lundi 20 avril 2009

On the road in Queensland : Atherton Tablelands

Je passe ma 1ere journee australienne solo a Cairns, ville ideale pour flaner sainement. Malgre la presence de la grande barriere au large, il n'y a pas de belle plage ni d'eau turquoise a Cairns : le bord de mer est vaseux et herbu, et il y a - encore et toujours - des crocos (si l'on en croit les panneaux). Pour palier a cela tout en profitant du climat avantageux de la ville, ils ont construits une immense piscine d'eau de mer publique et gratuite, ouverte de tout cote (le "lagoon"), avec fontaines, pentes douces, plage de sable, tout cela au milieu d'un parc equipe de barbecues, divers installations de picnic, et autres jeux pour enfants. Ce parc verdoyant se prolonge tout au long du front de mer, et propose piste cyclable, terrain de beach volley, installations de fitness, skate park, etc. Bref, il fait plutot bon vivre a Cairns, surtout que "l'Esplanade" (la rue longeant le parc) regorge de bars, restos, agences touristiques et boutiques en tous genres. Les habitants inattendus du lieu sont ces enornmes chauve-souris (flying foxes, roussettes en francais?) qui squattent les grands arbres de la ville : impressionnant quand elles prennent leur envol.
Bon treve de glandouille, je reprends le camion (toujours l'enorme 6-places donc) des le lendemain pour aller decouvrir les "Tablelands" a l'interieur des terres. Kuranda, Marreba (et son petit musee d'avions militaires WW II), Atherton, Yungaburra. Le temps est assez maussade donc je ne profite pas vraiment du paysage malheureusement. Je passe ma premiere nuit an camping sauvage a Yungaburra, petite ville assez charmante au milieu des collines et des laces. Je n'arrive pas a appeler cela un village, car pour moi l'image du village correspond a quelquechose d'ancien, de petit, de "compact" on va dire. Or ici, meme avec 70 habitants, les rues sont larges, les maisons et les proprietes s'etalent, et... tout est recent, forcement.
Le lendemain, je decouvre enfin le paysage du Tableland, ses grandes collines rondes couvertes d'herbes, et dans les vallees, la foret humide et des rivieres offrant des chutes d'eau spectaculaires. Je me fais donc le circuit des chutes, mais bon, au bout de 5, il est deja moins motive le bonhomme. Je m'arrete a Ravenshoe, la plus haute ville du Queensland, typiquement australienne, avec son train a vapeur, et son artere principale large et ses commerces en enfilade. A l'est, les collines verdoyantes des Tablelands s'etendent jusqu'a la cote (a 50km a vol d'oiseau), et a l'ouest, c'est l'outback sauvage, sa terre rouge, ses eucalyptus... et son absence de reseau telephonique. Ravenshoe marque la frontiere entre ces 2 types specifiques de paysages et de vegetation, le passage de l'un a l'autre se faisant en quelques kilometres seulement.
De retour a Cairns, j'echange mon mammouthesque camping car Ford 6 places pour un tres fleuri "hippie camper" (dont je n'apprecie que moyennement les fleurs autocollees sur la carrosserie, mais bon, on va dire que c'est assorti avec ma guitare) et me voila reparti sur la route. Je prevois d'entamer le "Savannah Way", une route classiaue de decouverte touristique de Cairns a Broome, coast to coast.

Premiere etape a Flying Fish Point, sur la cote, 85km au sud de Cairns. Je me fais inviter le soir par un groupe de jeunes couples, en weekend avec les enfants, et possedant un materiel de camping a faire palir le plus chevronne de nos campeurs francais! Tentes immenses, 4x4 et remorques avec cuisine complete integree... Au programme, une soiree Trivial Pursuit, filles contre gars, mais malheureusement uniquement sur la culture australienne : sport, politique, geographie, art, et histoire. Enfin, "histoire" est un bien grand mot, je dirais plutot "actualites", vu que dans ce dernier domaine, il n'y a pas de question avant 1850, de fait. La seule question a laquelle j'aurais pu repondre est "Qui a donne le nom 'Australia' a ce pays, a la place de New Holland?" C'est Matthew Flinders bien sur, nous l'avons vu sur un des panneaux a Kangaroo Island! Mais apres 3 bieres, 2 tournees de shooters et 1 d'herbe-qui-fait-rire, la vitesse de percussion s'en ressent. Qu'importe, les "gars" ont gagne leur soiree en ville, alors que les filles devront babysitter...

Le lendemain, cap a l'ouest. Je repasse par Milla Milla, Ravenshoe, puis Mount Garnet, pour atteindre le parc naturel d'Undara et ses "world famous" tunnels de lave. Mais les randos dans le coin ne peuvent se faire qu'avec un guide, et moi, j'aime pas trop les guides, surtout a 50 $, et encore moins les horaires imposes. Je zappe donc, et continue toujours plus a l'ouest, pour arriver a Mount Surprise, sympathique bourgade au milieu de rien, son cimetiere aux 3 tombes, sa station-service / supermarche / hotel / poste, et ses 2 (!!!) campings. L'un vante les merites de son "snake show", je choisis donc l'autre, chez Joe & Jo. Je ne trouve pas Joe, mais Jo est un bon australien bien ancre dans son Outback, le chapeau, les croquenots tout crottes, l'accent de fermier, la panoplie complete. Le soir, il fait anime le feu de camp, avec les chansons de Slim Dusty bien sur, et autres classiques de musiques country. Entre les chansons, il lance une tournee d'histoire, et quand ca s'essoufle, on passe aux histoires droles, qui commencent invariablement par "this is a true story, guys. It takes place in Tasmania..." et hop, ca enchaibe sur une blague. Je l'accompagne a la guitare sur quelques morceaux et fais un petit blues en fin de soiree qui suffit a mon bonheur. De nouveaux convives arrivent, un peu plus avines, et les blagues commencent a tomber a plat : je s'rais pas etonne qu'on ferme...

Je dequanille aux aurores le lendemain matin pour rejoindre Georgetown, a peine plus gros que Mount Surprise mais avec un grand et flambant neuf "Tourist information center". On se demande pourquoi d'ailleurs, car qund je demande ce qu'il y a a faire plus a l'ouest, l'aimable sexagenaire de service semble sceptique. "A l'ouest? Le prochain parc national est a... 600km! Sinon, vous pouvez toujours aller aux tunnels de lave" Ben j'en viens , ma ptite dame! Cela sonne comme la fin de la ruee vers l'Ouest pour moi, il faut se rendre a l'evidence, il n'y a rien : je m'en retourne. Sur le chemin du retour donc, je tente "l'alternative road", une piste qui passe par Chillagoe. Mais au bout de 20km de poussiere, je n'ai toujours croise personne - a part du betail - et la piste devient dangereusement sablonneuse, trop en tout cas pour mon petit van. Ca serait extremement ballot de se retrouver plante seul au milieu de l'outback. Donc demi-tour une nouvelle fois.
Je stoppe a Atherton pour la nuit et me fais un festin au BBQ : mais, champignons, oignon, asperges, courgette, pomme de terre et un enorme T-Bone. Je taille le bout de gras avec un jeune couple de hollandais en vadrouille australienne pendant 7 mois ; nous echangeons sur la question des aborigenes, et nos avis d'europeens convergent - j'y reviendrais... (rien a voir : je lui emprunte aussi sa tondeuse pour la coupe de cheveux la moins chere du voyage...)
Repos le jour suivant (toujours a Atherton), a part une petite marche de 2 heures sur une petite colline bien abrupte, histoire de ne pas trop rouiller. Sequence emotion avec la lecture du livre de ma soeur, L'Avant Derniere Chance (voir son blog http://carolinevermalle.typepad.fr/). A l'heure du barbecue (cette fois je m'offre des gambas grillees), un autre jeune hollandais vient me causer : on s'est, parait-il, croise chez Appollo (location de camping-cars) a Alice Springs, et il m'a vu aussi a Uluru et Darwin. Je n'ai aucun souvenir du bonhomme, oops, mais c'est reparti pour la causette. Non loin de la, un campeur octogenaire a sorti son harmonica et joue de longues minutes : definitivement le meilleur harmoniciste que j'ai jamais entendu. Cet ensemble de choses, les rencontres, la bonne bouffe, la lecture emouvante, la musique et l'ambiance de la ville, fait que cette pause a Atherton me redonne une nouvelle dynamique pour continuer le periple et chasse la lassitude qui a finit par se faire sentir. Car si l'Australie a de magnifiques paysages a faire decouvrir, l'experience humaine est pauvre comparativement a mes experiences indiennes et asiatiques. Donc cette fois, direction le nord et la terre perdue du Cape York.