vendredi 24 avril 2009

Un apercu de bout du monde : Cape York.

(ou dans quelles conditions se retrouver a esperer retourner dans son petit confort urbain et aseptise...)

C'est reparti pour une journee de route : Atherton donc, Mareeba, puis la sublime Mulligan Highway a travers l'outback montagneux du nord Queensland, Mount Molloy, Lakeland et enfin Cooktown. Quelquepart sur la route, je m'arrete dans un bled perdu pour cacher un petit quelquechose pour mes potes de Curtin Springs. Il y a un miniscule aerodrome, je longe la piste sur un chemin chaotique et m'arrete pour preparer mon paquet. Un australien se pointe, "plus country que ca, tu meurs", chemise dechiree, chapeau troue, barbe crassouse, mains tremblantes.
"Qu'est-ce que tu fais ici?"
Ben, comment dire... Je tente d'expliquer le pourquoi du comment, mais je le sens moyennement emballe pour mon idee de cadeau que quelqu'un viendrait hypothetiquement cherche dans quelques annees... Je finis par demander :
"Is it a private area, here?
- Well, This side is private (il me montre effectivement la cloture en barbele d'un cote du chemin, avec derriere, un semblant de jardin, du bordel agricole et plus loin, ce qui doit etre sa maison) and this side is not public" en me montrant la piste d'atterrissage et le chemin. OK, en gros j'ai rien a faire la. Il continue :
"Et de toutes facons, ton truc, si tu le mets la, il sera "washed away" par les pluies, pendant la wet season, tout l'aeroport est inonde. Et ya meme des chances pour que mes chiens le bouffent avant ca." Ca va, j'ai compris. Je ne lui demande pas pourquoi sa p**** de maison est en zone inondable, mais bon, ce qu'il me dit est plus que realiste, donc je repars trouver une autre cachette. J'aurais bien demande a l'emeu de service, mais il n'y a que ces casoars dans le coin : pas aussi aidants...

Cooktown, coince entre la mer, la riviere Endeavour et les collines a la vegetation touffue, est la derniere "ville" avant de rentrer reellement dans Cape York et ses parcs nationaux. Il y regne une ambiance de bout du monde bien particuliere. La population est a moitie blanche a moitie aborigene, on se retrouve ainsi melange a pecher sur le "wharf". Mais le soir venu, ceux qui titubent dans la rue a la sortie des bars sont essentiellement les natifs...
J'y arrive en fin d'apres midi, je me ballade sur la belle plage sauvage de Finch Bay puis sur la colline abritant le phare, qui offre un panorama a 360 degres. Le soir, je me fais plaisir avec une grosse pizza dans un resto italiano-thai, et je papote rapidement avec le patron du lieu, italien, qui en est a son 17ieme restaurant en Australie. Le but de sa manip est de faire du business pendant 2-3 ans, puis de sillonner le monde l'annee suivante.
Pour le lendemain, j'ai prevu de m'attaquer a la rando du Mont Cook, qui domine les lieux - 3 a 4h de marche dans la foret. Mais il y a des matins, comme ca, ou l'on sent que ca va merder.
Je commence par me faire devorer par les petits moustiques coriaces du coin (moustiques etonamment absents lors de mes precedentes etapes). Puis je renverse mon cafe (le dernier sachet, en plus!) sur le plan de travail du camper-van, en accrochant l'anse de la tasse avec le fil du grille-pain : ce dernier vient en effet de declencher l'alarme incendie stridente du vehicule, les tartines etant restees coincees dedans... Bon, on ne va pas se demonter pour si peu. Je pars donc du camping vers 8h30, en oubliant bien sur que j'ai toujours la prise branchee sur le cote du van. Soit. Je mets un temps fou pour trouver la bonne piste ou debute la marche (traduire par : je me perds dans une ville de moins de 1000 habitants...) et commence la marche vers 9h. Il fait deja chaud, je tombe la chemise et monte d'un bon pas pendant une bonne demi-heure, jusqu'a ce que je perde la trace du sentier. C'est au moment precis ou j'essaie de retrouver la trace de la piste que je me fais litteralement agresse par une escadrille de mechantes petites guepes toutes jaunes et toutes enervees. AAAAAAAAAAAAAAAAAA, j'agite tout ce que je peux, bras, jambes, chapeau, appareil photo, en courant droit devant, dans un pathetique remix de mon episode des fourmis rouges... C'est qu'elles font mal, les garces, et elles sont tenaces en plus. 2 piqures sur le ventre, 2 sur les bras et une sur l'oreille : ca lance fort pendant quelques minutes mais ca finit par se calmer, tout comme mon rythme cardiaque. Bon, je mets mon sweet a manches longues, avec capuche et chapeau par dessus (comme si ce petit cinema ne m'avait pas donne chaud...) et je reviens sur mes pas pour essayer malgre tout de trouver ce chemin et continuer cette marche. Peine perdue : je subis une 2ieme attaque surprise venue de nulle part, fuis donc lachement une 2ieme fois et dois m'autofouetter hardi tiens bon avec mon Tshirt pour eviter les piqures. Pfff, ca va etre long, cette rando...
Et bien sur, en m'asseyant plus loin sur un rocher pour faire un peu le point de cette situation somme toute bien mal embarquee, mes cheres amies les fourmies (les rouges avec l'abdomen vert) me rappellent que ce rocher, c'est le leur, en me mordillant affectueusement la main.
OK, cette fois les enfants, j'abandonne, c'est la goutte d'eau, je jette l'eponge, finito bandito. Je vais rentrer chez moi, me poser au fond du canape pour mater un bon DVD, quelquepart au 17ieme etage d'une grande tour moderne en pleine jungle urbaine. Mais il faut reprendre le chemin en sens inverse, et les guepes sont toujours dans le coin. Un homme averti en vaut 2, et je me suis fait avertir 2 fois, nous avancons donc a 4 tout doucement, 2 pas a la minute, plus lent tu recules, en essayant de distinguer d'ou elles viennent. Et je finis par le voir, ce satane gros nid, accroche a un arbuste juste sur le bord du chemin, afin que celui-ci ne s'evanouisse. Il fallait etre miraud pour ne pas le voir! Je ne suis peut-etre pas le seul a avoir couru dans tous les sens a cet endroit-la, voila sans doute pourquoi le chemin n'est plus si marque. J'evite donc soigneusement le nid et me tire de cet endroit mal fame, non sans avoir lance, de loin, quelques pierres dans le nid, histoire qu'on soit quitte, c'est completement idiot mais ca soulage.
J'aurais bien ete a la plage pour me detendre par un bain de mer, maisles meduses-boites (l'animal le plus venimeux au monde, je vous laisse verifer) et les crocos gardent la cote. Vache de pays, l'Australie, c'est pas pour les sissies.
Je reprends donc le camion pour faire 40km de piste vers le nord, jusqu'a la reserve aborigene de Hope Vale, region dans laquelle l'alcool est strictement reglemente. Mais l'interet est limite, la ville etant identique a toutes celles traversees, mise a part que la population est majoritairement aborigene. Donc retour au camping, piscine, lecture, puis verre de vin et pizza, dans le meme resto que la veille.
Retour a cairns le lendemain pour une longue session internet (comme vous pouvez en juger). Et demain matin, la derniere etape australienne commence avec MArie, qui arrive du Japon!

4 commentaires:

dany a dit…

effectivement l'australie c'est pas pour les sissies!plus je raconte notre voyage et plus je me rends compte que c'était quand meme assez hard cote nature sauvage!ce qui explique la fatigue au retour et presque toutes les nuits je reve de forets tropicales pleines de betes!!cure de magnesium et repos!

Sou sou a dit…

hey :)

voilà trois heure que je rattrape le retard (j'ai été privée de net pendant un moment). Que d'aventures :)

T'as l'air au top de ta forme modulo quelques piqures par ci par là ... ça fait plaisir de prendre des nouvelles du Chakal :)

J'imagine d'ici la liste de tes rencontres en Australie :

TseTse - la mouche
Emilie - l'émeu
Tomy - la fourmi
Lulu - la sangsue
Pépète - la guèpe ...

sacrée bande de potes :)

Au fait, à priori Wrasse en français c'est une Vieille ?!?

http://www.mediadico.com/dictionnaire/anglais-francais/wrasse/1

Bon des bisous, ch'ti père, tu nous manques.

Caroline von Rüben a dit…

"histoire qu'on soit quittes" ah ah ah. et vous étiez combien à lancer des cailloux sur le nid - 1 ou 4? il est de mieux en mieux ce blog :)

Miche a dit…

Remarque, t'as du pot : en te cavalant dans le genre sémaphore (très fort), t'aurais pu marcher sur un serpent (vénéneux, le serpent, autrement ça compte pas...)