jeudi 9 juillet 2009

San Pedro de Atacama et le desert d'Atacama

Je prends mon premier bus de nuit entre La Serena et San Pedro : 18h en tout. Au petit matin, le paysage a completement change, un desert des plus arides s'etend aussi loin que porte le regard. Aucune plante d'aucune sorte, juste un melange de terre, sable et roche, brun clair, uniforme, sec, poussiereux. C'est tres vallonne mais aucun signe n'indique qu'il y ait pu avoir un jour un soupcon d'humidite dans le coin. Le bus s'arrete a Antofagasta, une grande ville coincee entre les collines arides et la mer, avec son important port servant au transit des produits miniers (cuivre notamment), principale ressource du Chili (et raison pour laquelle son economie se porte plutot bien). Il fait froid et sec. Le bus repart cette fois au nord est, en s'eloignant de la cote. La pente est douce jusqu'a San Pedro mais le village est quand meme a 2500m d'altittude... On ne peut pas le nier, San Pedro est indeniablement un village touristique, mais le charme agit toujours, en tout cas en cette saison basse. Il se trouve dans une oasis, a l'extreme nord du Salar de Atacama, 3ieme plus grand lac sale au monde (apres Uyuni en Bolivie et celui dans le Utah). Petites rues poussiereuses, maisons basses en adobe, petite eglise d'un blanc immacule, ciel bleu, immenses volcans de l'Altiplano a l'est, lac sale au sud, valle de la Luna a l'ouest, valle de catarpe au nord, San Pedro offre donc son lot de paysages grandioses, mais aussi de restaurants, hotels, tours operators, internet cafes, boutiques d'artisanats, location de velos ou de sand boards...

Apres plusieurs essais infructueux, je me pose a la Residenciale Villacoyo, qui se revelera etre un choix d'excellent rapport qualite/prix ($6000 le dortoir, cuisine, patio agreable, eau vraiment chaude); puis m'offre un bon repas dans le restaurant voisin, le bien note "Cuna".
2ieme jour:
Je loue un VTT pour me faire la Valle de Catarpe, la Gorja Del Diablo, et le point de vue du "Tunnel". Pour se rendre a ses differents endroits, il faut traverser plusieurs fois la petite, peu profonde mais glaciale riviere San Pedro. Pas d'autre choix que d'enlever les chaussures, alors que les bords du ruisseau sont encore pris dans la glace. Aie. La nuit a San Pedro, il fait -10 deg C, en journee la temperature monte vite car le soleil tape fort, cela dit ca ne depasse pas les 18 deg C a l'ombre. Tout au bout de la Valle Catarpe, se trouve une minuscule eglise perdue au milieu de nulle part, on se demande quel missionnaire tordu a voulu evageliser le desert... Le site du tunnel offre une vue imprenable vers l'est, sur la vallee, jusqu'a San Pedro et le lac sale plus au sud. Cote ouest, c'est egalement grandiose mais completement et irremediablement desole et arride. Je passe 80% de cette cyclo-rando en ne voyant pas ame qui vive.

3ieme jour:
J'ai pris le tour "Lagunas Del Altiplano" pour la journee. J'ai donc droit au minibus, mais pas facile de les eviter, a moins de connaitre des locaux ou d'avoir son propre vehicule, car les sites sont assez eloignes du village. Au programme : l'impressionant desert de sel d'Atacama, ses couleurs irreelles au milieu du desert, ses flamands roses (Laguna Chaxa) et leur nourriture (les mini-crevettes qui vivent dans l'eau glacee et riche en mineraux), puis les "lagunas del altiplano", Miniques et Miscanti, ces lacs a 4000m d'altittude, autour desquels paissent paisiblement les delicates vigognes. Pas un arbre, uniquement ces petites touffes d'herbe a vigogne, seches et coriaces, une terre brun clair, l'eau bleue et les bords blancs de sel. Epoustouflant. Egalement des restes des cultures en terrasse datant d'avant les Incas (env. 1400 ap. JC). Le tour s'arrete egalement dans differents petits villages, qui ont l'air plutot recent et delabre, mais ou trone en general une mignonne eglise d'epoque coloniale.
Le soir, je discute avec un couple de "jeunes a chien" du sud de la France, echange de bons procedes et d'anecdotes de voyage...

4ieme jour :
Rien de prevu au programme, donc je reloue un velo pour aller ravauder dans le coin. Plutot desert, le coin, d'ailleursMa premiere intention etait de prendre la route en direction de l'argentine, pour arriver au pied du Volcan Licancabur (pour se faire une idee, il faut suivre avec les photos Facebook...), et me perdre dans les canyons alentours. Ca me semblait une 20aine de kilometres a vue de nez. Erreur, apres 30min de pedalage sur la route desesperement droite, le volcan ne semble pas s'etre rapproche d'un quart de pouce. Ces immenses etendues desertiques alterent completement les notions de distance, la vue n'y est plus adaptee... .Donc demi-tour, je repars dans la direction opposee pour atteindre la Vallee De La Luna, le parc national le plus proche de San Pedro. C'est le lieu des dunes de sable impressionnantes, des formations rocheuses torturees, des canyons, des etendues salees et... des couchers de soleil photogeniques. Je retrouve tout a fait le type de paysage de la Vallee de la Mort. Je ne croise que quelques velos, car, a 16km de San Pedro, la majorite des visiteurs preferent le mini-bus... Tout le monde se retrouve au point de vue pour ce fameux coucher de soleil, qui, effectivement, vaut le coup de pedale. Le retour de nuit au clair de lune n'est pas vraiment rassurant, mais je me remets de ces emotions avec un bon diner de gourmet : pates / legumes. Je booke egalement mon tour du lendemain - a savoir les geysers du Tatio, un mega-classique de San Pedro - en payant en US dollars, l'unique distributeur de billets du village etant toujours en panne...

5ieme jour
"Un geyser, ca se merite" qu'ils me disaient. Tu m'etonnes. Doux bruit de l'alarme du telephone a 3h40 du matin. 5deg C dans la chambre, mais il faut s'extirper du drap de couchage, des 3 couvertures, de la couette et affronter le froid piquant... 15min d'attente devant l'hotel, frigorifie malgre les vetements d'hiver achetes a La Serena et le calecon long prete par mon voisin de chambree. Puis 2h de minibus inconfortable, a peine plus chaud, sur une piste viroleuse et chaotique. On distingue dans la nuit les feux des autres minibus, en une longue file etiree. Meme mes "berceuses" habituelles du I-Pod ne suffisent pas pour m'assoupir. Et dire que je paye pour ca... (enfin, pas trop cher, car j'ai eu une bonne reduction because le guide ne parle qu'espagnol...)
Arrivee a 4600m a 6h30, temperature exterieure -25deg C. A priori c'est le matin que les geysers sont le plus actif, mais je suis un poil decu par le spectacle. Ca fume sec, ca bouillasse, ca crachotte, ca giclette, mais il n'y a pas de grands jets d'eau a 10m de hauteur comme je m'y attendais. Certes le spectacle de toutes ces fumerolles est saisissant, mais plutot vers 8h, quand le soleil se leve et eclaire le haut des montagnes environnantes. Je ne vois pas vraiment la raison d'etre la a 6h30, sachant qu'on peut a peine sortir les mains des poches pour prendre une photo. Une photo sombre, qui plus est. Par contre, le reste du tour est plus sympa, de nombreux arrets pres des lacs alentours, une touriste bresilienne qui me traduit en anglais les commentaires interessants du guide, des arrets "vigognes" et "lamas" (mes premiers!) et autres bizarreries de la faune locale, comme ce lapin a longue queue... Puis dans un village haut-perche, dans lequel je deguste une excellentissime brochette de lama (il faut dire qu'elle arrive au bon moment).
Retour vers 13h, et farniente jusqu'au soir, dans le patio de l'hotel Villacoyo. Je blablate beaucoup avec 2 anglaises, egalement en tour du monde (en couple si j'ai bien compris), et ayant parcouru a tres peu de choses pres le meme itineraire que moi, mise a part l'Inde, pays dans lequel elles n'ont pas pu se rendre, car une est d'origine pakistanaise. Le passeport francais est vraiment un plus pour ce genre de trip. Vous saviez que les americains devaient payer 120 US$ pour un visa chilien ou bolivien?
Mon bus est a 20h45 le soir meme, nouvelle nuit sur la route. Cette fois, le sommeil ne viendra que tres peu. Le fait qu'une touriste francaise rende son 4h a quelques sieges de moi n'arrage pas nos affaires... Donc l'arrivee a 6h du matin dans Arica, tout au nord du Chili, est plutot embrumee...

Aucun commentaire: