jeudi 18 décembre 2008

D-12 et 13 : Jodhpur

Hier
Finalement, il faut croire que le mecano du Pushkar avait mis le doigt sur le probleme, car je repars sans souci. Ca cliquette fort mais ca ratatouille pas, ou si peu. Je fais donc 240km en 6h, avec une pause dans un petit village, ou j'achete fruit et biscuits : je suis immediatement une attraction et me retrouve entoure de jeunes, curieux et envieux de mon equipement a la mode occidentale, gants et casque. Pis elle a de la gueule, cette Bullet quand meme ! En fait, souvent, ces jeunes ou moins jeunes veulent m'acheter des objets : mon Blackberry bien sur (il faut dire qu'avec un BlackBerry, t'es tout de suite un king), mon carnet de voyage, ma boussole, et mon couteau suisse, dont les encheres sont montees jusqu'a 10 dollars, non adjuge a un garcon de 10 ans qui a aussi inspecte ma trousse a outil, beaucoup trop locale a son gout (c'est a dire toute pourrie).
J'arrive donc a Jodhpur. Je me perds - comme a chaque fois - mais pas trop longtemps, grace aux indications des locaux, souriants. La guest house que j'ai choisie se trouve au milieu de la vieille ville. Le plan du Lonely est completement inutile, vu le labyrinthe de ruelles. En cherchant ainsi l'hotel, je tombe sous le charme de la ville. Charme des odeurs d'epices, d'encens, de fruits murs, charme des couleurs delavees des vieilles maisons bleues, vertes, roses, le charme du sourire des habitants, amuses de me voir klaxonner qund ca bouchonne un peu (2 rickshaws ont a peine la place de se croiser). Beaucoup de charettes a bras, de vaches, d'anes, et de 2-roues. C'est tres anime mais ce n'est pas etouffant, ca a l'air plus authentique, plus ancien aussi. Et un peu moins miserable aussi. L'hotel est ce qu'on appelle un haveli, sorte de vieille villa en gres rouge, a l'architecture biscornue, avec une cour interieur et un resto sur le toit. Les chambres ont du charme, c'est tres propre, et c'est encore 600 roupies (la peinture du plafond va me tomber dessus pendant la nuit mais c'est un detail...).
Je repars en moto me perdre dans la vieille ville. Bien sur, apres un arret photo, la Bullet ne veut plus redemarrer malgre mes 30 coups de kick hargneux. "Repars, gourdasse!". Forcement, les passants se marrent. Un jeune expert du coup de kick viendra me tirer d'affaire. Desormais, je laisserai le moteur tourner...
Le centre du bazar est marque par la "clock tower". En prenant en photo la moto et la tour, je deviens encore le centre d'attraction d'une famille de petits vendeurs. L'aine est tout fier de se faire prendre en photo au guidon, les plus jeunes touchent a tout et tournent la poignee de gaz tout sourire. Sachant que je n'ai pas envie d'acheter des bracelets ou autres, je marchande des amendes, cacahuetes et pois chiches grilles, avec une petite fille de 15 ans a peine qui a deja bien le sens des affaires. Je comprends que je dois imprimer la photo de l'aine pour leur envoyer, mais ils ne savent pas ecrire l'anglais. Qu'a cela ne tienne, il faudra que je l'envoie a Vinod, Tower Clock Bazar, Jodhpur, India, il parait que ca arrivera... J'adore ces petits moments la!
Le soir, je discute avec un couple (lui Irlandais, elle Suisse) qui fait aussi le tour en du Rajasthan en moto. Ils se sont fait les derniers 40km en premiere, levier de vitesse casse, avant de trouver un gars pour ressouder... Et je bois ma premiere biere depuis plus de 2 semaines... forcement, avec un Irlandais!

Aujourd'hui
Tout d'abord visite de l'impressionant fort de Meherangarh, forteresse des Maharadjas successifs du Rajasthan, qui surplombe la ville bleue. La vue des remparts est superbe. Un audio-guide tres bien fait vous replonge dans l'univers de guerre et de luxure extravagante des princes rajputs. Ensuite visite du Jaswant Thadar, memorial dedie au Maharadja du meme nom, tout en marbre fin. Ballade en moto jusqu'a la demeure de l'actuel Maharadja, egalement musee et hotel de luxe, puis errance a pied dans les rues commercantes de la vielle ville. Je goute diverses patisseries locales (wahoo, c'est riche en huile et en sucre!) dans de petites echopes : les commercants sont alors tout fiers de poser devant mon appareil. Il ya en effet peu de touristes dans cette partie la plus ancienne de la ville. Entre 2 boutiques, 4 vieux sont assis, l'un d'eux m'interpelle pour que je me joigne a eux. En fait, ils s'interrogent sur le pourquoi nous appelons l'Inde INDIA. En hindi, c'est Bharat. Bonne question. Je dis que ca vient peut etre du fleuve Indus, qui traverse l'actuel Pakistan, en le montrant sur une carte. Ah oui, mais l'Indus, en hindi, ca ne s'appelle pas non plus Indus. Foulala, c'est pas gagne. Il m'a donne un numero de telephone : de retour en Europe, je dois trouver un historien et lui dire pourquoi les Europeens ont appele l'Inde Inde... Et on continue de papoter en mauvais anglais pendant 45min. Ils m'offrent le Chai, the au lait sucre typiquement indien. Je partage le reste de mes patisseries (il faut dire que c'est un peu lourd). J'apprends qu'un des vieux est le patron de plusieurs boutiques d'or et d'argent. Les autres lui parlent d'ailleurs avec une pointe de respect supplementaire, et disent que c'est un grand homme. Ce sont des brahmanes (caste superieure), ils ont des tetes terribles pour faire des portraits mais je n'ose les prendre en photo. Le "boss" sort un enorme bijou de sa chemise, tout en or, en me demandant de l'estimer. C'est incruste de pierres, je ne sais pas si elles sont vraies, mais c'est un truc magnifiquement enorme. 600 000 roupies? 150 000 seulement. Un autre gars nous rejoint, me demande si je veux boire un miniscule verre d'une boisson verdatre peu engageante. Je comprends que c'est quelquechose pour "se rapprocher de Dieu", entre drogue et alcool, et je comprends le mot Opium. Le gars s'enfile le truc cul sec. Le plus silencieux des 4 - le plus sage? - me fait comprendre discretement, par signes, que ca risque surtout de me filer mal de crane... Donc je refuse. Peut etre que si je repasse a Jodhpur... En fait les drogues a base d'opium font partie de la culture rajput, et, dans le cadre "familial", ce sont souvent l;es personnes les plus ages qui en font usage.

Bon, voila pour la tartine. Demain je fais ma plus longue etape, 320km, pour atteindre le point le plus a l'ouest du periple, Jalsaimer, au bord du desert du Thar. J'ai fait mon 1000ieme kilometre en allant faire le plein tout a l'heure.
..

PS : bonne nouvelle, les emails persos sur le blackberry ont l'air de fonctionner.

2 commentaires:

dany a dit…

nico ou le gout des autres....
5 minutes de bonheur à te lire
bises

Anonyme a dit…

Hey mon Chakalou :)

Pour quelqu'un qui n'était pas sûr de mettre à jour son blog, tu t'en sors plutôt bien :) je ne m'attendais pas à autant de prose et tu as un certain don je dois dire ;)

C'est Easy Rider version indienne ton trip là. Profite bien ! Mais dis moi ça penche pas cette moto.

Plein de bises. Faut-il te souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année ? Ces us n'ont surement pas cours où tu es ou sous une autre forme ?