jeudi 30 juillet 2009

Le dernier "big one" du periple : el Machu Picchu

Aguas Calientes, la ville a partir de laquelle partent les bus pour le Machu Picchu (a 8km de la), est une monstruosite urbaine. Ca me fait tout a fait penser a une station de ski : un milliard de restaurants, du mini-fastfood criard a la pizzeria-grill sur 3 etages decoree inca, en passant par tous les styles (mais tous laids, chers et a priori mauvais), un demi-milliard de boutiques de souvenirs, des hotels et des epiceries, sans oublier les internet cafes, le tout construit a la va-vite dans des batiments sans ame. Et tout le monde s'en contente pour une nuit.
L'auberge Wasi Inti a un certain charme, avec sa cour interieure et ses chambres tout en bois, enfin il faut aimer aussi la tole ondulee et les toits qui fuient. Mais ils ont un lit pour moi, et vu l'heure d'arrivee et le prix (20 soles), je ne me plains pas. Je file ensuite a la billeterie, ou le racket continue : 124 soles pour le Machu Picchu, non inclus le ticket de bus (30 soles en bus). Du coup je decide que, non, on ne me depouillera pas plus : je monterais a la grosse montagne (traduction de Machu Picchu) par mes propres moyens. Ce qui veut dire partir a maxi 4h du matin pour etre la-haut a l'ouverture, et 8km de montee de nuit. Mais bon, le Machu Picchu, ca se merite, se la faire trop facile enleverait le charme et la magie du lieu.
Pour l'anecdote, dans la nuit, le chat de l'hotel (avec qui j'ai echange quelques amabilites) saute sur mon lit, et je pousse une sorte de "cri qui tue", forcement surpris par cette intrusion dans mon espace vital. Je pense que j'ai fait grosse impression dans le dortoir.
Je me reveille sans reveil a 3h45, ca doit etre l'excitation. Excitation immediatement ponderee par le bruit de la pluie sur la tole ondulee. Arg. Mais bon, je disais quoi, hier soir? Ah oui, le Machu Picchu, ca se merite...
Et c'est parti. J'avais prevu le petit dej en route, barres de cereales et yahourt a boire. Il ne pleut pas trop fort mais continuellement, et comme j'ai super chaud a monter, je suis vite trempe a l'exterieur comme a l'interieur (ca condense). Quand le jour pointe doucement son nez, je prends conscience du relief incroyable autour de moi : vallees et pics de granit couverts de jungle. Mais entre 5h45 et 6h05, mes dernieres 20 minutes, 8 bus m'ont deja double : je ne serais pas l'un des premiers a rentrer. Le but de la manoeuvre etait aussi d'obtenir un des 400 tickets quotidiens (gratuit!!!!!) pour monter au Wayna Picchu (petite montagne), l'espece de pain de sucre en granit qui surplombe le Machu Picchu. S'y trouvent bien sur des ruines incas, mais surtout c'est une montee impressionante sur le sentier parcouru a l'epoque par les incas, aboutissant a un point de vue magnifique sur le site et le paysage environnant. Mais apres avoir passe l'entree principal du site, je me rends compte que tout est blanc autour de moi, on voit a peine la terrasse suivante. Ca sent le MAchu Picchu dans les nuages. Arg. Du coup je laisse tomber le plan Wayna Picchu, pas envie de courir a l'autre bout du site et attendre pour avoir un ticket pour plus de nuages. Un peu la mort dans l'ame, je continue a monter le long des terrasses, au sud du site.
Et la, alors que je comtemple la brume, celle-ci s'evanouit en quelques secondes, et le Machu Picchu apparait devant moi. J'etais en fait proche de la "hutte du guardien de la pierre funeraire", un des meilleurs points de vue pour apprecier le site dans sa globalite. Wahou. A couper le souffle. Le ciel est toujours gris mais la brume est descendue d'un seul coup dans la vallee, et la pluie a cesse. Yes.
Pas la peine d'encenser le site, les photos parlent d'elle-meme et la reputation de cette magnifique citadelle inca n'est pas usurpee. Les lamas qui paissent tranquillement au milieu de la "plaza central" ajoutent a la magie du lieu. Vagabondage tout d'abord dans la partie nord-est (zone residentielle et industrielle) puis arrivee devant l'entree du sentier vers le Wayna Picchu. Je demande s'il reste des tickets : non, tout est parti. Mais en baragouinant espagnol avec le gars, il me dit que, si les 200 premiers sont rentres a 7h, les 200 suivants vont rentrer a 10h. Or il arrive que lors de cette 2ieme session, certaines personnes ne se presentent pas, faute de temps. Du coup, si j'attends, il y a peut etre une chance que je puisse rentrer. Hmmm, il est 8h20, et de toutes facons mes jambes me hurlent de faire une pause, donc oui, je vais faire le poireau devant l'entree. D'autres "sans-ticket" arrivent, et du coup l'attente s'organise, mais je serais bel et bien le 1er. Par chance, le 2ieme est un jeune parisien (tres parisien meme), qui a fait avec ses potes la trajet "a l'arrache" pour Aguas Calientes, sans prendre le train, du coup la discussion fait passer le temps un peu plus vite.
A 11h05, 183 personnes avec ticket sont rentrees (certains se sont leves a 2h45 pour etre la, pire qu'un concert de Madonna...), et 17 derniers chanceux, moi en tete, s'attaquent a la montee. Et pour couronner cette "victoire", le soleil fait son apparition. Les Dieux Incas (et surtout "Inti", le dieu solaire) sont avec nous!
La montee est longue, rude, abrupte, etroite et glissante. Mais la recompense est au bout... Seul hic, tout en haut du Wayna Picchu, pas beaucoup de place, c'est un amas de gros rochers ou les spots "photogeniques" pour apprecier la vue sont plutot chers. J'ai l'avantage de ne pas avoir le vertige du tout et d'etre a l'aise pour grimper sur les rochers, du coup je me trouve mon petit coin tranquille, en laissant certains touristes s'engueuler pour un centimetre carre.
J'y resterai 2 heures, photos, pique-nique, grimpette, sechage d'affaires et contemplation. Ce timing me permet egalement d'eviter le gros du flot de touristes entre 10h et 14h (ceux qui font l'aller-retour en train depuis Cuzco). Je redescends apres leur depart pour visiter la partie ouest, ou se trouvent les principaux temples, places sacrees et autres. Les fouilles archeologiques y continuent. La pierre sculptee nommee Intihuatana, au sommet du temple du soleil, degage une energie mystique particuliere. Impossible de ne pas se sentir impressionne par ses formes simples et pures et son emplacement dominant tout le site et les vallees environnantes.
Je redescends a Aguas en bus, car ca fait quand meme 12h que je marche, toujours a monter a ou descendre...
Le soir, je retrouve les 2 soeurs pour un enormissime diner dans un resto francais, a priori le seul endroit digne de ce nom de la ville. Une des soeurs est une voileuse, et la deco, plutot TRES chargee, variee et kitsche, presente quelques vieilles pieces de bateau. Du coup, elle engage la discussion avec le patron, qui se trouve etre intarissable sur son restaurant et sur les tres nombreuses aventures de sa vie, tout a fait dans le genre "histoires de marin." Du genre quel cap prendre quand on arrive de Panama en voilier et que tu veux rentrer dans la passe des Marquises sans te faire harponner par le recif... On ne peut plus l'arreter, il veut nous donner le contact d'un de ses potes au Galapagos qui peut nous trouver des ptits boulots, etc, etc, etc, etc etc etcetcetc... Un personnage.
Mon train est a 9h le lendemain, je repasse par Olataytambo puis Urubamba, dans des collectivos toujours aussi surcharges. De retour a Cuzco, j'ai du mal a trouver un lit libre, mais finis par bonheur par trouver un bon deal, une grande chambre double dite "matrimoniale", pas mal decrepie mais avec une vraie douche chaude (dommage qu'il n'y ait plus de lumiere dans la salle de bain), pour 20 soles, dans le quartier boheme de San Blas. Le soir, je me remets de ces emotions machupichesques avec un pisco sour dans un petit bar branchouille qui sert des crepes au chocolat et des shishas a la pomme - entre autres. Un excellent petit groupe jazzy/bossa y joue, et je papote avec la jeunesse doree de Cuzco.
La visite de ce merveilleux site inca, largement a la hauteur de mes attentes, sonne un peu la fin du periple, en tout cas le dernier gros morceau. La prochaine etape sera Arequipa, et le Cañon del Coca, le 2ieme plus haut du monde (le 1er etant son voisin, a 200km de la), ses trecks, ses condors, ses habitants quechuas et son mal des montagnes. J'abandonne l'idee de visiter le nord du Perou, et ses sites archeologiques encore proteges perdus dans la jungle en bordure d'Amazonie. Idee excitante en soi mais apres 9 mois de voyage, l'envie de rentrer se fait maintenant sentir. Et il faut aussi en laisser... pour la prochaine fois.

3 commentaires:

dany a dit…

quelle aventure!!!et quelle patate pour faire tout ça!bravo

lehcim ellamrev a dit…

Ah ben bon d'la ! Nom de d'la d'bon d'la !! C'est aut'chose que l'pic du Blet à La Barre de Monts...

Caroline von Rüben a dit…

ahhh... "la prochaine fois"... c'est ce qui nous fait avancer, matey! :)