finalement, dans une ruelle, apres avoir demandé un billion de fois, je trouve Inder Motors! Aucune vitrine ni devanture, juste une petite plaque sur une porte qui descend dans un atelier en sous-sol... Mais c'est tres propre, il y a plusieurs employes propres sur eux qui parlent anglais (yes my friend, you happy, me happy), et on retrouve meme mon email envoyé 5 mois plus tot. Bref, je prends rendez-vous pour demain, pour prise en main, maintenance journaliere, et instructions de reparations. Je prevois donc de rentrer chez Pascal et Virginie demain soir avec pour partir pour Agra jeudi matin aux aurores. Je retrouve le metro en sortant de Karol Bagh, puis je rentre ensuite avec le rickshaw le plus POUSSIF de Delhi, conduit par le chauffeur le plus hargneux... Watcha, ca vaut bien le Space Mountain de Mickey niveau adrenaline!
Ce soir je vais a un mariage indien avec Pascal, je pense qu'il va y avoir du beau sari au mètre carré... A plus les loulous (les autres photos sont sur facebook)

dimanche 7 décembre 2008

D-1 : London - Helsinki - Delhi

Apres 2 jours enchanteurs a Londres avec Kath, vol vers Helsinki, 7h d'attente en transit, puis vol de nuit vers Delhi. Pour une raison inconnue et assez incomprehensible, j'ai un siege... en business class! Valable... Pascal et Virginie m'accueillent tres genereusement a Delhi, premiere journee avec eux et des amis expatries, histoire de s'impregner en douceur de Delhi sale, bruyante, poussiereuse et polluee... Demain commencera la vraie immersion dans le Old Delhi, j'espere pouvoir vous mettre qqs photos!

mercredi 3 décembre 2008

D-3, prologue à Paris

Je profite de l'escale chez ma soeurette pour faire une grande ballade de plusieurs heures dans Paris. Aprés le départ de la maison familiale ce matin, il est évident que le voyage commence là, à Paris... il ne pouvait que commencer par là !
Et je m'y sens déjà "sur la route", spectateur de l'agitation parisienne, prenant le temps d'observer et de savourer une dernière fois les classiques : Louvre, Notre Dame, Luxembourg, St Michel, Pantheon, quais de Seine, par une nuit fraiche et claire... Preuve en est une nouvelle fois que le voyage est une histoire d'état d'esprit et non de distance... Le temps d'une dernière bière avec Laura - éternelle amoureuse de Paris - et je reviens chez Caro pour faire un petit becot à mon neveu Oscar (si vous ne le connaissez pas encore, aller voir sur Télé Oscar )
Demain direction Londres, pour retrouver Kathleen pour 2 jours! Longue vie aux relations franco-québécoises...

mardi 2 décembre 2008

D-4, Reugny, France : trajet, planning et sac à dos...

Voici le périple prévu:
Dates d'arrivée dans le pays :
Inde (Delhi) : 7 décembre
Népal (Katmandou) : 10 janvier? (trajet en train de Delhi à Katmandou)
Hong Kong : 20 janvier
Ho-Chi-Minh Ville (Vietnam) : 23 janvier (puis départ d'Hanoi)
Bangkok (Thailande) : 10 février
Singapour : 26 février
Bali (Indonésie) : 4 Mars
Sydney (Australie) : 19 Mars
Vols intérieurs vers Adelaide, Alice Springs, Darwin et Cairns
Auckland (Nouvelle Zélande) : 29 avril (Aller retour aux Fidji??)
Papeete (Tahiti) : 11 juin
Ile de Pâques : 6 juin
Santiago (Chili) : 3 juillet
Lima (Pérou) : 25 juillet?
Paris : 10 aout, avec, si possible, une escale à Montréal en repartant. Si pas possible, on attendra l'aller simple à Montréal prévu en septembre. Mais prévoir à long terme est un peu illusoire au regard du programme qui m'attend.

Le contenu du sac à dos :
Vetements : 1 pantalon + 2 pantacourts, 8 sous-vetements et chaussettes, 1 sweet capuche, 1 polaire thermo protectrice, maillot de bain, 1 paire de chaussures de rando, 1 paire de sandales, 4 tee-shirts manches longues et 4 manches courtes + 1 tenue complète "propre" pour les voyages en avion.
Guides : 5 (pour tenir jusqu'en Australie) + carte Inde du nord, Vietnam, Thailande, Nepal + cartes de ville
2 passeports, 1 permis international, cartes de plongée, d'assurance, de crédit, de vaccination, carnet de plongée, copies des billets et papiers d'identité
1 disque dur portable 160 Mo, cartes mémoires, 1 lecteur audio vidéo MP3 8 Go (avec les photos de la famille et de K), 1 blackberry, les chargeurs pour tout ça, 1 adaptateur secteur international
1 appareil photo type bridge Lumix DMC-FZ18 + pied + chargeur
1 trousse de premier secours (pansements, désinfectants, compresses, SteriStrip), 1 seringue, crême solaire, anti-moustique, baume du tigre, serum physio, anti-inflammatoire, anti-diarée et anti-bio intestinal, 1 trousse de toilette standard (incluant bouchons d'oreilles)
1 jeu de carte, dés, crayons de couleur et stylo, carnet de voyage, livres (Shantaram, La nuit des temps, Lord of the Flies, On the road), 1 boussole, 1 couteau suisse, 1 boite de foie gras de canard du Quebec (pour mon Noel !!!!), 1 lampe de poche rechargeable, 1 paire de lunettes de soleil, des Euros, des livres GBP, des roupies INR, des dollars USD, 1 chapeau, 1 boite d'allumettes et un briquet
1 sac à viande, 1 petite moustiquaire
Pour l'Inde : 1 casque de moto + gants + masque anti-pollution + araignée + élastique (pour arrimer les bagages), je compte renvoyer ceci lorsque le périple en Royal Enfield Bullet 350cc sera fini.

Comme dirait une personne qui m'est cher : c'est pas si pire !
Bon, je suis un peu dans le rush là, il me reste à télécharger toute ma musique...