jeudi 30 juillet 2009

Le dernier "big one" du periple : el Machu Picchu

Aguas Calientes, la ville a partir de laquelle partent les bus pour le Machu Picchu (a 8km de la), est une monstruosite urbaine. Ca me fait tout a fait penser a une station de ski : un milliard de restaurants, du mini-fastfood criard a la pizzeria-grill sur 3 etages decoree inca, en passant par tous les styles (mais tous laids, chers et a priori mauvais), un demi-milliard de boutiques de souvenirs, des hotels et des epiceries, sans oublier les internet cafes, le tout construit a la va-vite dans des batiments sans ame. Et tout le monde s'en contente pour une nuit.
L'auberge Wasi Inti a un certain charme, avec sa cour interieure et ses chambres tout en bois, enfin il faut aimer aussi la tole ondulee et les toits qui fuient. Mais ils ont un lit pour moi, et vu l'heure d'arrivee et le prix (20 soles), je ne me plains pas. Je file ensuite a la billeterie, ou le racket continue : 124 soles pour le Machu Picchu, non inclus le ticket de bus (30 soles en bus). Du coup je decide que, non, on ne me depouillera pas plus : je monterais a la grosse montagne (traduction de Machu Picchu) par mes propres moyens. Ce qui veut dire partir a maxi 4h du matin pour etre la-haut a l'ouverture, et 8km de montee de nuit. Mais bon, le Machu Picchu, ca se merite, se la faire trop facile enleverait le charme et la magie du lieu.
Pour l'anecdote, dans la nuit, le chat de l'hotel (avec qui j'ai echange quelques amabilites) saute sur mon lit, et je pousse une sorte de "cri qui tue", forcement surpris par cette intrusion dans mon espace vital. Je pense que j'ai fait grosse impression dans le dortoir.
Je me reveille sans reveil a 3h45, ca doit etre l'excitation. Excitation immediatement ponderee par le bruit de la pluie sur la tole ondulee. Arg. Mais bon, je disais quoi, hier soir? Ah oui, le Machu Picchu, ca se merite...
Et c'est parti. J'avais prevu le petit dej en route, barres de cereales et yahourt a boire. Il ne pleut pas trop fort mais continuellement, et comme j'ai super chaud a monter, je suis vite trempe a l'exterieur comme a l'interieur (ca condense). Quand le jour pointe doucement son nez, je prends conscience du relief incroyable autour de moi : vallees et pics de granit couverts de jungle. Mais entre 5h45 et 6h05, mes dernieres 20 minutes, 8 bus m'ont deja double : je ne serais pas l'un des premiers a rentrer. Le but de la manoeuvre etait aussi d'obtenir un des 400 tickets quotidiens (gratuit!!!!!) pour monter au Wayna Picchu (petite montagne), l'espece de pain de sucre en granit qui surplombe le Machu Picchu. S'y trouvent bien sur des ruines incas, mais surtout c'est une montee impressionante sur le sentier parcouru a l'epoque par les incas, aboutissant a un point de vue magnifique sur le site et le paysage environnant. Mais apres avoir passe l'entree principal du site, je me rends compte que tout est blanc autour de moi, on voit a peine la terrasse suivante. Ca sent le MAchu Picchu dans les nuages. Arg. Du coup je laisse tomber le plan Wayna Picchu, pas envie de courir a l'autre bout du site et attendre pour avoir un ticket pour plus de nuages. Un peu la mort dans l'ame, je continue a monter le long des terrasses, au sud du site.
Et la, alors que je comtemple la brume, celle-ci s'evanouit en quelques secondes, et le Machu Picchu apparait devant moi. J'etais en fait proche de la "hutte du guardien de la pierre funeraire", un des meilleurs points de vue pour apprecier le site dans sa globalite. Wahou. A couper le souffle. Le ciel est toujours gris mais la brume est descendue d'un seul coup dans la vallee, et la pluie a cesse. Yes.
Pas la peine d'encenser le site, les photos parlent d'elle-meme et la reputation de cette magnifique citadelle inca n'est pas usurpee. Les lamas qui paissent tranquillement au milieu de la "plaza central" ajoutent a la magie du lieu. Vagabondage tout d'abord dans la partie nord-est (zone residentielle et industrielle) puis arrivee devant l'entree du sentier vers le Wayna Picchu. Je demande s'il reste des tickets : non, tout est parti. Mais en baragouinant espagnol avec le gars, il me dit que, si les 200 premiers sont rentres a 7h, les 200 suivants vont rentrer a 10h. Or il arrive que lors de cette 2ieme session, certaines personnes ne se presentent pas, faute de temps. Du coup, si j'attends, il y a peut etre une chance que je puisse rentrer. Hmmm, il est 8h20, et de toutes facons mes jambes me hurlent de faire une pause, donc oui, je vais faire le poireau devant l'entree. D'autres "sans-ticket" arrivent, et du coup l'attente s'organise, mais je serais bel et bien le 1er. Par chance, le 2ieme est un jeune parisien (tres parisien meme), qui a fait avec ses potes la trajet "a l'arrache" pour Aguas Calientes, sans prendre le train, du coup la discussion fait passer le temps un peu plus vite.
A 11h05, 183 personnes avec ticket sont rentrees (certains se sont leves a 2h45 pour etre la, pire qu'un concert de Madonna...), et 17 derniers chanceux, moi en tete, s'attaquent a la montee. Et pour couronner cette "victoire", le soleil fait son apparition. Les Dieux Incas (et surtout "Inti", le dieu solaire) sont avec nous!
La montee est longue, rude, abrupte, etroite et glissante. Mais la recompense est au bout... Seul hic, tout en haut du Wayna Picchu, pas beaucoup de place, c'est un amas de gros rochers ou les spots "photogeniques" pour apprecier la vue sont plutot chers. J'ai l'avantage de ne pas avoir le vertige du tout et d'etre a l'aise pour grimper sur les rochers, du coup je me trouve mon petit coin tranquille, en laissant certains touristes s'engueuler pour un centimetre carre.
J'y resterai 2 heures, photos, pique-nique, grimpette, sechage d'affaires et contemplation. Ce timing me permet egalement d'eviter le gros du flot de touristes entre 10h et 14h (ceux qui font l'aller-retour en train depuis Cuzco). Je redescends apres leur depart pour visiter la partie ouest, ou se trouvent les principaux temples, places sacrees et autres. Les fouilles archeologiques y continuent. La pierre sculptee nommee Intihuatana, au sommet du temple du soleil, degage une energie mystique particuliere. Impossible de ne pas se sentir impressionne par ses formes simples et pures et son emplacement dominant tout le site et les vallees environnantes.
Je redescends a Aguas en bus, car ca fait quand meme 12h que je marche, toujours a monter a ou descendre...
Le soir, je retrouve les 2 soeurs pour un enormissime diner dans un resto francais, a priori le seul endroit digne de ce nom de la ville. Une des soeurs est une voileuse, et la deco, plutot TRES chargee, variee et kitsche, presente quelques vieilles pieces de bateau. Du coup, elle engage la discussion avec le patron, qui se trouve etre intarissable sur son restaurant et sur les tres nombreuses aventures de sa vie, tout a fait dans le genre "histoires de marin." Du genre quel cap prendre quand on arrive de Panama en voilier et que tu veux rentrer dans la passe des Marquises sans te faire harponner par le recif... On ne peut plus l'arreter, il veut nous donner le contact d'un de ses potes au Galapagos qui peut nous trouver des ptits boulots, etc, etc, etc, etc etc etcetcetc... Un personnage.
Mon train est a 9h le lendemain, je repasse par Olataytambo puis Urubamba, dans des collectivos toujours aussi surcharges. De retour a Cuzco, j'ai du mal a trouver un lit libre, mais finis par bonheur par trouver un bon deal, une grande chambre double dite "matrimoniale", pas mal decrepie mais avec une vraie douche chaude (dommage qu'il n'y ait plus de lumiere dans la salle de bain), pour 20 soles, dans le quartier boheme de San Blas. Le soir, je me remets de ces emotions machupichesques avec un pisco sour dans un petit bar branchouille qui sert des crepes au chocolat et des shishas a la pomme - entre autres. Un excellent petit groupe jazzy/bossa y joue, et je papote avec la jeunesse doree de Cuzco.
La visite de ce merveilleux site inca, largement a la hauteur de mes attentes, sonne un peu la fin du periple, en tout cas le dernier gros morceau. La prochaine etape sera Arequipa, et le Cañon del Coca, le 2ieme plus haut du monde (le 1er etant son voisin, a 200km de la), ses trecks, ses condors, ses habitants quechuas et son mal des montagnes. J'abandonne l'idee de visiter le nord du Perou, et ses sites archeologiques encore proteges perdus dans la jungle en bordure d'Amazonie. Idee excitante en soi mais apres 9 mois de voyage, l'envie de rentrer se fait maintenant sentir. Et il faut aussi en laisser... pour la prochaine fois.

jeudi 23 juillet 2009

La Valle Sagrado : Pisaq y Olataytambo

Je chope donc le bus local pour Pisaq, les seuls autres Gringos etant un couple d'espagnols. Le reste des passagers sont des locaux, ca transporte tout et n'importe quoi dans ces grands tissus roses colores en bandoliere, mais surtout des bebes, et, hmmm, ca sent un peu le lama dans le bus. Une fois arrive a Pisaq, les "touristicuzcosiens" ne sont pas encore la, donc je commence la marche completement seul dans les terrasses incas. Comme j'ai du temps, j'ai bien sur choisi de faire la boucle a pied, 10km, des bonnes montees, mais un paysage absolument grandiose. Il n'y a pas a dire, ces Incas savaient choisir leurs endroits. Pisaq-les-ruines (different de Pisaq-le-pont) possede plusieurs sites, dominant les 2 vallees adjacentes, et surplombant de grandes terrasses. Et cote montagne, il y a cet hallucinant gruyere dans la roche, qui sont en fait des milliers de tombes incas, visitees il y a longtemps par les celebres pilleurs de tombes a la recherche d'or. L'acces est bien sur interdit, mais on distingue encore a la jumelle certains ossements. Je finis par croiser la "foule" (bon, j'exagere un peu...) puis reviens finir ma boucle en haut d'un magnifique mirador, pour mon traditionnel pique-nique pain/thon + bananes. Le temps est maussade mais ca n'enleve rien a la magie du lieu.
Apres ma seance d'Internet, je recherche un resto, mais a 21h30, tous les commerces autour de la place (cote touristique du village) sont fermes. Du coup je repars vers le coin local, ou regne bien sur un joyeux petit bordel, ca mange dehors malgre le froid, les vieux papotent avec les jeunes alors que les marmots ne sont pas encore couches. Je demande si je peux "diner", et on m'amene illico le diner du soir, soupe copieuse + plat principal (heureusement, avec du riz). JE dois frapper comme une mule a la porte de mon hotel pour qu'on vienne m'ouvrir.

Depart vers 6h30 pour Urubamba, 2 soles pour 1h30 de route, puis changement de bus a Urubamba, cette fois c'est un petit "collectivo", un de ces mini-vans amenages. Le principe, c'est d'abord d'attendre que le minivan soit plein (mon sac est mis sur le toit avec une brouette et les sacs de cereales) pour partir pour Olataytamba (18 personnes quand meme). Et ensuite, s'arreter en route pour prendre les derniers passagers. C'est a dire qu'on se retrouve avec 2 momes sur les genoux, quand ce n'est pas une vieille mamie indienne et ses sacs de viande. Record a battre : 24 personnes. Et la langage que j'entend parler a cote de moi n'est pas de l'espagnol : c'est du Quechua...
A Olataytambo, je pose mon sac dans un cafe-resto a l'ecart de la place principale pour un petit dej tardif. Il s'est vraiment mis a pleuvoir, mais je ne suis pas du genre a rester enferme, donc visite des ruines qui dominent la ville. Le site est moins impressionnant que Pisak mais vaut le deplacement, meme si le deplacement est plutot humide et boueux. De retour au petit resto pour prendre mon sac, je retrouve Sixtine et Alix, 2 soeurs rencontrees a Arika et qui ont reconnu mon sac a dos et ses drapeaux cousus. On se donne rendez-vous pour une bonne bouffe entre francais le lendemain soir a Aguas Calientes.
Et je prends donc mon train pour cette ville, ultime etape avant le celebrissime Machu Picchu. Cette histoire de train est un racket organise. Peru Rail ayant le monopole, c'est le seul moyen decent pour aller a Aguas Calientes, les autres alternatives etant : le treck a plusieurs centaines de $, ou bien le "chemin des crevards, par Santa Maria et Santa Theresa, taxi + marche le long de la voie ferree, via plusieurs cols et des routes bien plus dangereuses que la "death road" de Bolivie. Et bien sur c'est cher, et sujet aux nombreuses greves peruviennes...

mercredi 22 juillet 2009

Cuzco

Apres cette derniere mise a jour du blog, j'ai teste pour vous la truite du lac Titikaka pour diner, trucha a la plancha, dans un petit resto sympa de Copa Cabana, pour 3 EUR. Agreable. Je sens que je ne suis pas au meilleur de ma forme, mais bon, demain sera un autre jour.
Je ne pensais pas si bien penser : apres le mal des montagnes, c'est le retour , en fanfare si j'ose dire, de la tourista... certainement due a un coup de froid ou de fatigue loe au mal des montagnes plutot qu'a la nourriture. Bref, je decide de partir pour le Perou le matin meme, en zappant la Isla Del Sol. A grand renfort d'Imodiun bien sur. Le passage de la frontiere par voie terrestre, a Kasani, se passe sans encombre, le meme bus pouvant continuer d'un pays a l'autre. Les premiers kilometres revelent un Perou tres agricoles, nous longeons les cultures du bord du lac, les paysans travaillent une terre seche, entoures de betail : vaches, cochons, lamas, moutons, anes. Une fois arrive a Puno vers 11h, j'apprends qu'il n'y aura pas de transport pendant les 2 jours suivants pour cause de greve (sport national peruvien), donc je rebooke un trajet en bus pour Cuzco pour le soir meme, a 19h, mais en rachete finalement un pour 16h, apres m'etre rendu compte que le 1er me faisait arriver a 1h du mat'... Et de toutes facons, le temps a Puno est maussade, aucune envie de rester dans le coin. Bien sur, je recroise une x-ieme fois la famille australienne : on se suit sans le vouloir. La route jusqu'a Cuzco est assez affreuse : mauvais temps, travaux, arrets prolonges, controles, et arrivee tardive un peu apres minuit. Peu de taxis en arrivant a Cuzco, on dirait que la greve a commence... Je suis reduit a chercher une piaule dans Cuzco a 1h du mat, la plupart des portes des auberges sont fermees, et les premieres sont bien sur pleines. Finalement je finis dans une des pires chambres du voyage, genre celle de la frontiere nepalaise, humide, cloquee, pourrie, matelas prehistorique, toilettes communes sales et odorantes. Je me couche tout habille et me leve tot pour chercher un autre toit. Apres plusieurs essais, je finis par trouver une chambre double a prix modeste (9 EUR) dans une auberge propre et superbement placee, avec une vue imprenable sur la ville, notamment la Plaza de Armas.
La ville justement est aussi magnifique que touristique. Petites rues en pente bordees de batiments coloniaux, innombrables eglises, vestiges de murs incas a partir desquels de nouveaux batiments ont ete eriges. Et restaurants, boutiques de souvenirs, etc, bref la classique combinaison. Mais elle n'en reste pas moins tres agreable a visiter.
Ma premiere rencontre avec les ruines incas se fait a Saksaywaman, l'ancienne forteresse qui domine la ville. Je me cultive sur cet empire inca, a l'histoire finalement breve mais grandiose. Le site est bien sur magnifique mais pas vraiment sauvage. La particularite de l'architecture inca est cet alignement parfait des pierres taillees polygonales (on depasse meme le dodecagone dans certains cas...). Je m'offre un assez bon resto un peu a l'ecart, soupe de quinoa, alpaga a la plancha et crepe choco. Le lendemain est une journee tranquille, je perds 2h a essayer de faire debloquer mon telephone chilien, sans succes, puis je fais mes plans pour la suite. Le but du jeu est de voir la Vallee Sacree et le Machu Picchu, en evitant les tours organises depuis Cuzco. N'ayant pas reserve, je ne peux faire les trecks classiques jusqu'au Machu Picchu, et de plus le budget est assez colossal, en moyenne 400 US$. Il y a bien le "Inca Jungle Treck", incluant VTT et autres rejouissances, mais comme il emprunte des chemins sur lesquels le nombre de participants n'est pas limite (au contraire de l'Inca Trail), c'est a priori bonde de jeunes backpackers faisant la fete pendant les etapes... et c'est encore 200 US$. Bref, ca sent le DIY.
Le plan : bus local jusqu'a Pisac (2,40 soles), nuit sur place, puis bus local jusqu'a Olataytambo (4 soles), ces 2 lieux etant les 2 principaux sites de ruines de la Valle Sacree, puis train jusqu'a Agua Calientes le soir meme (moins cher que ceux du matin), au pied du Machu Picchu. Nuit sur place, Machu Picchu au lever du soleil (donc avant la horde arrivant de Cuzco a 10h) jusqu'au coucher, re-nuit a Agua Calientes et retour sur Olataytambo, et retour a Cuzco en bus local.
Je n'ai pas pu avoir le train a 31 US$ a l'aller, mais celui a 43US$. Je pense donc faire 2 tours en un pour quelquechose comme 120 USD.
Pour le dernier soir a Cuzco, pas de folie, une Sopa a la criolla dans un bouiboui agremente d'un pain du marche et d'une brochette de coin de rue - qui a priori me jouera des tours le lendemain...

dimanche 19 juillet 2009

Bolivie - pas prevue mais bonne surprise!

Le premier choc en venant du Chili, c'est le cout de la vie : je retrouve des prix idem Inde ou Asie du Sud-Est, moins d'1 EUR pour manger dans la rue (comprenant empanada + fruits), de 4 a 5EUR maxi dans un restaurant digne de ce nom (a La Paz), hotel : 5 EUR chambre simple avec salle de bain privee (3 EUR a Copacabana, sur les bords du Titikaka...) Donc fini les dortoirs :-)
La 2ieme chose, c'est le cote beaucoup plus depaysant (ca va souvent de paire): les femmes portent ici le costume traditionnel, c'est a dire la robe claire, le chale tres colore et souvent orne de bijoux, le chapeau noir, et la "hotte" typique qui sert a porter tout et n'importe quoi, bebes, fruits ou legumes, pains, vetements, en general rose a bandes colorees. Et je retrouve les "marches de rue" ou tout est etale sur un morceau de tissu, viandes et poissons compris, le traffic bordelique, les cireurs de chaussures, etc. Peu de rabatteurs cependant, on peut se promener en ville sans se faire accoster toutes les 3 minutes. La Paz en elle-meme est impressionnante, la ville grignotte les montagnes qui l'entourent, defiant les lois de la gravite urbaine pour ainsi dire...
Je passe la premiere journee a marcher un peu partout, en croisant ca et la les corteges du festival, et me perdant dans les banlieues "chics" qui dominent la ville, a la recherche d'un point de vue photogenique. Le soir, je mange chez "Youssef", excellent restaurant libanais, je ne sais pas pourquoi, j'avais envie d'un bon homos et quelques fallafels.

Le lendemain, est prevu le fameux tour en VTT intitule "la route la plus dangereuse du monde", en tout cas vendue comme telle dans les guides et sur les affiches publicitaires des agences de voyage. Il s'agit en fait de 64km de descente (pour 3600m de denivele), tout d'abord sur une route goudronnee, puis sur une etroite piste de 4m de large, bordee de falaises dont certaines atteignent 600m. Depuis 2 ou 3 ans, une autre route a ete ouverte, ce qui fait que le trafic a tres sensiblement diminue, et les accidents aussi : plus de bus ni de camion, quelques rares voitures qui montent mais des hordes de VTT assoiffees d'adrenaline qui descendent.
Faites une petite recherche dans les images Google "death road bolivia" pour avoir une idee de la chose...
Pour 25 EUR, il y a le transfer aller en minibus, boissons, petit dejeuner, dejeuner, snack, equipement de base et "voiture balais", et bien sur le retour en sens inverse. Bon, les VTT etaient un peu daubiques compares a ceux d'agences plus reputees, mais les freins etaient la, c'est l'essentiel.
La 1ere partie, goudronnee donc, se fait au dessus des nuages : l'air est vif, le soleil fort, le paysage magnifique et tourmente; mais entre les pauses photos, on regarde plutot la route qui defile vite, tres vite. En passant, le guide nous montre une carcasse de bus a 60m en contrebas... Sympa... Apres un petit passage plat, nous voici enfin sur la partie reputee dangereuse, mais elle est maintenant completement dans les nuages, on ne voit pas a 50m... En bas, du blanc, en haut, du blanc. Du coup, la route parait a peine impressionnante, et on a vite fait de filer bon train sur la piste humide. Quelques percees dans le brouillard nous permettent d'imaginer le paysage de falaises autour de nous. Les 25 derniers kilometres, ou la route s'elargit un peu, se feront heureusement par temps clair. Consequence : on accelere le rythme, ca recherche l'aerodynamisme, ca trajecte sec... Grosse sensation donc, grand sourire et enorme buffet a l'arrivee, a 1200m alt., puis c'est la remontee somnolente jusqu'a La Paz.

Le matin suivant, depart a 8h, pour Copacabana, au bord du lac Titikaka, une des perles de cette region. 3,5 heures de bus pour 2,50 EUR... Effectivement, la petite ville est magnifique, tres "locale" meme si tres touristique. La surface du lac se trouve a 3800m, les collines environnantes culminent donc a 4000 maxi. A priori pas de quoi effryayer un Nico Autour De La Boule. Je marche donc un peu dans la ville et monte au rocher de la Vierge (a peine 150m de montee) pour profiter du point de vue sur le lac et la ville. En redescendant, j'ai un serieux serieux coup de pompe. Le mal de crane, apparu timidement les 2 derniers soirs a La Paz, revient cette fois franchement. Bon, j'avais achete de l'aspirine, je m'en retourne a l'hotel pour en prendre et m'allonger un peu. Il est 14h, je ne ressortirais pas du lit avant le lendemain matin 8h... Je ne connaissais pas le mal des montagnes, mais cette fois, c'est bien ca : nausee, grosse fatigue, migraine, etat fievreux, et meme vertiges en se levant... Je pense que ca vient du fait d'etre descendu a 1200m puis remonte a pratiquement 4000 en moins de 24h. Precedemment, l'ascension (notamment jusqu'a La Paz) avait ete progressive, laissant au corps le temps de s'habituer.
Ce matin, ca allait mieux, mais pas au point de louer au velo comme j'avais pense. Du coup, j'ai loue... une moto! Une 125 2-temps qui ma foi marchait plutot pas mal sur les pistes des collines longeant le lac. Et elle m'a permis d'atteindre sans effort de petits villages isoles et des points de vue magnifiques sur cet immense Titikaka, sur l'ile du soleil, et sur la Cordilliere enneigee au loin...

Demain, rando a la journee sur l'ile du Soleil, et depart apres demain pour Puno, Perou. Il faudra definitivement revenir en Bolivie, je n'en ai eu qu'un bref apercu, mais ce pays offre de nombreux autres attraits (sites archeologiques, lac sale d'Uyuni, jungle amazonienne...). Au regard du cout de la vie, je pourrais y rester plus longtemps, mais je veux passer du temps au Perou. Et le temps file...

Putre, Chili - ou comment j'aide a forcer la frontiere bolivienne...

Ross, le matinal proprio de Sunny Days, me conduit lui-meme dans la banlieue d'Arica, d'ou part le bus pour Putre. Les 3h de route offrent un superbe paysage "altiplanien", surtout lorsque nous passons au dessus de la mer de nuage, dominee par les montagnes arides. La vallee de Putre (3530m) est plutot fertile, et le village est un petit San Pedro de Atacama, sans le charme des maisons en Adobe mais egalement sans les hordes de touristes. Au Chakana Mountain Lodge, le dortoir est plein, donc je me vois offrir la chambre d'amis dans la maison principale, en plus du petit dejeuner gargantuesque (fruits, cereales, pancakes...) qu'on me fourre sous le nez a peine arrive. De ma fenetre, je vois l'enclos des 2 sympas alpagas qui gardent les lieux...
Je me fais une belle ballade de 4h dans les canyons alentours, mais des que ca monte, je suis terriblement essoufle : l'altittude se fait sentir. Le soir, je papotte avec une famille d'Australiens de Byron Bay, dont le plus jeune fils (6ans) a visite le tres basique hopital de Putre pour cause de mal des montagnes carabine. Pas cool... Ils ont prevu d'aller en Bolivie mais sont inquiets des barrages des derniers jours.
Le lendemain, j'avais prevu de faire un tour dans le parc national de la Lauca, par l'intermediaire de l'hotel, mais le boss, qui n'est pas la, appelle pour prevenir que je suis le seul touriste, donc ils ne vont pas partir. Ce n'etait que le coup d'envoi d'une folle journee. Car du coup, je decide de partir le jour meme pour la Bolivie, de toutes facons le trajet pour La Paz passe a travers le parc national, la frontiere se trouve meme a un des points les plus hauts de l'Altiplano, 4600m.
Effectivement, la route est superbe, mais j'ai recupere la place 50, donc tout au fond, et je laisserai finalement ma place aux fistons australiens, assis sur les genoux des parents. A la frontiere chilienne, on poirreautte 1h sans pouvoir sortir du bus, puis on nous transfere dans un autre bus (dont les places vont jusqu'au numero 46, donc qui se retrouve debout?), collecte des passeports, encore 30min d'attente et redistribution des passeports, et enfin depart. Dans le "No Man's Land" entre les 2 frontieres, la route est jonche de grosses pierres sur 10km, vestiges recents des barrages des jours precedents : le bus zigue-zague entre les tas. Lorsqu'on arrive au poste bolivien, le chauffeur nous informe qu'il y a au moins 1h d'attente. Ca grogne, mais au moins on peut descendre. Pas pour longtemps, car il fait tres froid et le vent sec souffle une poussiere tres desagreable. Absolument tous les petits commerces autour du poste frontiere (il n'y en a pas moult mais quand meme) sont fermes, aucun endroit ou s'abriter, et le bureau d'immigration a portes closes. Ca sent pas bon. Il y a bien quelques militaires, mais ils restent dans leur coin et ne donnent aucune information. D'autres bus arrivent, des 2 cotes, la file de vehicule s'allonge et les passagers, a 80% chiliens ou boliviens, s'impatientent devant la barriere cadenacee. Une proposition est faite de transferer les passagers d'un bus cote chilien dans un autre cote bolivien et vice-versa, chaque bus retournant a sa destination de depart, mais ca n'a pas l'air si simple.
Finalement, apres 4h d'attente, un des chauffeurs d'un bus bolivien s'empart d'une grosse pierre, et tente de faire sauter le cadenas, pendant qu'une trentaine de passagers (la plupart des chiliens, plus quelques touristes qui sont arrives la en premier, y compris moi et le pere australien, dont le fils a recommence a se sentir mal, pas etonnant vu l'altittude) pousse sur la barriere... La cadenas casse rapidement, notre bus s'engouffre donc dans la seule voie ainsi liberee, on court derriere, le bus s'arrete quelques centaines de mettres plus loin, apres la file. Tous les passagers crient alors "Vamos" mais reste toujours le probleme du visa. Donc ca discute, ca argumente, certains pensent pouvoir regulariser la situation a La Paz, mais le gros hic est que le lendemain et le jour suivant sont feries (fete nationale, en plus 2009 est le bicentenaire de l'independance, big time!), ensuite c'est weekend, bref, ca fait 4 jours en situation illegale dans un pays fortement police. Finalement, un gars arrive au bus pour annoncer que le bureau est ouvert, et qu'ils acceptent de regulariser les etrangers! Donc recollecte de passeport, un espagnol nomme Jesus suit notre chauffeur jusqu'au bureau, encore 45min d'attente, et enfin les precieux documents reviennent. Australiens, bresiliens, francais et espagnols ont pu avoir leurs tampons, ainsi que la plupart des chiliens, mais certains ont ete refuses (notamment 2 equatoriens), sans explication aucune. Et entre temps, un nouveau cadenas a ete mis a la barriere... Bref, apres 6h de passage de frontiere, on prend enfin la route vers La Paz.
Maigre consolation, le magnifique coucher de soleil sur l'Altiplano, que je comtemple debout au milieu du couloir...

En debarquant a La Paz a 22h30, j'etais un peu inquiet de cette arrivee tardive et de la recherche d'hotel dans les rues dersertes, sac a dos au dos... Ahaha, la bonne blague... La fete nationale a commence, c'est un immense festival qui a lieu dans la ville!!! Des la sortie du terminal des bus, on voit les femmes en costume traditionnel danser au son des orchestres, il y a des petits stands de bouffe partout, la rue principale est bondee, majorettes, fanfares, processions, feux d'artifice, tout le monde semble defiler, du club de motards au college catholique de jeunes filles, en passant par les cliniques, les associations de defense des indiens, et meme certaines entreprises privees... Du coup, apres s'etre poses a l'hotel Torino - une sorte de musee vivant, pionnier du tourisme a La Paz, 93 ans de service dans un vieil immeuble coloniale renove dans les annees 50 - nous ressortons (avec Jesus) pour assister aux defiles, malgre la fatigue nerveuse. Viva La Paz!!!!!!!

samedi 11 juillet 2009

Arica Blues Explosion

Peu apres cette arrivee matinale, j'arrive a me faire indiquer tant bien que mal la direction de Sunny Days, une auberge de jeunesse tenue par un vieux et sympathique neo-zelandais. Cette adresse est de tres loin ma meilleure du Chili : petit dejeuner gargantuesque, avec buffet de fruits et de cereales (cheres au Chili en general), cafe, the, pain et jus a volonte... Byzance! La ville est tres agreable, en bord de mer, belle plage et chouette rue principale pietonne, nombreux commerces, transports en commun faciles, etc. Du coup, sur un coup de tete, en passant devant l'"institut des arts et des langues", je decide de m'inscrire pour une semaine de cours intensifs d'espagnol! Je suis en effet tres frustre de ne pas pouvoir me faire comprendre lors d'achats ou autres. Je passe une agreable soiree en compagnie de Jordan, un americain de LA, et un couple de jeunes neo-zelandais de mon age, elle d'origine quebecoise et lui gallois.

Le lendemain, c'est ma premiere lecon avec Rodrigo, en cours particulier. Muy bien. Et a peine sorti des 3 heures de cours, je tombe sur mes 3 comperes de la veille, attables devant un pichet de biere dans la rue principale. Bon, OK, il n'est que 13h, ca sent le traquenard, mais pourquoi pas...
...
Beaucoup, BEAUCOUP plus tard, vers 22h, dans le grand salon convivial de l'hostal, Richard chante le blues de sa voix puissante et caverneuse, Jordan fait des percus sur la table en revant de toutes les destinations dont nous lui avons parle avec un entrain tres ethylique, je m'enflamme joyeusement sur la guitare disponible de l'auberge, et Melanie s'efforce de cacher le sac contenant les cadavres de trop nombreuses bieres... Ca me permet d'apprendre des le lendemain l'expression "tener la caña", avoir la gueule de bois, en espagnol...

Sinon, peu d'anecdotes a Arica, les soirees suivantes sont calmes, je fais mes 3h d'espagnol quotidiennes, plus quelques devoirs, mon empanada de carne le midi, et mes courses dans le "Mercado Colon", sorte de marche aux halles du centre-ville, bien et pas cher : j'arrive a me preparer un bon repas le soir, legumes varies et viande, pour 1 a 1,50 EUR par repas. Et le vin en bouteille a 2 EUR est excellent.

Hier samedi, journee libre, donc je prends un taxi avec une suisse d'Australie pour aller au musee d'Azapa, a 12km a l'est d'Arika, dans la vallee formee par la riviere San Pedro (a sec l'hiver). On y presente toute l'histoire de la region, de -8000 a la periode inca puis espagnole, et surtout comment les peuples de l'Altiplano ont echange avec les peuples dits "cotiers". Il y a notamment de veritables momies Chinchorros, datant d'environ de 5000 av.JC, tres bien conservees. Je me ballade ensuite dans le village d'Azapa, et chose rare jusqu'ici, je ne vois aucun touriste. Maisons basses et colorees, vieilles voitures americaines poussiereuses, chiens errants et vie tranquille. Comme partout au Chili, l'eglise et son jardin sont excellement entretenus. Le cimetierre vaut le detour : a la limite de la ville, il est domine par une colline completement desertique, couleur sable, d'un cote, mais lui-meme surplombe l'oasis de verdure etroit de la vallee. Les tombes, tres proches les unes des autres, sont tres colorees et possedent toutes un petit toit en tole; la vision est surprenante.
La zone est reputee pour ses geoglyphes : dessins humanoides, animaliers et geometriques formes par un amoncellement de pierres. Sans avoir la taille des fameuses "lignes de Nazca", quasiment invisibles depuis le sol, ces geoglyphes restent impressionant, plus par leur nombre que par leur taille. La route secondaire retournant vers Arica, longe pendant des kilometres ces collines arides decorees de caravanes de lamas ou autres. Je fais une bonne partie du chemin de retour a pied avec Alexis, un francais installe en Nouvelle Zelande, qui a ete litteralement largue par son taxi... Et bien sur, cette belle rando se finira autour d'une biere, en parlant rillettes, saucisson, confit de canard et autres mets delicats qui commencent a me manquer serieusement. Cela dit, pour ce soir, j'ai essaye une espece de chorizo a cuire, on verra ce que ca donne.
J'ai finalement prevu une derniere lecon d'espagnol demain lundi (j'ai fait bosser le prof un dimanche) pour avoir les premieres notions du passe simple. Le depart pour Putre est donc prevu pour mardi matin.
Bon appetit!

jeudi 9 juillet 2009

San Pedro de Atacama et le desert d'Atacama

Je prends mon premier bus de nuit entre La Serena et San Pedro : 18h en tout. Au petit matin, le paysage a completement change, un desert des plus arides s'etend aussi loin que porte le regard. Aucune plante d'aucune sorte, juste un melange de terre, sable et roche, brun clair, uniforme, sec, poussiereux. C'est tres vallonne mais aucun signe n'indique qu'il y ait pu avoir un jour un soupcon d'humidite dans le coin. Le bus s'arrete a Antofagasta, une grande ville coincee entre les collines arides et la mer, avec son important port servant au transit des produits miniers (cuivre notamment), principale ressource du Chili (et raison pour laquelle son economie se porte plutot bien). Il fait froid et sec. Le bus repart cette fois au nord est, en s'eloignant de la cote. La pente est douce jusqu'a San Pedro mais le village est quand meme a 2500m d'altittude... On ne peut pas le nier, San Pedro est indeniablement un village touristique, mais le charme agit toujours, en tout cas en cette saison basse. Il se trouve dans une oasis, a l'extreme nord du Salar de Atacama, 3ieme plus grand lac sale au monde (apres Uyuni en Bolivie et celui dans le Utah). Petites rues poussiereuses, maisons basses en adobe, petite eglise d'un blanc immacule, ciel bleu, immenses volcans de l'Altiplano a l'est, lac sale au sud, valle de la Luna a l'ouest, valle de catarpe au nord, San Pedro offre donc son lot de paysages grandioses, mais aussi de restaurants, hotels, tours operators, internet cafes, boutiques d'artisanats, location de velos ou de sand boards...

Apres plusieurs essais infructueux, je me pose a la Residenciale Villacoyo, qui se revelera etre un choix d'excellent rapport qualite/prix ($6000 le dortoir, cuisine, patio agreable, eau vraiment chaude); puis m'offre un bon repas dans le restaurant voisin, le bien note "Cuna".
2ieme jour:
Je loue un VTT pour me faire la Valle de Catarpe, la Gorja Del Diablo, et le point de vue du "Tunnel". Pour se rendre a ses differents endroits, il faut traverser plusieurs fois la petite, peu profonde mais glaciale riviere San Pedro. Pas d'autre choix que d'enlever les chaussures, alors que les bords du ruisseau sont encore pris dans la glace. Aie. La nuit a San Pedro, il fait -10 deg C, en journee la temperature monte vite car le soleil tape fort, cela dit ca ne depasse pas les 18 deg C a l'ombre. Tout au bout de la Valle Catarpe, se trouve une minuscule eglise perdue au milieu de nulle part, on se demande quel missionnaire tordu a voulu evageliser le desert... Le site du tunnel offre une vue imprenable vers l'est, sur la vallee, jusqu'a San Pedro et le lac sale plus au sud. Cote ouest, c'est egalement grandiose mais completement et irremediablement desole et arride. Je passe 80% de cette cyclo-rando en ne voyant pas ame qui vive.

3ieme jour:
J'ai pris le tour "Lagunas Del Altiplano" pour la journee. J'ai donc droit au minibus, mais pas facile de les eviter, a moins de connaitre des locaux ou d'avoir son propre vehicule, car les sites sont assez eloignes du village. Au programme : l'impressionant desert de sel d'Atacama, ses couleurs irreelles au milieu du desert, ses flamands roses (Laguna Chaxa) et leur nourriture (les mini-crevettes qui vivent dans l'eau glacee et riche en mineraux), puis les "lagunas del altiplano", Miniques et Miscanti, ces lacs a 4000m d'altittude, autour desquels paissent paisiblement les delicates vigognes. Pas un arbre, uniquement ces petites touffes d'herbe a vigogne, seches et coriaces, une terre brun clair, l'eau bleue et les bords blancs de sel. Epoustouflant. Egalement des restes des cultures en terrasse datant d'avant les Incas (env. 1400 ap. JC). Le tour s'arrete egalement dans differents petits villages, qui ont l'air plutot recent et delabre, mais ou trone en general une mignonne eglise d'epoque coloniale.
Le soir, je discute avec un couple de "jeunes a chien" du sud de la France, echange de bons procedes et d'anecdotes de voyage...

4ieme jour :
Rien de prevu au programme, donc je reloue un velo pour aller ravauder dans le coin. Plutot desert, le coin, d'ailleursMa premiere intention etait de prendre la route en direction de l'argentine, pour arriver au pied du Volcan Licancabur (pour se faire une idee, il faut suivre avec les photos Facebook...), et me perdre dans les canyons alentours. Ca me semblait une 20aine de kilometres a vue de nez. Erreur, apres 30min de pedalage sur la route desesperement droite, le volcan ne semble pas s'etre rapproche d'un quart de pouce. Ces immenses etendues desertiques alterent completement les notions de distance, la vue n'y est plus adaptee... .Donc demi-tour, je repars dans la direction opposee pour atteindre la Vallee De La Luna, le parc national le plus proche de San Pedro. C'est le lieu des dunes de sable impressionnantes, des formations rocheuses torturees, des canyons, des etendues salees et... des couchers de soleil photogeniques. Je retrouve tout a fait le type de paysage de la Vallee de la Mort. Je ne croise que quelques velos, car, a 16km de San Pedro, la majorite des visiteurs preferent le mini-bus... Tout le monde se retrouve au point de vue pour ce fameux coucher de soleil, qui, effectivement, vaut le coup de pedale. Le retour de nuit au clair de lune n'est pas vraiment rassurant, mais je me remets de ces emotions avec un bon diner de gourmet : pates / legumes. Je booke egalement mon tour du lendemain - a savoir les geysers du Tatio, un mega-classique de San Pedro - en payant en US dollars, l'unique distributeur de billets du village etant toujours en panne...

5ieme jour
"Un geyser, ca se merite" qu'ils me disaient. Tu m'etonnes. Doux bruit de l'alarme du telephone a 3h40 du matin. 5deg C dans la chambre, mais il faut s'extirper du drap de couchage, des 3 couvertures, de la couette et affronter le froid piquant... 15min d'attente devant l'hotel, frigorifie malgre les vetements d'hiver achetes a La Serena et le calecon long prete par mon voisin de chambree. Puis 2h de minibus inconfortable, a peine plus chaud, sur une piste viroleuse et chaotique. On distingue dans la nuit les feux des autres minibus, en une longue file etiree. Meme mes "berceuses" habituelles du I-Pod ne suffisent pas pour m'assoupir. Et dire que je paye pour ca... (enfin, pas trop cher, car j'ai eu une bonne reduction because le guide ne parle qu'espagnol...)
Arrivee a 4600m a 6h30, temperature exterieure -25deg C. A priori c'est le matin que les geysers sont le plus actif, mais je suis un poil decu par le spectacle. Ca fume sec, ca bouillasse, ca crachotte, ca giclette, mais il n'y a pas de grands jets d'eau a 10m de hauteur comme je m'y attendais. Certes le spectacle de toutes ces fumerolles est saisissant, mais plutot vers 8h, quand le soleil se leve et eclaire le haut des montagnes environnantes. Je ne vois pas vraiment la raison d'etre la a 6h30, sachant qu'on peut a peine sortir les mains des poches pour prendre une photo. Une photo sombre, qui plus est. Par contre, le reste du tour est plus sympa, de nombreux arrets pres des lacs alentours, une touriste bresilienne qui me traduit en anglais les commentaires interessants du guide, des arrets "vigognes" et "lamas" (mes premiers!) et autres bizarreries de la faune locale, comme ce lapin a longue queue... Puis dans un village haut-perche, dans lequel je deguste une excellentissime brochette de lama (il faut dire qu'elle arrive au bon moment).
Retour vers 13h, et farniente jusqu'au soir, dans le patio de l'hotel Villacoyo. Je blablate beaucoup avec 2 anglaises, egalement en tour du monde (en couple si j'ai bien compris), et ayant parcouru a tres peu de choses pres le meme itineraire que moi, mise a part l'Inde, pays dans lequel elles n'ont pas pu se rendre, car une est d'origine pakistanaise. Le passeport francais est vraiment un plus pour ce genre de trip. Vous saviez que les americains devaient payer 120 US$ pour un visa chilien ou bolivien?
Mon bus est a 20h45 le soir meme, nouvelle nuit sur la route. Cette fois, le sommeil ne viendra que tres peu. Le fait qu'une touriste francaise rende son 4h a quelques sieges de moi n'arrage pas nos affaires... Donc l'arrivee a 6h du matin dans Arica, tout au nord du Chili, est plutot embrumee...